Cette procédure permet notamment au dispositif Covax, mis en place pour assurer un accès équitable au vaccin, d’en commencer la distribution.
Le Monde avec AFP
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait savoir, lundi 15 février, qu’elle avait accordé son homologation d’urgence au vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19. Cette procédure va aider les pays qui n’ont pas les moyens de déterminer eux-mêmes de l’efficacité et l’innocuité d’un médicament à avoir plus rapidement accès à des thérapies. Elle permet, par ailleurs, au dispositif Covax, mis en place pour assurer un accès équitable au vaccin, d’en commencer la distribution.
« Des pays sans accès à des vaccins jusqu’à aujourd’hui vont finalement être capables de commencer l’immunisation de leur personnel soignant et des populations vulnérables », s’est réjouie la docteure Mariangela Simao, sous-directrice générale de l’OMS chargée de l’accès aux médicaments et aux produits de santé.
Le vaccin d’AstraZeneca représente, en effet, l’immense majorité des 337,2 millions de doses de vaccin que le dispositif, piloté par l’OMS, l’Alliance du vaccin (GAVI) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), entend distribuer au premier semestre de cette année.
Ces doses destinées à Covax sont fabriquées en Corée du Sud et en Inde par le Serum Institute of India (SII). L’homologation concerne ces deux versions, selon un communiqué de l’agence onusienne.
Limiter la gravité et la mortalité de la pandémie
La semaine dernière, le vaccin avait déjà été recommandé par le comité d’experts vaccinaux de l’OMS pour toute personne de 18 ans ou plus, y compris dans des pays où des variants plus contagieux circulent.
Le vaccin développé par l’université d’Oxford (Royaume-Uni) et le géant pharmaceutique a, pourtant, connu des déboires et des doutes sur son efficacité pour les plus de 65 ans, ainsi que face au variant détecté en Afrique du Sud, aujourd’hui présent dans de nombreux pays.
Pour l’OMS et ses experts, ce vaccin fait parfaitement l’affaire pour la priorité du moment : limiter la gravité et la mortalité d’une pandémie qui a coûté la vie à 2,4 millions de personnes en un peu plus d’un an. Le vaccin est d’ailleurs déjà largement utilisé partout dans le monde, à commencer par le Royaume-Uni depuis le mois de décembre, mais aussi dans l’Union européenne.
Considéré comme moins efficace que les vaccins de Pfizer-BioNTech, Spoutnik 5 et Moderna, le vaccin d’AstraZeneca a l’énorme avantage de pouvoir être stocké avec des moyens de réfrigération classiques. Un argument de poids notamment dans les 92 pays et territoires défavorisés qui vont le recevoir gratuitement par le biais de Covax et qui, souvent, ne disposent pas des capacités de chaîne ultrafroide nécessaires pour entreposer les deux autres vaccins.
Sa technologie dite « à vecteur viral », qui utilise un virus inoffensif comme un « cheval de Troie » pour empêcher le virus SARS-CoV-2 de se propager dans l’organisme, fait aussi qu’il est nettement moins cher, à environ 2,50 euros la dose, avec des variations en fonction des coûts de productions locaux. AstraZeneca s’est par ailleurs engagé à ne pas faire de profits sur ce produit.
Trois quarts des vaccinations dans seulement dix pays
Même si le nombre de vaccinations dans le monde dépasse désormais celui des cas d’infection enregistrés, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, martèle que les trois quarts de ces vaccinations ont été faites dans seulement dix pays, qui représentent 60 % du PIB mondial.
« Au moins 130 pays, qui comptent 2,5 milliards de personnes, n’ont pas injecté un seul vaccin », avait-il accusé la semaine dernière. « Si nous n’éradiquons pas le virus partout, nous pourrions bien nous retrouver à la case départ », avait-il ainsi mis en garde.
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