Pour le journaliste-écrivain et analyste politique André Silver Konan, fondateur du journal Ivoir’Hebdo, « le top management de la presse a un devoir vis-à-vis de l’Afrique. C’est le devoir de la construction d’une conscience citoyenne ». Le journaliste classé parmi les 90 personnalités les plus influentes de Côte d’Ivoire, en 2020 et désigné par les Internautes comme le meilleur éveilleur de consciences de l’année, a été interrogé par Scrib Magazine et sur la Web TV de l’ONG Audace CI de Flore Azoumé, en ce début d’année 2021. Ci-dessous l’intégralité des échanges.
Quel est votre regard rétrospectif sur l’année 2020 et les enseignements que vous en tirez ?
L’année 2020 est une année à vite oublier parce que c’est une année de drames. Déjà dès le 05 janvier 2020, on entrait dans la nouvelle année avec la disparition du Colonel Wattao et les tragédies sociopolitiques ne se sont pas arrêtées. Il y a eu ce séisme religieux avec la disparition de Cheick Boikary Fofana. Ensuite, il y a eu ce séisme politique qui a vu la disparition du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat du RHDP, une disparition qui a bouleversé totalement, alors radicalement, l’échiquier politique en Côte d’Ivoire.
Et cette candidature illégale pour certains, légale pour d’autres, du Président Alassane Ouattara, laquelle candidature a motivé une désobéissance civile légale pour les opposants, illégale pour les dirigeants, sans oublier la crise électorale qui a vu la mort d’au moins 85 morts. De même, il y a eu la mort, en pleine campagne électorale, du ministre Sidiki Diakité.
Sans oublier la pandémie du coronavirus. Donc l’année 2020 est pour moi une année à vite oublier. Le principal enseignement pour moi est que 2020 nous a montré à tel point le genre humain est fragile et quand on est des hommes spirituels, on est amené à se demander, à se poser des questions sur l’utilité ou la vacuité de la vie. C’est vraiment la principale leçon que je tire de cette année 2020.
Quels sont les aspects qui devraient être améliorés dans votre domaine d’activité ?
Je parlerai de la presse parce que nous sommes fondateur d’un journal Ivoir’Hebdo et nous sommes arrivés en début du dernier trimestre. Nous avons découvert les problèmes inhérents à ce secteur d’activité. Ce que je retiens, c’est le rôle que doit maintenir le leadership de la presse, savoir le top management de la presse (parce que pour moi le changement vient plus rapidement quand il est impulsé par le top management et une vision d’un top manager bien structurée est mieux impulsée quand celle-ci vient justement du top manager et qui l’incline au niveau de la base).
Le top management de la presse a un devoir vis-à-vis de l’Afrique. C’est le devoir de la construction d’une conscience citoyenne parce que je le dis de façon constante aussi, nous sommes à une étape cruciale en Afrique, une étape d’éveil de conscience et cette étape d’éveil de conscience qui est le préalable à tout développement, doit être amenée par une certaine élite intellectuelle qui ne fuit pas sa mission, qui ne se dérobe pas vis-à-vis de son rôle. La moisson de la construction de la conscience citoyenne est abondante et elle a besoin d’ouvriers déterminés et courageux au sein de l’élite africaine.
Quels sont vos vœux pour la jeunesse ivoirienne et pour la Côte d’Ivoire pour l’année 2021 ?
2021 pour moi doit être une année d’enracinement de certains éléments de langage. J’en ai principalement deux : principes et valeurs. Ce sont les principes et les valeurs qui sauveront l’Afrique. Nous sommes en train de nous engager dans des sociétés qui ne promeuvent pas forcément l’excellence. L’enrichissement rapide, l’amusement, la déconstruction de la connaissance intellectuelle, etc. Non, nous devons revenir à l’orthodoxie des valeurs et des principes et pour cela, il faut des autorités qui portent ce combat de valeurs et de principes mais il faut aussi des citoyens ordinaires qui poussent à la construction de ces valeurs et de ces principes. Ce sont vraiment mes vœux de 2021. 2021 année de valeurs et de principes et chacun devrait pouvoir s’y mettre au niveau de la jeunesse ivoirienne et africaine.
Interview diffusée en vidéo par ONG AUDACE CI
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