Une contribution par E. de Kouassi avec GDA
Hier comme Aujourd’hui
Les mêmes scènes, les mêmes ballets, les mêmes refrains et les mêmes discours. Et c’est ainsi malheureusement sous nos tropiques. Un pas vers l’État- nation, dix pas en arrière vers la tribu. Voici comment ça se passe :
« Le grand sud » organise une journée de reconnaissance au Chef de l’État pour la promotion de leur fils à la tête d’une telle société d’état…
« Le grand centre » organise une nuit d’hommage au Chef de l’État pour la nomination de leur nièce comme ministre de…
« Le grand nord » organise une journée de prière pour le chef de l’État pour la nomination de leur fille au poste de…
« Le grand ouest » organise un bal poussière en hommage au Chef de l’État pour la promotion de leur neveu comme Ambassadeur dans tel pays
« Le grand est » organise une journée de jeûne pour dire merci au Chef pour avoir pris leur fils comme son collaborateur.
Ces grandes messes à coûts de millions et malheureusement encore organisées sous nos cieux, nous plongent sans transition aucune dans la personnification du pouvoir d’État.
Pendant la période du parti unique par exemple où, ce n’était pas l’État, ni l’argent du peuple, ni l’œuvre collective qui construisait les routes, les hôpitaux, les écoles, etc, mais le bon vouloir du Chef de l’État, il suffisait que le Chef de l’État soit fâché contre telle personnalité politique d’une région donnée pour voir retarder le développement ou la promotion des cadres de cette région, à moins qu’une délégation villageoise ou régionale se dépêche pour aller faire amende honorable. A cette époque, il fallait rendre hommage au chef pour tout et pour rien. Le chef a toussé, il fallait prier pour lui, il a éternué, il fallait jeûner pour lui. Le chef vous a félicité, il fallait informer toute sa communauté pour un hommage au chef.
Près de trois décennies après l’avènement du multipartisme, nous gardons encore avec jalousie ces mêmes pratiques et les réflexes d’une autre époque qui sont à la vérité des obstacles à la création d’une nation.
En effet, les discours élogieux prononcés lors de ces grandes messes s’articulent toujours autour de deux grands axes : On remercie le chef et on interpelle la fille ou le fils promu en ces termes : » Tu viens d’être nommé par le chef, c’est notre temps, pense à ta région, à ton village, à ta tribu, à ton ethnie, aux jeunes de chez toi, aux vieux de chez toi, aux gens de chez toi…”.
Des propos contraires à l’esprit de la nation parce qu’ils nous conduisent au tribalisme, au sectarisme, au régionalisme, au repli sur sa communauté avec pour conséquences le favoritisme, le népotisme, la création d’emplois fictifs et que sais-je encore.
Nous avons pour obligation de construire une nation qui crée, elle, les meilleures conditions du vrai « vivre ensemble ». Dans une nation en principe, seule la valeur intrinsèque de l’homme compte. Dans une nation, on fait la promotion de l’intérêt général, du bonheur collectif, du destin de communauté et non de l’individualisme, du chacun pour soi, ou de l’hypocrisie souriante. Dans une nation, un ministre, un président d’institution, un haut fonctionnaire ou un petit agent de l’État est au service de la nation c’est-à-dire de toutes les régions et de tous ceux qui y vivent et non de sa région d’origine ou de sa tribu.
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