Au niveau politique, il reste au Président de la République à nous proposer un nouveau gouvernement à la date qui lui plaira, et au reste des hommes et femmes politiques à se préparer pour les échéances à venir. La plus proche est l’organisation des élections législatives qui devraient renouveler notre Assemblée nationale. L’opposition s’inscrira-t-elle dans une telle démarche ? Reconnaîtra-t-elle que M. Ouattara est bel et bien le Président élu de la Côte d’Ivoire, qui, pour sa part, a besoin d’avancer sur la route de l’émergence ?
Elle devrait savoir, cette opposition, qu’elle ne trouvera plus d’oreille à l’extérieur pour l’écouter si elle veut encore poser des actes qui s’apparenteraient à une sédition ou à une défiance envers l’autorité. Trouvera-t-elle encore des oreilles en Côte d’Ivoire ? Sans doute oui. Parce que pour les suiveurs de cette opposition, la partie n’est pas encore finie et l’on peut douter qu’elle finisse un jour, tant le principal moteur de notre vie politique est la haine de l’autre. Il y en aura toujours qui, durant tout le nouveau mandat du Président Ouattara, répèteront inlassablement qu’« il a violé la Constitution, donc il est illégitime », tout comme les « Gbagbo ou rien » (Gor) n’ont cessé de répéter depuis 2010 que c’est leur champion qui a gagné l’élection présidentielle, puisque Yao Ndr’é, président de la Cour constitutionnelle d’alors, l’avait dit.
L’opposition, qui visiblement est en panne de stratégie, avait cru pouvoir parvenir au pouvoir en créant un fumeux Conseil national de transition (Cnt). Après la réaction des autorités, elle a vite dissous ce Cnt et essayé de reprendre la main en proposant un saugrenu dialogue national qui discuterait d’une nouvelle Constitution et d’une nouvelle élection présidentielle. Une idée qui fut vite enterrée elle aussi. Nous sortira-t-elle encore quelque chose d’autre de sa manche ? Rien n’est à exclure.
Le Président de la République, pour sa part, a demandé au Premier ministre de reprendre le dialogue avec l’opposition en vue de sa participation aux législatives prochaines. L’annonce d’un boycott de ce scrutin risquerait de diviser profondément cette opposition, tant il existe en son sein des hommes et des femmes qui n’ont aucune envie de sacrifier leur carrière politique pour satisfaire les lubies de vieux leaders qui ont largement terminé les leurs. Comme me l’a dit mon frère Félix, le Parti démocratique de Côte d’ivoire (Pdci) peut décréter un boycott des législatives, mais les candidats du Pdci seront dans la course. Ceux d’Affi y participeront également, même si leur leader n’a pas d’ici là recouvré la liberté, et de nombreux Gor y iront en indépendants.
La partie serait-elle ainsi terminée pour celui dont le retour au pouvoir est devenu une obsession, et pour ceux qui, bien que ne représentant absolument rien, ou si peu, aimeraient cependant participer aussi au pouvoir ? Parmi ces derniers, il y a ceux qui président des partis fantomatiques, et ceux qui ont rejoint récemment l’opposition pour n’avoir pas été choisis comme héritiers d’Alassane Ouattara.
Le rêve du premier est de bouter l’actuel locataire du palais présidentiel hors de ces locaux, et l’on peut parier qu’il est actuellement à la recherche de nouveaux moyens pour y parvenir. Il avait appelé à de grandes marches dans tout le pays. Trouvera-t-il des marcheurs ? Pour les autres, le rêve est celui d’un gouvernement d’union auquel ils seraient appelés. Le Chef de l’État y est-il disposé ? Rien n’est moins sûr. Mais si un tel gouvernement devait voir le jour, ce serait plutôt avec des partis significatifs. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’utilité de tels gouvernements d’union où certains ministres prennent leurs instructions ailleurs qu’auprès du Président de la République.
Le Président Ouattara a annoncé ses ambitions pour la Côte d’Ivoire au cours de ce mandat. Il doit, pour résumer, rendre droit ce qui ne l’est pas encore, corriger ce qui n’est pas correct, et faire en sorte que la jeunesse ivoirienne ne soit pas une nouvelle bombe prête à exploser, faute d’espoir d’une vie meilleure. Il ne pourra atteindre cet objectif qu’en y travaillant avec une équipe qui partage cette vision, qui n’a pas un autre agenda, et surtout qui ne reçoit d’instructions que de lui.
Et l’homme de Bruxelles ? Il a déjà eu ses passeports, et a priori rien ne s’oppose à son retour au pays. Sauf qu’il n’en a pas encore fini avec ses ennuis judiciaires. Il pourrait certainement rentrer à la fin de ceux-ci, et reprendre sa place à la tête de son parti, en mettant sous l’éteignoir son épouse Simone et Affi N’Guessan, et également le Sphinx de Daoukro qui comptait sur lui pour revenir au pouvoir. Dès lors qu’il serait revenu au pays, il n’aurait plus aucune raison de faire la passe à son vieil adversaire qu’est le leader du Pdci. Lequel risque de faire face à une fronde au sein de sa formation dont de nombreux cadres se demandent dans quelle galère ils voguent. Les grincements de dents commencent à se faire entendre à l’extérieur du parti. Affaire à suivre.
Par Venance Konan
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