A peine a-t-il prêté serment que le président Alassane Ouattara décide d’un réaménagement technique du gouvernement. L’on s’attendait, selon une certaine coutume gouvernementale à une démission du Premier ministre et donc du gouvernement suivi de la nomination ou du renouvellement de la confiance au PM sortant. Ouattara opte pour la temporisation et fait le service minimum en attendant sans doute un changement en profondeur de l’équipe après les législatives annoncées pour le premier trimestre 2021. Pour des observateurs, il fallait pourtant donner maintenant le signal que l’on a vraiment changé de République et donc rompre avec les mêmes têtes que l’on voit depuis dix ans pour certaines. Mais bref !
Pour l’instant Kouadio Konan Bertin, seul candidat ayant défié Ouattara dans les urnes le 31 octobre 2020, hérite du portefeuille de la Réconciliation nationale, un chantier que Ouattara a promis de réactiver hier, dans son discours à la nation.
Outre KKB, le général Diomandé Vagondo cumule désormais la sécurité et l’administration du territoire. Il est à présent ministre de l’Intérieur plein, un portefeuille qui avait été scindé lors d’un précédent réaménagement technique.
Si Vagondo est un homme du sérail, un fidèle de Ouattara, La tâche pour KKB s’annonce ardue. Dans un contexte de désaffection de l’opinion, KKB que de nombreux ivoiriens voulaient voir jeter l’éponge à la dernière consultation électorale pour rejoindre l’opposition qui prônait la désobéissance civile, a fait un croc-en-jambe parfait. Il est resté zen dans sa posture jusqu’au bout, s’offrant même un hélicoptère pour aller voter à Lakota le jour du scrutin. Crime de lèse-majesté, selon ces mêmes, qui depuis, ne portent vraiment plus KKB dans leur cœur. Il est devenu l’homme à abattre. De mauvaises le considèrent comme l’ennemi de la République et de la réconciliation.
Ses détracteurs se comptent aussi bien au sein de la classe politique que dans la société civile. Dans ces conditions, on voit mal comment l’ancien député de Port-Bouët pourrait réussir sa mission de réconciliation, étant lui-même vu comme un élément de discorde et de division. Il est un transfuge du Pdci et n’a pas hésité à porter le glaive contre son parti pour se hisser dans la short-list des candidats à la présidentielle 2020. Pour beaucoup, moins qu’un désir avéré de réconciliation, Ado récompense plutôt un homme pour service rendu, en »légitimant » sa réélection de la fin octobre.
Mais l’enfant de Bocanda, le neveu des didas de Lakota a pour lui, son outrecuidance et son éloquence. Il a plus d’un tour dans son sac et saura sans doute choisir sa méthode et ses mots pour donner corps et contenu à sa nouvelle mission qu’il avait d’ailleurs entamée auprès du chef de l’état dans un passé récent quand après un détour par La Haye, il avait fait le tour des états-majors politiques pour livrer sa vision de la cohésion. Il avait à cet effet rencontré Alassane Ouattara et des chefs de communautés à Abidjan.
C’est au pied du mur qu’on voit le vrai maçon, dit un adage et KKB aura à prouver qu’il n’a pas en sa possession un gadget pour se faire ensevelir politiquement mais plutôt une opportunité pour se racheter.
SD à Abidjan
Ministre de la réconciliation! Comme si ça va servir à quelque chose à l’heure actuelle!