La condamnation de Yodé et Siro fait « jaser » les opposants en Côte-d’Ivoire (PAPIER D’ANGLE)

Edwige FIENDE

En Côte d’Ivoire, la condamnation de Yodé et Siro à 12 mois de prison avec sursis pour « outrage à magistrat » apparait comme une violation de « la liberté d’exprimer ses idées et ses opinions garantie par la Constitution » chez des opposants qui ont affiché leur « soutien » au duo.

Jeudi, la justice ivoirienne a condamné le duo d’artistes zouglou formé par Dally Djédjé et Sylvain Aba, plus connus sous leurs noms Yodé et Siro, à un an de prison avec sursis et à une amende de 5 millions de FCFA chacun pour avoir accusé le procureur de la République de ne poursuivre que les opposants.

Ils ont été reconnus coupables d' »outrage à magistrat, discrédit sur l’institution judiciaire et diffusion d’informations mensongères ». Une décision vivement critiquée par l’opposition.

Ces chanteurs bénéficient du soutien de personnalités politiques de l’opposition dont le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) Henri Konan Bédié, mais aussi de l’ex-président Laurent Gbagbo.

« Yodé et Siro ont décidé de se mettre au service de la nation à travers des chansons engagées et critiques » et « ont dit tout haut ce que les Ivoiriens pensent tout bas », s’est exprimé M.Bédié après la décision.

Lui qui a commis deux avocats à la défense de Yodé et Siro reproche à la justice ivoirienne d’avoir « montré une fois encore qu’elle est instrumentalisée ».

Au cours d’un concert dimanche à l’espace dénommé « L’internat » dans la commune de Yopougon (Ouest d’Abidjan) Siro a nommément indexé le procureur d’Abidjan sur sa gestion des dossiers relatifs aux violences électorales qui ont officiellement causé la mort de 85 personnes dans des affrontements entre partisans du pouvoir et de l’opposition, notamment l’orientation des poursuites judiciaires vers « un seul camp ».

Dans une improvisation sans vouloir « nuire », Siro a demandé d’ »Aller dire au procureur Adou Richard qu’un mort, c’est un mort. On ne passe pas son temps à chercher les petits Baoulé (ethnie du centre de la Côte d’Ivoire) dans les villages pendant que les gens sont ici avec des machettes et ils sont bien identifiés ».

L’ancien ministre Gnamien Konan, fondateur du mouvement politique « La Nouvelle Côte d’Ivoire » fait partie des opposants qui ont réagi après le procès.

Il juge « bizarre et étonnant » la condamnation « des chanteurs dont la fonction sociale amène habituellement à décrire, interpeller, dénoncer, caricaturer ».

Au Front populaire ivoirien (FPI), la poursuite engagée contre les artistes a été perçue comme une « humiliation », alors que pour leur leader M. Gbagbo Yodé et Siro « n’ont fait qu’user de leur liberté d’expression ».

L’ancien leader des jeunes patriotes Charles Blé Goudé partage cet avis sur sa page Facebook. Yodé et Siro « ont vaincu la peur pour rester fidèles à (leur) mission de porter la voix du peuple », affirme t-il.

La condamnation des deux artistes intervient alors que des responsables de l’opposition ont été incarcérés suite aux violences électorales.

Sur leur page Facebook, Yodé et Siro n’ont pas manqué de traduire leur reconnaissance aux fans qui s’étaient mobilisés et à la vingtaine d’avocats « venus pour que la messe de la vérité soit dite ».

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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