Burkina: Le Balai citoyen appelle la société civile à « combler le vide » d’opposition politique

Le parti de Compaoré « ne peut jouer le rôle de vraie opposition », estime le Balai citoyen

Anselme BLAGNON

Au Burkina, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de l’ancien président Blaise Compaoré ne peut jouer le rôle de vraie opposition, a estimé Eric Kinda, le porte-parole du mouvement Balai citoyen, dans un entretien à ALERTE INFO.

« Vous avez beaucoup de gens qui ont rejoint le pouvoir actuel. Ce qui reste de l’opposition, c’est le CDP, un parti que nous avons combattu, un parti qui a géré ce pays pendant 27 ans et qui a cultivé, entretenu les crimes de sang et les crimes économiques. Comment ces gens peuvent jouer le rôle de vraie opposition ? », a interrogé M. Kinda.

A l’issue des élections du 22 novembre, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), arrivée troisième de la présidentielle avec 12,46% des voix et 12 des 127 sièges à l’Assemblée nationale, contre 33 en 2015, a perdu son rang de chef de l’opposition au profit CDP.

Au terme de ces scrutins, le parti de l’ancien président, classé deuxième avec 15,48%, occupe le poste de chef de file de l’opposition avec ses 20 sièges au parlement.

Nommé ministre de la Réconciliation nationale, le leader de l’UPC Zéphirin Diabré a rejoint la majorité tout comme la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), le parti de l’ancien ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, qui a « déclaré officiellement son soutien à l’action gouvernementale afin de contribuer à la réussite de l’œuvre de cohésion nationale. »

Exilé en Côte d’Ivoire depuis sa chute du pouvoir en 2014, de plus en plus de militants du CDP et certaines organisations de la société appellent au retour de Blaise Compaoré.

« Comment des gens qui veulent que Compaoré rentre au pays et qu’il soit tranquille sans être inquiété par la justice joue un rôle de vraie opposition, une opposition qui doit se battre pour la justice dans ce pays, contre la fin de l’impunité dans ce pays, comment voulez-vous que ce soit une opposition républicaine et crédible », a questionné le porte-parole du Balai citoyen, qui a contribué à la chute de l’ex-président.

« Ce sont des gens qui portent la casquette des opposants et ce serait une opposition de principe », a-t-il poursuivi, estimant que « dans le fond, il n’y aura absolument rien. »

Le pouvoir actuel se retrouvant sans « une vraie opposition politique en face », Eric Kinda, a soutenu qu’il appartient à la société civile de « combler le vide. »

« La société civile doit rester sur ses gardes et jouer son rôle de veille citoyenne, de force de pression pour éviter que les gens nous conduisent à une impasse », a conclu M. Kinda.

Alerte info

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