(Agence Ecofin) – La Côte d’Ivoire a effectué récemment sa cinquième émission d’Eurobonds sur le marché financier international à des conditions très favorables. Plusieurs facteurs ont permis le succès de cette opération qui témoigne de la persistance de confiance des investisseurs dans les fondamentaux du pays.
Le 24 novembre 2020, la Côte d’Ivoire a réalisé une nouvelle émission d’Eurobonds sur le marché financier international qui a permis de mobiliser un milliard d’Euros, soit environ 656 milliards FCFA, sur une maturité de 10 ans, aux conditions très favorables de 5%.
Le montant initial recherché au cours de cette sortie, la première du genre effectuée sur le marché international par un pays d’Afrique subsaharienne depuis le début de la pandémie à Covid-19, était d’un milliard d’euros sur une maturité supérieure à 10 ans et un rendement de 5,5%.
L’opération co-arrangée par les banques BNP Paribas, JP Morgan et Standard Chartered comportait deux volets. La première phase consistait à mobiliser des ressources à hauteur de 150 milliards FCFA pour financer les investissements prioritaires prévus au budget 2020. La deuxième phase qui concerne le montant restant d’environ 500 milliards FCFA, a consisté au rachat de trois (03) séries d’Eurobonds en vie sur le marché.
Faire baisser la pression sur le marché régional
Plusieurs raisons ont guidé la réalisation de cette émission obligataire sur le marché international. D’abord, il faut noter que cette opération s’inscrit dans le cadre de la Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme de la Côte d’Ivoire, convenue avec le Fonds Monétaire International (FMI). Elle vise notamment (i) à réduire le risque de refinancement et des pics de maturité à court et moyen terme, (ii) l’allongement de la maturité moyenne de la dette publique et (iii) la réduction de la part de la dette publique exposée aux fluctuations de change.
Le recours au marché international vient également du fait que le marché financier régional de l’UEMOA a été beaucoup sollicité par les huit Etats membres en vue d’honorer les dépenses additionnelles générées par la pandémie à la Covid-19. La Côte d’Ivoire, en sa qualité de premier émetteur de ce marché local, devait y réduire son recours afin de permettre aux autres pays, qui n’ont pas accès au marché international, de combler leurs besoins financiers.
Dans le même temps, le marché international qui a été peu sollicité pendant la crise sanitaire en raison des financements apportés par les Institutions de Bretton Woods (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale), présente une forte liquidité actuellement, avec des taux d’intérêt relativement bas.
« Ceci explique le timing que nous avons choisi. Grâce à ce timing bien choisi, nous avons pu obtenir un taux exceptionnel de 5% qui est un signe évident du succès de cette opération », a déclaré le ministre de l’économie et des finances, Adama Coulibaly.
La Côte d’Ivoire garde la confiance des investisseurs
Un véritable engouement des investisseurs internationaux sur les titres émis par la Côte d’Ivoire a été observé au cours de cette opération. Pour preuve, le carnet des intentions de souscription a dépassé 5 milliards d’euros, soit plus de 5 fois le montant recherché. Finalement, après l’adjudication, le montant d’un milliard d’Euros a été retenu, sur une maturité de 10 ans et 5,00 % de taux de rendement. Pour le ministre, « ce taux témoigne de la qualité de leaderhsip du président de la République et de la signature de notre pays ». Selon des données compilées par Bloomberg, la demande pour les eurobonds du pays a augmenté, faisant grimper leurs prix de 6,9% sur le mois d’octobre. La valeur des eurobonds ivoiriens a ainsi affiché la plus forte progression en Afrique au cours du mois analysé, bien mieux que le Kenya, le Ghana et l’Afrique du Sud.
Les recettes du succès
Selon le ministre, plusieurs facteurs importants ont permis le succès de cette émission d’obligations sur le marché financier international par la Côte d’Ivoire. « Depuis l’accession au pouvoir de SEM Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire bénéficie de la confiance des investisseurs présents sur les marchés. D’ailleurs, les nombreux succès réalisés lors des précédentes émissions en sont la preuve », tient à rassurer Adama Coulibaly. Ajoutant : « Récemment, avec les violences observées à l’occasion des élections présidentielles, l’on aurait pu croire que cette confiance ait été ébranlée. Pourtant, durant la même période, les investisseurs ont affiché un intérêt remarqué pour les titres d’emprunt internationaux émis par la Côte-d’Ivoire ».
L’appel au dialogue avec l’opposition lancé par le Président Alassane Ouattara, au lendemain de la confirmation de son élection par le Conseil Constitutionnel, a, en effet, permis « d’apaiser le climat » et « les violences observées dans quelques villes de l’intérieur ont cessé ». « Cela a montré une fois de plus, la capacité de notre pays à sortir des crises et c’est cette réalité qui a contribué à rassurer les investisseurs », se réjouit le ministre de l’économie et des finances.
Par ailleurs, les performances économiques que la Côte d’Ivoire a enregistrées ces dernières années, avec une croissance moyenne de plus de 7% de 2012 à 2019 ont envoyé un signal positif à tous les partenaires. Ces performances ont été confirmées encore en 2020, notamment grâce à la mise en œuvre du Programme Economique et Financier 2016-2020 conclu avec le FMI. Contrairement à la plupart des pays du monde, et particulièrement ceux d’Afrique subsaharienne, la croissance ivoirienne ressortirait positive, avec un taux de 1,8% en 2020, en dépit de l’impact de la Covid19. Cette résilience de l’économie est soutenue par les mesure prises par le Gouvernement pour faire face à cette pandémie. Enfin, un fait rare dans le contexte actuel, on notera le maintien de la notation financière de la Côte d’Ivoire par les agences Moody’s (Ba3, perspective stable) et Fitch (B+, perspective positive) parmi les plus élevées d’Afrique subsaharienne.
La Cote d’Ivoire, depuis 1960 a toujours été un pays qui attire les capitaux étrangers. Peu importe la situation sociopolitique et du régime(dictatorial ou pas) en place.