Pensées suicidaires, interrogations sur la couleur de peau de leur fils Archie… Comme attendu, l’image de la Couronne britannique risque d’être encore écornée par les confidences explosives des Sussex dimanche soir à la télévision américaine.
Un peu plus d’un an après leur mise en retrait de la famille royale, les confidences du prince Harry et de son épouse Meghan Markle à la diva des talk-shows, Oprah Winfrey, diffusées dimanche 7 mars sur la chaîne de télévision américaine CBS, étaient attendues comme le dernier épisode de The Crown, la série à succès de Netflix consacrée à Buckingham Palace. La chaîne de télévision, qui n’a pas hésité à débourser près de 8,5 millions d’euros pour cette exclusivité, avait savamment distillé toute la semaine qui a précédé des extraits de ce qui s’annonçait comme une interview choc.
Pensées suicidaires, racisme: les confidences explosives du prince Harry et de Meghan Markle
Durant les deux heures de cet entretien qui avait été enregistré deux semaines au préalable, les révélations n’ont pas déçu : le mariage secret, les pensées suicidaires de Meghan, les inquiétudes de la famille royale au sujet de la couleur de peau de leur enfant à naître, le refus de Buckingham Palace de lui assurer une protection… Si le couple s’est abstenu d’égratigner personnellement la reine, le portrait de la famille royale qui ressort de cet entretien devrait toutefois laisser des traces.
Le mariage secret. «Trois jours avant notre mariage, nous nous sommes mariés», a affirmé dimanche soir la duchesse de Sussex, racontant qu’ils s’étaient dit oui devant l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, avant la grand-messe du 19 mai 2018. «Personne ne le sait. Mais nous avons appelé l’archevêque, et nous avons juste dit : “Écoutez, ce spectacle, c’est pour le monde, mais nous voulons que notre union soit entre nous”», a expliqué Meghan Markle à Oprah Winfrey.
«Kate m’a fait pleurer.» Meghan Markle a affirmé dimanche soir ne pas avoir fait pleurer sa belle-sœur Kate, la duchesse de Cambridge, peu avant son mariage avec le prince Harry, contrairement aux rumeurs sur cet incident qui a fait les choux gras des tabloïds britanniques. «Le contraire s’est produit», a affirmé la duchesse de Sussex à Oprah Winfrey. «Tout le monde au sein de l’institution savait que ce n’était pas vrai», a ajouté l’ex-actrice américaine, en affirmant que cet incident avait été le début d’une «vraie campagne de dénigrement» ainsi qu’«un tournant» dans ses relations avec la famille royale.
«Quelques jours avant le mariage, [Kate] était contrariée au sujet des robes des demoiselles d’honneur et ça m’a fait pleurer», a raconté Meghan Markle, ajoutant qu’elle avait «espéré» que Kate aurait rectifié le récit qui avait alors été livré par les médias. Selon Meghan, Kate se serait excusée quelques jours après, apportant des fleurs et un petit mot d’excuses : «Je ne souhaite pas partager cette note pour ne pas dénigrer Kate. C’est une bonne personne.» Interrogée pour savoir pourquoi Kate n’avait pas jugé utile de rectifier le récit fait à l’époque, elle répond simplement : «Bonne question.»
«Le récit sur la manière dont j’aurais fait pleurer Kate était le début d’une véritable diffamation et ils savaient que ça n’était pas vrai. S’ils ne faisaient rien pour mettre fin à des choses comme ça, alors qu’allaient-ils faire ?», s’interroge la duchesse.
C’était vraiment difficile à concilier car ce n’est qu’une fois que nous nous sommes mariés et que tout a vraiment commencé à empirer que j’ai compris que non seulement je n’étais pas protégée mais qu’ils étaient prêts à mentir pour protéger les autres membres de la famille
Meghan Markle
«J’ai été réduite au silence et je n’ai pas été protégée.» En réponse à Oprah lui demandant si elle avait choisi de rester «silencieuse» ou si elle avait été «réduite au silence», Meghan a expliqué que tout le monde dans son entourage avait reçu une «directive très claire» de ne jamais faire de commentaire à partir du moment où il était de notoriété publique qu’elle et Harry se fréquentaient. Elle a dit qu’elle pensait au départ qu’elle «était protégée», mais que cela a rapidement changé : «C’était vraiment difficile à concilier car ce n’est qu’une fois que nous nous sommes mariés et que tout a vraiment commencé à empirer que j’ai compris que non seulement je n’étais pas protégée mais qu’ils étaient prêts à mentir pour protéger les autres membres de la famille. Mais ils n’étaient pas disposés à dire la vérité pour me protéger, moi et mon mari.»
