Que vaut une promesse politique ? Bienvenu au pays du « roi du coton »

« Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’État avec dignité et simplicité. Je m’acquitterai de mes devoirs de Président de la République avec humilité, abnégation et sacrifice pour le bien-être de tous ».

Celui qui parle ainsi n’est personne autre que  »Le Roi du coton », le président Patrice Talon lors de la cérémonie de prestation de serment le mercredi 6 Avril 2016.

« Mandat unique une exigence morale », avait-il dit.

Le disant, le nouvel homme fort du Bénin venait de lancer des piques à tous ceux qui sur notre continent ont toujours pensé que tout commence par le pouvoir et tout fini par le pouvoir. Ceux pour qui il n’y a pas une autre vie après le pouvoir, ceux qui à l’exercice de leur pouvoir finissent toujours par être déifiés par leur semblables, ceux qui pensent qu’ils sont irremplaçables, ceux qui oublient que le pouvoir c’est la somme des  »un peu un peu » et que dans la construction d’une nation,  »tu viens, tu fais pour toi tu t’en va, l’autre vient, il fait pour lui et il s’en va ».

Talon ce jour-là venait d’envoyer un message fort pour dire qu’on peut servir son pays pendant une période bien donnée de sa vie et donner la chance à d’autres intelligences pour poursuivre le combat. Il venait enfin de dire que personne fut-il le plus intelligent ne peut être propriétaire d’un pays. Il avait prêté serment ce jour-là sans pression aucune mais surtout dans l’euphorie de sa victoire sur ses adversaire mieux sa victoire sur le poulain (Lionnel Zinsou) de son rival du moment Yayi Boni. Il avait parlé dans le feu de l’action.

Ce jour-là, les africains en général et les béninois en particulier avaient cru en un nouveau départ, en une nouvelle façon de concevoir le pouvoir d’Etat. C’était une parole forte comme on le dit dans notre jargon. Nous autres étions septiques ce jour-là pas parce que nous ne souhaitons pas le changement ou une nouvelle conception du pouvoir d’Etat mais tout simplement parce que celui qui venait de parler venait d’accéder au pouvoir d’Etat. Le pouvoir d’Etat avec ces réalités. Nous étions septiques parce que nous sommes convaincus que la conquête du pouvoir et l’exercice du pouvoir sont deux réalités diamétralement opposées surtout sous nos cieux.

Ce jour-là, nous écrivions ceci:  »Seigneur, un homme politique vient de parler. Sécurise cette promesse, fasse qu’il tienne sa promesse. Seigneur, ce type vient de parler sans pression aucune devant toi et devant son peuple, fasse que sa promesse se réalise ». En faisant cette prière, nous savions que la promesse d’un politicien ou la parole politique porte en elle une forte dose de roublardise. Ceux-là disent toujours le contraire de ce qu’ils pensent.

Depuis ce mercredi 6 Avril 2016,  »Le Roi du coton » règne en Maître sur le Bénin. Dans l’exercice du pouvoir, il a goûté aux délices du pouvoir lui et son clan, il a mené des reformes, il fait de bonnes choses comme de mauvaises choses. L’heure du bilan est enfin arrivée. Le temps de respecter la parole donnée est enfin arrivé. Ça sonne encore comme si c’était hier.  »L’Unique mandat est une exigence morale » avait dit l’époux de Claudine Gbènagnon, la 1ère Dame du Bénin.

QUE DIRE AUJOURD’HUI ?

Nous sommes à moins de deux mois des prochaines échéances présidentielles. Les choses ont changé et les promesses avec. Ah!!! ce pouvoir-là. La belle promesse du 6 Avril 2016 est belle et bien rangée dans le placard de l’histoire. Car, après la publication de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle du 11 avril prochain, trois duos seulement sont retenus sur les vingt dossiers, dont le ticket du président Talon. Patrice Talon, l’homme pour qui l’unique mandat était une exigence morale est candidat à sa propre succession. Il veut encore régner en Maître sur le Bénin qu’il aime plus que quiconque. Vous êtes sous nos cieux. Ici, on dit et on se dédit et  »ça ne va pas quelque part. Ici, ce qui est vérité le matin devient contrevérité la nuit tombée et  »ça ne va pas quelque part ». Ici, fais ce que je te dis et ne regarde pas ce que je fais. Ici, je te regarde droit dans les yeux pour mieux te mentir et  »ça ne va pas quelque part ». Bienvenue donc sous nos cieux avec notre incroyable talent de soutenir une chose et son contraire. Ici où  »un chef n’est pas un chiffon ».

Heureusement pour nous que tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute.

Manou K.E. de

Election présidentielle au Bénin : huit opposants définitivement écartés

Le 11 avril, les 5,5 millions d’électeurs auront le choix entre trois candidatures : celle du président sortant Patrice Talon et celles de deux opposants quasi inconnus du grand public.

Huit opposants béninois, dont les dossiers de candidature à l’élection présidentielle d’avril au Bénin avaient été rejetés par la Commission électorale nationale autonome, ont été définitivement écartés du scrutin par la Cour constitutionnelle, a-t-on appris lundi 22 février de cette institution judiciaire.

Ce petit pays ouest-africain, longtemps vu comme un modèle de démocratie mais qui a récemment pris un virage autoritaire, s’apprête à vivre le 11 avril un scrutin inédit, auquel les grandes figures de l’opposition ne participeront pas.

Certaines se trouvent en exil ou condamnées à des peines d’inéligibilité. D’autres ont vu leur candidature recalée par la commission électorale, car ne disposant pas d’un nombre suffisant de parrainages.

La nouvelle loi électorale impose au candidat à l’élection présidentielle d’être parrainé par au moins 16 députés ou maires. Or, seuls 6 de ces 159 élus appartiennent à un parti d’opposition.

Une « fraude au sommet de l’Etat »

Huit opposants recalés par la Commission électorale avaient déposé un recours devant la Cour constitutionnelle, mais celle-ci les a tous déboutés, selon les décisions publiées sur le site internet de la Cour. Parmi eux, Rekiath Madougou, candidate du parti Les Démocrates, dont le président d’honneur est l’ancien président Thomas Boni Yayi, dénonce une « fraude au sommet de l’Etat ».

Selon elle, sa candidature disposait de 21 parrainages, mais elle accuse les partis de ces élus, en charge de déposer les parrainages à la Commission, de ne pas les avoir transmis.

Le député Ahmed Affo Tidjani, du parti Union progressiste (majorité présidentielle) a affirmé à la presse avoir voulu donner son parrainage à Mme Madougou, mais en avoir été empêché par son parti.

La tension autour du scrutin semble avoir encore monté d’un cran : trois responsables du parti Les Démocrates ont été convoqués vendredi et lundi par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Ils sont accusés d’avoir perçu de l’argent pour « recruter des jeunes aux fins de saboter le processus électoral », selon leur parti qui dénonce « un complot ».

Le 11 avril, les 5,5 millions d’électeurs béninois auront le choix entre trois candidatures : celle du président sortant Patrice Talon, qui a recueilli 118 parrainages sur les 159 possibles, et celle de deux opposants quasi inconnus du grand public. Il s’agit de l’ancien ministre Alassane Soumanou du parti d’opposition Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) et d’une figure dissidente parmi les opposants, Corentin Kohoué.

Le Monde avec AFP

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