Dans quelques années, il aura certainement son buste posé dans le Jardin des Premiers Ministres à la Primature, à Kinshasa, à l’image de celui de Matata Ponyo, l’homme à l’inamovible cravate rouge.
Pour l’heure, on attend beaucoup du jeune technocrate (c’est le mot savant pour désigner des personnes hyper-compétentes qui font leur job, loin de l’irrationalité du marécage politique).
C’est le branle-bas général entre vautours et rentiers de l’Administration pour se positionner. Une période de ruissellement administratif s’ouvre avec son cortège de nominations et d’affectations.
Certains bureaucrates ne rêvent que d’une chose: reprendre leur train de vie dispendieux à moins que Sama Lukonde Kyenge ne leur coupe l’herbe sous le pied.
La gouvernance Tshisekedi en mains libres peut commencer.
Fidele G, journaliste
Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, DG de la Gécamines, nommé à la primature
Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, jusqu’ici directeur général de la Gécamines, la compagnie minière d’État, a été nommé, ce lundi 15 février 2021, Premier ministre du gouvernement d’Union sacrée par le président Tshisekedi. Cette annonce a été faite par le porte-parole du président au Palais de la nation ce lundi après-midi.
Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, 43 ans, est officiellement à la tête de la direction générale de la Gécamines depuis le 3 juin 2019. Mais cet ingénieur de formation a dû attendre plus d’un an pour véritablement entrer en fonction. Sa prise de fonction est l’une des premières victoires du président Félix Tshisekedi sur son prédécesseur Joseph Kabila et sur sa coalition qui s’y opposaient. En tout cas, dans les mois qui ont suivi son arrivée à la direction générale de la Gécamines, le désormais Premier ministre avait publié plusieurs contrats miniers embarrassants pour l’entourage de Joseph Kabila, des contrats que réclamait la société civile.
C’est un fils du Katanga, la région où Joseph Kabila a trouvé refuge ces derniers mois. Le père du nouveau chef du gouvernement de l’Union sacrée, c’est Stéphane Lukonde Kyenge, une figure emblématique de la politique katangaise qui a été assassinée en 2001.
Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge est un ancien député et ministre des Sports sous Joseph Kabila. Il avait démissionné de son poste en 2015 pour obéir à la consigne de son parti, exclu de la majorité présidentielle pour avoir protesté contre un éventuel troisième mandat de l’ancien chef de l’État. Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge a alors milité au sein de l’opposition sous le leadership de l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi.
Le critère de la confiance
Il est membre du parti Avenir du Congo, aile Dany Banza, c’est un parti qui a connu une scission. Dany Banza est l’un des ambassadeurs itinérants de Félix Tshisekedi, un des hommes de confiance du président. Avoir confiance en son Premier ministre, c’était le principal critère pour Félix Tshisekedi, dit-on du côté de la présidence.
Des critères qui ont évolué avec le temps et avec eux, le profil des candidats. À l’origine, la présidence mettait en avant non seulement le critère de confiance, mais aussi le poids politique du Premier ministre, pour assurer son investiture. Selon plusieurs sources à la présidence, Moïse Katumbi avait été pressenti avec ses 69 députés, mais l’option avait été écartée, selon la présidence, ou l’ancien gouverneur du Katanga avait refusé, selon ses proches. Parce que la confiance entre les deux hommes, sans futurs rivaux en 2023, n’était pas suffisamment forte.
Les transfuges du FCC étant les plus nombreux, Félix Tshisekedi aurait ensuite envisagé Bahati Lukwebo, son informateur qui lui a apporté 41 députés et qui a identifié la majorité de l’Union sacrée. C’est l’un des premiers kabilistes à l’avoir rejoint. Il a finalement été écarté la semaine dernière, renvoyé au Sénat.
« Ce qui compte, c’est la compétence »
Depuis quelques jours, plusieurs sources à la présidence annonçaient que le nouveau chef du gouvernement serait un katangais… ce qui peut paraître d’autant plus surprenant que Félix Tshisekedi a déjà choisi un originaire de cette région comme directeur de cabinet, Guylain Nyembo et que ces postes clefs ont longtemps été répartis entre différentes zones géographiques. « Ce qui compte, c’est la compétence », explique un proche de Félix Tshisekedi, ajoutant : « mais c’est sûr que cela montre que le Katanga n’appartient pas aux Kabila. »
Le week-end dernier, des miliciens ont fait une incursion à Lubumbashi et l’administration Tshisekedi y redoute des troubles. Un autre collaborateur du chef de l’État estime que l’équilibre régional est conservé : le centre a le chef de l’État, l’Ouest l’Assemblée nationale, l’Est obtiendra la tête du Sénat avec Bahati Lukwebo et le Sud aura la primature. Le directeur de cabinet est un simple collaborateur du chef de l’État, ajoute ce collaborateur.
Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge est surtout quelqu’un qui semble avoir gardé des bonnes relations avec ses anciens collègues du FCC de Joseph Kabila et d’Ensemble de Moïse Katumbi qui sont les deux principales forces de l’Union sacrée. Il fait figure de nouveau visage, vu qu’il est peu connu et qu’il a occupé peu de postes de premier plan. Un autre critère important pour la présidence.
Sonia Rolley
RFI / MCP, via mediacongo.net
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