«Je n’aurais pas pu me sentir plus seule». La duchesse de Sussex a expliqué combien la vie à Buckingham Palace avait été pour elle une expérience solitaire. «Je n’étais pas seule avec lui, a-t-elle témoigné, faisant allusion au prince Harry. Il y avait des moments où il devait travailler, il devait partir, parfois au milieu de la nuit. Il y avait très peu de choses que j’étais autorisée à faire. Bien sûr, cela engendre de la solitude.» Meghan a ainsi comparé sa perte de liberté à ce que les gens ont pu ressentir au cours de l’année écoulée en raison du confinement lié à la pandémie de coronavirus.
Cette conversation, je n’ai pas l’intention de la révéler, jamais. À l’époque, c’était gênant, j’étais un peu choqué. Mais c’était dès le début. À quoi ressemblerait l’enfant?
Le prince Harry
Inquiétudes au sujet de la couleur de peau d’Archie. L’ancienne actrice, qui est métisse, a également affirmé que des membres de la famille royale s’étaient inquiétés de la couleur de peau de son fils Archie avant sa naissance. Dès le début de la grossesse, ils ont exprimé des «inquiétudes (…) quant à savoir à quel point sa peau serait foncée», «ce que ça voudrait dire et à quoi cela ressemblerait», a-t-elle expliqué. La duchesse de Sussex a indiqué à Oprah Winfrey que ces propos lui avaient été rapportés par son mari, sans vouloir donner l’identité de la ou des personnes ayant eu cet échange avec Harry parce que «ce serait très dommageable pour elles».
La duchesse de Sussex a également indiqué que le palais de Buckingham avait refusé d’accorder une protection à l’enfant et que des membres de l’institution estimaient qu’Archie ne devrait pas recevoir de titre de noblesse, bien que ce soit la tradition. «Pendant que j’étais enceinte, ils ont voulu changer le protocole pour Archie. Pourquoi ? demande-t-elle. Il n’y a pas d’explication.»
Harry a lui regretté que la famille royale n’ait pas pris position publiquement pour dénoncer ce qu’il considère comme une couverture aux accents racistes par une partie de la presse britannique. Face à la présentatrice, il a toutefois refusé dimanche soir d’en dire plus sur le contenu des conversations qu’il a eues avec sa famille à propos de la couleur de peau de son fils. «Cette conversation, je n’ai pas l’intention de la révéler, jamais. À l’époque, c’était gênant, j’étais un peu choqué.» «Mais c’était dès le début. À quoi ressemblerait l’enfant ? C’était au début quand il est devenu clair qu’elle (Meghan) ne bénéficierait pas d’une protection, quand ma famille a suggéré qu’elle pourrait continuer son métier d’actrice parce qu’il n’y aurait pas d’argent pour elle.»
Je ne voulais juste plus être en vie. Et c’étaient des pensées constantes, terrifiantes, réelles et très claires
Meghan Markle
«Pensées suicidaires». Meghan Markle a révélé avoir eu des idées suicidaires en raison de la couverture de sa personne par les médias britanniques et que la famille royale a alors refusé qu’elle se fasse aider. «Je ne voulais juste plus être en vie. Et c’étaient des pensées constantes, terrifiantes, réelles et très claires», a dit la duchesse de Sussex. «Et je suis allée voir l’institution (nom donné par la duchesse à la famille royale, NDLR), et j’ai dit que j’avais besoin d’aller quelque part pour obtenir de l’aide. J’ai dit que je ne m’étais jamais sentie comme ça avant (…) et on m’a dit que je ne pouvais pas, que ce ne serait pas bon pour l’institution, a-t-elle ajouté. J’avais vraiment honte de le dire à l’époque, et honte de devoir l’admettre à Harry en particulier, parce que je sais la perte qu’il a subie, mais je savais que si je ne le disais pas, je le ferais – et je ne voulais plus être en vie.»
