Élections législatives: Ces faits objectifs qui font si peur à l’opposition
Par Amédée Assi
Rhdp, Pdci-Rda, Fpi, etc., lequel de ces partis politiques disposera de la majorité à l’Assemblée nationale au soir du 6 mars ? Je ne suis pas un devin et je n’ai pas non plus consulté d’oracle. Je n’ai guère regardé dans une boule de cristal. Cependant, je peux affirmer sans le moindre doute, sans la moindre hésitation, que ce sera le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, le Rhdp ! Et cela, avec une majorité bien confortable.
C’est vrai que mon affirmation ne repose pas sur des données mathématiques, mais elle a le mérite de s’appuyer sur des faits objectifs. Jugez-en par vous-même !
Primo, il faut se souvenir que le Rhdp actuel repose avant tout et en grande partie sur le Rassemblement des Républicains (Rdr). C’est à ce parti libéral que sont venus se greffer plusieurs formations politiques et surtout une frange importante de cadres du Pdci-Rda. Patrick Achi, Kobenan Kouassi Adjoumani, Amedé Kouakou, Alain Donwahi, Aka Aouélé, pour ne citer que ceux-là, s’ils n’ont pas vidé le Pdci-Rda de toute sa sève vivifiante, ils l’ont profondément amaigri, affaibli, fragilisé. Des responsables du parti septuagénaire peuvent, en public, affirmer que ces hauts cadres qui ont rejoint le Rhdp sont partis tout seuls, sans aucun militant, mais la réalité implacable est là pour leur opposer un cinglant démenti.
Cela dit, en ne prenant que le seul Rdr, il est bon de rafraîchir la mémoire de quelques personnes par des faits intangibles : lors des élections législatives et municipales sous le mandat du Sphinx de Daoukro, himself, le parti sorti des entrailles du Pdci-Rda s’est, à chaque fois, classé premier, bien loin devant le Fpi et le parti de Bédié, en nombre de suffrages exprimés. Les archives sont là pour l’attester, sans aucune discussion possible.
Le scénario a été le même sous l’ère des frontistes refondateurs.
Oui, ni l’ivoirité prônée à tout bout de champ par Henri Konan Bédié et ses suiveurs, ni les escadrons de la mort n’ont pu doucher l’estime des Ivoiriens pour les cadres issus du Rdr à toutes les consultations locales qui se sont déroulées de 1995 à 2010.
Les élections législatives, municipales et régionales organisées depuis l’arrivée au pouvoir du Président Alassane Ouattara ont renforcé davantage et de façon encore plus nette cette tendance. Et cela, d’autant plus que les partisans, purs et durs de Laurent Gbagbo, joliment appelés les Gor ( Gbagbo ou rien) et qui sont majoritaires au sein du Fpi, n’avaient pas jugé utile de prendre part à ces scrutins.
En un mot comme en mille, voir le Rhdp, c’est à dire, un Rdr survitaminé (appelons un chat, un chat !) remporter le scrutin du 6 mars ne sera que dans l’ordre normal des choses. D’ailleurs, lors de la confrontation Rhdp-Pdci-Rda aux municipales et régionales de 2018, le parti des houphouétistes a proprement battu son aîné.
Du boycott de la révision de la liste électorale
Deuxio, il ne faut pas perdre de vue, car c’est cela même l’essence de la démocratie, qu’une élection se gagne quand on a avec soi le plus grand nombre d’électeurs inscrits sur la liste électorale, quand ceux- ci, le jour du scrutin, se rendent aux urnes et expriment leur choix. Dans ce pays, pour parler comme un de mes amis vivant à Koumassi Akromiabla, on se connaît, et tous nous pouvons attester qu’en matière d’intérêt et de mobilisation pour des élections, personne ne fait mieux que les militants de l’ancien parti libéral, aujourd’hui épine dorsale du Rhdp.
Mais ce n’est pas tout. C’est sous nos yeux que les cadres du parti de Gbagbo, les cadres-Gor donc, ont appelé leurs militants à ne pas aller se faire recenser lors de la révision de la liste électorale. Et cela, contrairement à ceux du Rhdp qui, après avoir mobilisé de gros moyens financiers, techniques et logistiques, ont essaimé le pays tout entier pour amener leurs partisans à y prendre une part active. Ce que ces derniers ont fait. Et on peut affirmer sans risque de se tromper qu’une large majorité des nouveaux inscrits proviennent des rangs du Rhdp.
Autre fait important qu’on ne saurait passer sous silence : le manque d’expérience des cadres Gor qui, depuis vingt ans, n’ont participé à aucune élection locale. Il est donc bien évident que le réseau dont ils disposent a vieilli ou s’est réduit comme peau de chagrin.
L’argent, le nerf de la guerre
Tertio, si une élection se gagne avec des personnes, des électeurs donc, elle se gagne aussi avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Personne ne doit se voiler la face sur ce sujet. Et cela est valable sous tous les cieux. Ainsi, dans une démocratie (même si elle a été un peu salie, écornée, blessée ces derniers jours) comme les États-Unis, ce sont les lobbyistes, l’apport des grandes entreprises et des grosses fortunes qui financent le Parti républicain et le Parti démocrate et qui leur font gagner une élection. Car aujourd’hui, une élection, du moins gagner une élection, c’est disposer de beaucoup de moyens financiers. Il en est de même sous nos tropiques. Soyez le plus beau, le plus fort, soyez le meilleur orateur ou l’homme le plus assidu aux funérailles, si vous n’avez pas l’oseille, le « djê », « l’ahan » comme cela se dit à Adjamé Bracodi-bar ou à Abobo Derrière-rails, vous n’aurez pas l’honneur, le privilège et le bonheur de vous faire appeler Honorable !Aujourd’hui, les candidats qui peuvent « décrou les pierres » facilement sont au Rhdp. Une autre vérité qui rougit les yeux mais qui, heureusement, ne les casse pas. Le Rhdp est au pouvoir. Et comme cela se fait partout, urbi et orbi, les cadres du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire sont aux affaires et occupent les plus hautes fonctions étatiques et dans les entreprises publiques et parapubliques.
Au total donc, je ne dirai pas qu’il n’y a pas match, ou qu’il n’y a rien en face du Rhdp, mais j’affirmerai bien plutôt que les législatives du 6 mars sont bien calées, bouclées et gérées pour les candidats du parti du Président Alassane Ouattara. Normal, c’est lui… le Meilleur !
Fraternité Matin
Commentaires Facebook