Diego Maradona et sa parenthèse en Côte-d’Ivoire en…1981

Au lendemain de la disparition de Diego Maradona, retour sur l’un des épisodes méconnus de sa carrière : son passage en Côte d’Ivoire, à l’automne 1981, avec son club de Boca Juniors.

5 octobre 1981 à Abidjan. Celle qui est encore la capitale de la Côte d’Ivoire s’apprête à recevoir en grandes pompes le Boca Juniors, sacré champion du tournoi «Metropolitano» d’Argentine et emmené par sa jeune vedette Diego Maradona. Ce n’est pas la première fois que le club «xeneize» se déplace sur le continent africain : en janvier 1964, il a affronté le Stade de Reims de Raymond Kopa au Maroc. Dix-sept ans plus tard, le club est invité à disputer un tournoi en compagnie de l’ASEC, du Stade d’Abidjan, premier vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1966, et du Stella d’Adjamé, finaliste de la première édition de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1975.

En Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire, nul n’ignore le talent phénoménal du jeune Maradona, dont le nom circule sur la planète football depuis quelques années déjà. Pour pouvoir conserver cette pépite que le football européen aimerait bien lui subtiliser, Boca Juniors paie cher la jeune idole. Le club a donc besoin de cash, ce qui explique ce tournoi auquel le club a accepté d’associer son nom. Il empochera 180 000 dollars, dont 36 000 rien que pour le Pibe de Oro. À son arrivée à l’aéroport de Port-Bouët, la chronique raconte que Maradona sera fasciné par l’accueil de ces Ivoiriens qui n’ont d’yeux que pour lui et scandent son prénom avec affection. De quoi réchauffer son cœur pour longtemps. Il prend ses quartiers dans le luxueux hôtel Ivoire, chambre 229.

Un doublé puis combat rugueux

Partout dans la ville située sur les bords de la lagune Ebrié, des affiches vantent et vendent ce tournoi à l’initiative du Stade d’Abidjan, présidé par Maître Mondon. Le lendemain de leur arrivée, Maradona et consorts en décousent avec le Stade, qu’ils écrasent (5-2). Maradona inscrit un doublé au passage, aux 76e et 80e minutes, complétant le triplé de son collègue Osvaldo «Pichi» Escudero. Les «Yéyé» – le surnom des joueurs stadistes emmenés par un remarquable Laurent Madou Zahui – n’ont pas pesé bien lourd face à ce Boca qui est venu pour remporter la Coupe.

Deux jours plus tard, Boca défie l’ASEC en finale, après que les «Mimos» aient éliminé le Stella aux tirs au but. Mais le match de gala tourne par instants à la bagarre sur le terrain. Malgré la rugosité des débats, les Argentins s’imposeront 3-2, mais Maradona ne marquera pas, cette fois. À l’arrivée, ils lèvent le trophée dans le ciel étoilé ivoirien. Le «Pibe» et ses amis quittent l’hôtel le vendredi 9 octobre au petit matin, trophées en mains et dollars dans les poches. Abidjan n’oubliera jamais le passage de ce gaucher au visage d’ange et aux boucles brunes. Qui aura l’occasion, bien plus tard, de croiser de nouveau sur son chemin des équipes africaines, comme le Cameroun lors de l’ouverture de la CDM 1990 (défaite 0-1) ou encore le Nigeria pendant le premier tour du tournoi mondial 1994 aux Etats-Unis (victoire 2-1). Mais ceci est une autre histoire.

Frank Simon
Francefootball

Maradona, un génie du football, est parti

Diego Armando Maradona est mort. Une nouvelle qui a un impact national et mondial. Des millions de personnes le pleurent et se souviennent de lui pour ses merveilleuses prouesses, dans un pré ou dans des stades modernes, à Villa Fiorito, Argentinos, Boca, Newell’s, Naples, Barcelone ou l’équipe nationale. Celle qui durera dans les T-shirts imprimés dans les endroits les plus reculés de la terre. Celui qui devait sortir sur le terrain en criant « Maradooooo »… pour qu’il puisse les rendre heureux au milieu de tant de malaria. C’est ainsi que le meilleur joueur de tous les temps est reconnu aujourd’hui.

Celui qui est né dans un quartier pauvre en disant à travers une vidéo en noir et blanc que son plus grand rêve était de devenir champion du monde, et il y est arrivé. Celui qui a ébloui en peignant le visage de Gatti et de Fillol. Au Diego, qui a ébloui par sa longue carrière en inscrivant le meilleur but de la Coupe du monde, qui 34 ans plus tard nous remplit encore de larmes, quatre ans après que des centaines de soldats argentins aient donné leur vie dans les Malouines.

D’autre part, celui qui a tenu tête à la FIFA pour dénoncer les mafieux de Joao Havelange alors qu’aucun joueur majeur ne l’avait fait, ainsi qu’en formant un syndicat de football. Celui qui s’est opposé à l’AFA de Grondona et a dit à l’ancien pape que s’il était tellement soucieux au sujet des pauvres, il devrait vendre l’or du Vatican, bien qu’il se soit ensuite lié d’amitié avec le pape François. Il n’a pas hésité à monter dans un train pour répudier l’ALCA de Bush à Mar del Plata, dans une digne attitude anti-impérialiste.

Sa personnalité a transcendé les terrains de football, avec ses avantages et ses inconvénients. La star du football qui avait ses lumières et ses ombres s’en va. Reconnaître son football magique, ne justifie pas sa conduite politique ou personnelle.

Sa personnalité avait ses lumières et ses ombres. Il avait des facettes très contradictoires au-delà de son génie du football incontestable. Bien que Maradona ait tatoué la figure du Che, il a suivi à tort le péronisme, du ménémisme au kirchnerisme, et a soutenu avec enthousiasme le dictateur Maduro. Il s’est comporté de manière répugnante et a été dénoncé pour violence sexuelle. Il a dû reconnaître ses filles et ses fils à l’issue de procédures judiciaires et a fait preuve d’un machisme pathétique. Des comportements qui sont bien mis en évidence dans son dernier adieu par ceux qui, à juste titre, ne font pas taire, et ne feront pas taire non plus les comportements machistes et misogynes de toute personne célèbre, aussi idolâtre soit-elle.

Interrogé dans une interview sur ce qu’il dirait face à sa mort, Maradona a répondu : « Je mettrais une pierre tombale qui dit : « Gracias a la pelota” (Grâce au ballon). Pour ce qu’il a fait avec le ballon et non pour ses positions politiques ou personnelles, ceux d’entre nous qui aimons le football se souviendront de lui comme des millions d’autres.

25/11/2020
José Roldán
Izquierda Socialista de Argentina

http://www.izquierdasocialista.org.ar/2020/index.php/blog/para-la-web/item/18386-se-fue-maradona-un-genio-del-futbol

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