Le roi des mines Beny Steinmetz et la corruption en Guinée jugés à Genève

Lundi s’est ouvert ouvre devant le Tribunal correctionnel de Genève le procès de Beny Steinmetz. Le Franco-Israélien de 64 ans, qui a fait fortune dans l’industrie minière et le secteur de l’énergie, est jugé pour corruption et faux dans les titres.

La procédure a pour toile de fond un des plus importants gisements de minerai de fer au monde, dans la région de Simandou, en République de Guinée. Le Ministère public genevois évoque un « pacte de corruption » qui aurait lié d’un côté Benjamin (Beny) Steinmetz et de l’autre l’ancien président guinéen Lansana Conté, mort en 2008, ainsi que la quatrième et plus jeune épouse de l’autocrate disparu, Mamadie Touré, qui vit aujourd’hui aux Etats-Unis.

Selon l’acte d’accusation, Beny Steinmetz aurait versé, dès 2006 et jusqu’en 2012, 10 millions de dollars de pots-de-vin à Mamadie Touré. En échange, BSGR, le groupe du milliardaire franco-israélien, aurait obtenu des concessions pour explorer et exploiter les gisements miniers du Simandou, évinçant une entreprise concurrente.

Beny Steinmetz rejette les accusations dont il fait l’objet. Il plaidera l’acquittement, indique son avocat Marc Bonnant.
Montage financier complexe

Le Ministère public genevois reproche également à Beny Steinmetz d’avoir mis en place un système de sociétés-écrans, de transactions fictives, de prestations fantômes, afin de brouiller les pistes et de pouvoir procéder aux versements de ces dessous-de-table sans éveiller les soupçons des banques et des autorités de surveillance.

« Benjamin Steinmetz conteste avoir versé le moindre centime à Mamadie Touré », souligne son avocat Marc Bonnant. Mme Touré n’avait, de surcroît, pas « la qualité d’agent public », ajoute-t-il. Le prévenu conteste aussi « avoir signé un quelconque et prétendu faux dans les titres ou instigué quiconque à le faire ».

Une femme influente

Mamadie Touré, la veuve de Lansana Conté à qui les pots-de-vin présumés auraient été versés, est dépeinte dans l’acte d’accusation comme une personne ayant eu une grande influence sur son défunt mari, un homme qui aura régné sans partage sur son pays durant 24 ans. Sauf surprise, elle ne viendra pas à Genève témoigner.

Dans un premier temps, la République de Guinée s’était constituée partie plaignante dans la procédure. Conakry a toutefois retiré sa plainte en juin 2019. Depuis cette décision, la Guinée ne dispose plus que d’un statut de lésé dans cette affaire. Elle ne sera représenté par aucun avocat lors du procès.

Dirigé depuis Genève

A l’époque des faits qui sont reprochés à Benjamin Steinmetz, une partie importante de l’activité du Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) était conduite depuis Genève. L’homme d’affaires franco-israélien y était d’ailleurs domicilié. Aujourd’hui, le magnat des mines réside en Israël.

Benjamin Steinmetz ne sera pas seul à être jugé par le Tribunal correctionnel de Genève. Devant également répondre de corruption d’agents publics étrangers et de faux dans les titres, seront assis à ses côtés sur le banc des accusés une femme d’affaires belge de 50 ans ainsi qu’un entrepreneur français de 58 ans.

ats/ther
Rts

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