Ahoua Don Mello est Docteur-ingénieur, ancien ministre porte-parole du gouvernement en Côte-d’Ivoire et actuel conseiller technique du Président guinéen Alpha Condé. Le Dr Don Mello a aussi dirigé le BNEDT à Abidjan.
La CEI a publié la liste des candidats retenus. En attendant le verdict du conseil constitutionnel, on voit que l’opposition part en rangs dispersés. Êtes-vous déçu ?
Sachons raison gardée. L’unité est un combat permanent même à l’intérieur d’un Parti Politique. Dans certaines circonscriptions les négociations ont permis de trouver un consensus entre les grandes formations politiques par contre les négociations ont échoué dans plusieurs circonscriptions. C’est le lieu de rappeler que la minorité ne règne que là où la majorité est divisée. Il est plus commode de gagner dans l’union que de perdre dans la division pour des intérêts exclusivement partisans ou claniques.
A votre avis, est-il encore possible d’aller en front uni et, dans ce cas, à quelles conditions ?
Au lieu d’aligner 4 candidats pour perdre un poste il est possible de repartir les 4 candidats pour gagner 4 postes aux différentes élections législatives, municipales sénatoriales et régionales. Il est donc toujours possible de négocier en considérant cette période électorale dans sa globalité.
Cette obsession de vouloir perdre tous en lieu et place de gagner tous est la caractéristique fondamentale du sectarisme qui ronge l’opposition. On préfère privilégier les intérêts partisans ou claniques pour organiser la défaite collective au détriment des intérêts collectifs pour organiser la victoire collective.
Pour gagner il suffit à l’opposition de briser les barrières du sectarisme et de voir en tout opposant un citoyen d’une même famille politique. Il n’est pas tard pour bien faire entre la proclamation de la liste provisoire par la CEI et la liste définitive par le conseil constitutionnel. Il faut donc poursuivre les négociations en privilégiant l’intérêt collectif.
Ces législatives ont été analysées comme l’unique moyen d’empêcher Alassane Ouattara de faire main basse sur la Côte d’Ivoire. Et pourtant c’est à cela que risque de mener cette division. Notre défaite indiquera la distance qui sépare le multipartisme et la démocratie à savoir la distance qui sépare les intérêts partisans et claniques par rapport aux intérêts collectifs. Nous avons acquis le multipartisme depuis 1990. Nous avons emprunté les voies sinueuses vers la démocratie avec des phases d’accélération et de rétropédalage comme c’est le cas sous le régime Ouattara ou l’intérêt d’un clan devient de plus en plus hégémonique au détriment de l’intérêt collectif.
L’enjeu fondamental de ces élections est la reconquête des libertés pour tous par la conquête de la majorité parlementaire en vue de donner un coup d’accélérateur au processus de démocratisation de la Côte d’Ivoire. Cet enjeu est au- au-dessus de toute ambition individuelle partisane ou clanique. Il est bon de rappeler que le multipartisme n’est pas la démocratie mais un pas important vers elle.
Comment faut-il rassurer les petits qui se disent victimes des envies de domination des grands partis?
Ce sont les petits partis d’hier qui sont les grands partis d’aujourd’hui par conséquent il est important que les uns et les autres se tendent la main pour grandir ensemble d’une manière durable. Sortir du sectarisme est la seule façon de grandir ensemble d’une manière durable et de faire progresser la démocratie interne et externe car une opposition non démocratique ne peut conduire son peuple vers la démocratie.
INTERVIEW in AUJOURD’HUI quotidien en ligne
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