J’étais pris au piège par le système, comme l’est le reste de ma famille. Mon père et mon frère, ils sont prisonniers. Ils n’ont pas la possibilité de partir, et j’ai beaucoup de compassion pour ça
Le prince Harry
«J’étais pris au piège». Lorsqu’Oprah Winfrey lui a demandé s’il avait tourné le dos à la famille royale pour Meghan, le prince Harry répond: «J’étais pris au piège moi aussi. Je ne voyais pas d’échappatoire. J’étais piégé mais je ne le savais pas. (…) J’étais pris au piège par le système, comme l’est le reste de ma famille. Mon père et mon frère, ils sont prisonniers. Ils n’ont pas la possibilité de partir, et j’ai beaucoup de compassion pour ça.»
L’enfant rebelle de Buckingham Palace raconte également ses relations dégradées avec son père, le prince Charles, et explique qu’à un certain point celui-ci ne décrochait même plus le téléphone quand il appellait. Harry avoue s’être senti «vraiment lâché» par son père, alors qu’il vivait une période difficile. «Parce qu’il a vécu quelque chose de similaire. Il sait ce qu’est la douleur», ajoute le prince. «Il y aura du travail» pour améliorer leur relation, «mais en même temps, je l’aimerai toujours».
S’agissant de son frère, le prince William, Harry a expliqué que les deux princes étaient «sur des trajectoires différentes», confirmant, en creux, que leur relation était distendue, tout en réaffirmant son affection pour son aîné. «Le temps guérit tout, je l’espère», a-t-il confié.
En revanche, le fils cadet de Charles et Diana a loué sa grand-mère, la reine Elizabeth II, affirmant ne pas l’avoir «prise par surprise» lorsqu’il a annoncé sa mise en retrait de la famille royale. «Ma grand-mère et moi avons une très bonne relation et une entente, a-t-il assuré. Et j’ai un profond respect pour elle. C’est mon colonel en chef. Elle le restera.»
Vivres coupés. Le prince explique que Buckingham Palace lui a coupé les vivres début 2020 et qu’il a alors pu subvenir aux besoins de sa famille grâce à l’argent que lui avait laissé sa mère, la princesse Diana. Il n’hésite pas à dresser un parallèle avec son destin tragique : «Je ne peux pas imaginer ce que ça a été pour elle de traverser tout cela toute seule pendant toutes ces années, parce que ça a été incroyablement dur pour nous deux – mais au moins nous pouvions compter l’un sur l’autre.» «Nous avons fait tout notre possible» pour rester au sein de la famille royale, résume-t-il.
La monarchie fait front
Quelques heures avant la diffusion de cette interview choc, qui sera diffusée dès lundi dans le royaume, la monarchie britannique avait décidé de faire front, offrant l’image d’une famille unie lors des célébrations annuelles du Commonwealth. Dans un discours télévisé préenregistré, la reine a souligné l’importance du «dévouement désintéressé et du sens du devoir» dont ont fait preuve les soignants durant la pandémie, un signe que certains ne manqueront pas d’interpréter comme une critique adressée au couple princier.
Selon une source proche de la reine citée par le Sunday Times, Elizabeth II ne comptait pas regarder l’interview de son petit-fils et a fait savoir qu’elle serait médiatiquement plus présente la semaine prochaine pour montrer que la monarchie «se concentre sur des questions importantes». Le journal indique aussi que des membres de la cour, qui n’ont pas hésité à qualifier l’interview de «cirque», se préparent à riposter «par de nouvelles révélations» sur le comportement du couple si la monarchie était attaquée.
Après avoir confirmé à la reine leur mise en retrait définitive de la famille royale, au terme d’une période d’observation, le duc et la duchesse de Sussex, mariés depuis mai 2018, ont perdu leurs derniers titres officiels en février. Installé au Canada, puis en Californie, à Montecito, depuis mars, le duo a déjà résolument pris la tangente et capitalisé sur son image de couple moderne, mixte, tourné vers l’humanitaire, dans un pays où l’opinion leur est beaucoup plus favorable qu’en Angleterre. Depuis leur déménagement, les époux ont créé leur fondation, Archewell, et se sont notamment engagés à produire des programmes pour Netflix, moyennant 100 millions de dollars, selon plusieurs médias américains, et des podcasts pour Spotify. À cela s’ajoute un partenariat annoncé avec la plateforme Apple TV+, en collaboration avec… Oprah Winfrey.
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