Anselme BLAGNON
« Il faut que les autorités essaient de voir comment alléger les mesures pour nous permettre de reprendre nos activités », soupire Edmond Gnamien, employé d’une société de transport assurant le transport routier interurbain de voyageurs dans la sous-région ouest-africaine, plus de huit mois après la fermeture des frontières pour limiter la propagation de la Covid-19.
Installé dans un bureau à l’entrée de la gare STC à Treichville (Abidjan Sud) où aucun bus n’est visible, Edmond, la quarantaine, échange avec un collègue pour perdre du temps, en raison du manque d’activité.
« Actuellement, une grande partie du personnel est à la maison, nous venons difficilement et repartons » dans les mêmes conditions, explique le quadragénaire, selon qui « tout est à plat. »
Comme plusieurs pays dans le monde, la Côte d’Ivoire a décidé le 16 mars de fermer ses frontières terrestres, afin de limiter la propagation du coronavirus. Une mesure toujours en vigueur au désespoir des transporteurs.
A la gare G.T.S. dans la commune abidjanaise de Marcory, une compagnie de transport reliant Abidjan à Accra, Lomé et Cotonou, le portail reste fermé, comme pour témoigner d’une suspension momentanée des activités avec un car stationné.
Si les locaux du transporteur routier nigérien Sonef à Koumassi sont ouverts, leurs cars sont également immobilisés. Idem pour le transporteur STIF où le hangar réservé aux voyageurs internationaux est complètement désert.
« C’est une grosse perte pour tout le monde », souligne Lassiné Diarra, employé de la société SBTA, soutenant pour l’heure « les compagnies reliant exclusivement les villes de la sous-région » ouest-africaine, « n’arrivent pas à voyager » à cause de cette mesure qui perdure. En attendant, la compagnie, pour laquelle il travaille, a décidé de se rabattre sur les villes de l’intérieur qu’elle dessert également.
« Notre souhait, c’est qu’ils (les autorités) ouvrent les frontières pour qu’on commence à travailler », car « on n’a pas le choix » lance le jeune homme, assis sur un banc, entouré de deux de ses amis.
La fermeture prolongée des frontières a poussé le président de la Confédération des syndicats de conducteurs routiers d’Afrique de l’Ouest (CSCRAO), Koné Vafing, à plaider le 22 septembre auprès des chefs d’Etats de la sous-région, en faveur de la réouverture des frontières fermées depuis huit mois, du fait de la pandémie de la COVID-19.
Pour la continuité de ses activités, le transporteur ghanéen poursuit avec le transit des marchandises, avec quelques difficultés, selon Edmond Gnamien, car il faut attendre que le cargo soit chargé, ce qui n’est plus régulièrement le cas. « Le cargo part rarement, parce que s’il y a assez, c’est là qu’on fait un chargement, s’il n’y a pas de colis, on est là, on attend jusqu’à ce que les colis soient un peu beaucoup pour que le cargo puisse charger. »
« Ça ne va pas du tout, on perd la clientèle, les gens sont découragés », poursuit Edmond, évoquant des charges familiales avec le niveau de la vie élevé à Abidjan. Bien avant la mise en œuvre de la mesure, il se remémore l’activité qui était « correcte » avec les « voyages quotidiens à Accra et ceux vers Lomé et Cotonou programmés trois fois dans la semaine, maudissant la crise sanitaire qui a « tout gâté » avec son corollaire.
L’employé suggère aux autorités d’ouvrir les frontières terrestres en imposant des conditions (test négatif, port cache-nez, respect distanciation sociale) à l’image du transport aérien, pour permettre aux opérateurs de vivre de leurs activités.
« Nous nous sentons beaucoup oubliés, le côté terrestre routier a été oublié des autorités on n’a pas eu d’accompagnement, il faut qu’ils aient pitié de nous pour revoir la situation des sociétés qui font le transport terrestre », supplie-t-il avec désespoir.
Aux leaders de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le quadragénaire demande de « prendre le problème (fermeture des frontières) en considération » plutôt que de se concentrer que sur la tenue des élections présidentielles, pour permettre aux sociétés de transport de reprendre progressivement leurs activités.
A cause de la fermeture des frontières ivoiriennes, décrétée pour faire face à l’épidémie de coronavirus, des circuits parallèles se sont créés, dénonce l’employé, estimant que cela « ne fait pas du bien aux sociétés qui sont à plat. »
Les sommes que les sociétés devaient « gagner sont perçues parallèlement par des passeurs clandestins, ce qui n’est pas bon », fulmine-t-il, évoquant des manques à gagner pour les compagnies, d’où son appel à la réouverture des frontières pour « permettre aux travailleurs d’avoir quelque chose pour survivre. »
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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