Conseil politique du Rhdp – Bilan de l’après-élection, Ouattara trace le nouveau canevas et évoque sa rencontre avec Bédié
Un pavé jeté dans la marre de l’opposition
Un peu plus de deux semaines après l’élection du 31 octobre 2020, le président du Rhdp (Parti présidentiel), Alassane Ouattara et ses lieutenants se sont invités à une analyse de la situation sociopolitique mardi 17 novembre à Sofitel Hôtel Ivoire.
Dans une salle archicomble, les militants et cadres du parti avaient soif d’informations mais voulaient surtout avoir le cœur net sur la conduite à tenir face à la nouvelle donne. C’est que, après sa victoire confirmée par le conseil constitutionnel, le président du parti qui cumule cette fonction avec celle de président de la République avait pris la résolution de régler la situation trouble d’après élection par la voie du dialogue. C’était là, pour lui, la voie pour réduire les tensions qui persistent encore sur fond de désobéissance civile, un appel lancé peu avant le scrutin par l’opposition pour contrer ce qu’elle qualifiait de manque de transparence et de crédibilité de l’élection.
Mais Alassane Ouattara avait également à cœur d’entendre les militants de base auxquels ce conseil a été élargi.
Débutée peu après 17h, la réunion a duré plus d’une heure et demie. Six quarts d’heures au cours desquels quatre importants discours ont été entendus dont celui du président Alassane Ouattara. « Nous avons eu des moments difficiles. Nous avons été meurtris. Nous avons perdu 87 personnes pendant cette période électorale. C’était un moment douloureux et ce n’était pas nécessaire. Il faut dire que la Côte d’Ivoire mérite mieux et la classe politique devra tirer les leçons nécessaires », a-t-il commencé son discours après avoir fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes des violences électorales. Alassane Ouattara a rendu un hommage à ses hommes pour leur apport dans sa victoire à l’élection qu’il considère comme importante et essentielle pour la stabilité du pays. Évidemment, il a tiré la couverture sur son camp, le présentant comme la victime des violences et des provocations de l’opposition. « Notre victoire est le fruit du travail de chacun des militants de notre grand parti », a-t-il exalté entre félicitations et expression de sa joie.
Si Alassane Ouattara fait valoir qu’il opte pour le dialogue pour apaiser les tensions, il n’a pas manqué de brandir la carotte en faisant le mauvais procès des opposants qui avaient demandé le report de l’élection en vue d’une meilleure organisation. Il moque même ceux qui ont lancé l’appel à la désobéissance civile en déclarant que les ivoiriens ont désobéi à la désobéissance civile avec les nombreux embouteillages revenus à Abidjan, signe de (re)vitalité. « Les fauteurs de troubles, il faut les mettre de côté, ils n’apporteront rien à la Côte d’Ivoire », ajoute-t-il faisant certainement allusion à Guillaume Soro et Pascal Affi N’guessan détenu au secret. Poursuivant sur sa lancée, Alassane Ouattara qui dans son discours à la nation, le 9 novembre 2020, a choisi Henri Konan Bédié comme seul interlocuteur, n’a pas manqué de révéler un pan de leur huis clos quand ils se sont retrouvés à l’hôtel du Golf le 11 novembre 2020 pour une prise de contact. Et si l’on ne peut pour l’instant douter de la sincérité du chef de l’Etat qui entame un 3e mandat, il y a tout de même à s’interroger sur sa révélation quelque peu curieuse en ce qu’elle avait tout l’air de semer la zizanie dans le camp de l’opposition. C’est sans compter avec la fameuse maxime ‘’diviser pour régner’’. Si l’opposition mise sur cette entrevue pour faire aboutir ses revendications restées jusque-là lettre morte, Alassane Ouattara, lui, en a une autre idée. Le champion du Rhdp a informé ses militants qu’à l’hôtel du Golf, il a tenté de rappeler Konan Bédié à leur souvenir commun comme pour heurter sa conscience dans sa posture actuelle. Morceau choisi :
« L’hôtel du Golf, c’est tout un symbole parce que nous avons été enfermés pendant quatre mois et demie à l’hôtel du Golf. Oui ! Quatre mois et demie et je l’ai rappelé au président Bédié. J’ai dit mais président, nous étions là ensemble, n’est-ce pas ? Et qui nous a mis ici en ce moment-là, en 2010 ? Je dis mais nous étions là, quatre mois et demie, du 1er novembre jusqu’au 11 avril. Je dis mais président, un jour je suis venu vous voir, c’était en janvier dans votre chambre. J’ai dit mais président, l’Onuci et la force Licorne ont sécurisé Daoukro donc je pense que ce serait, je vous demande fraternellement que vous puissiez accepter que j’organise avec l’ambassadeur Simon (Jean Marc, ambassadeur de France au moment des faits, ndlr) que vous soyez transporté par hélico à Daoukro. Parce qu’on ne sait pas combien de temps on va rester à l’hôtel du Golf mais moi, je suis prêt à y rester pour le reste du mandat que le peuple m’a confié. Et le président Bédié m’a répondu et je l’ai lui ai rappelé le mercredi. Il m’a dit non, Alassane je reste avec toi. Donc si nous avons choisi l’hôtel du Golf pour tous ceux qui se font des idées sur une transition, ils peuvent toujours rêver, il n’y aura pas de transition en Côte d’Ivoire. »
Sur un autre ton, Alassane Ouattara, comme cela lui a été conseillé par son directeur de campagne Patrick Achi, a réitéré son offre de dialogue et insisté que ce dialogue se passera avec les plus importants partis du pays que sont le Rhdp, le Fpi et le Pdci. Pour lui, hormis ceux-ci, il n’y a plus rien sur l’échiquier politique ivoirien. Il zappe ainsi le Gps de Guillaume Soro et tous ces petits partis qui servaient jusque-là de faire-valoir au dialogue politique.
Ce conseil politique a servi de tribune pour traiter des questions internes liées à la conduite de la campagne présidentielle sur le terrain. Depuis la fin des opérations électorales, des grincements de dents se font jour au sein de la famille politique. De nombreuses récriminations provenant des militants font savoir que les responsables du Rhdp ont eu les moyens financiers nécessaires mais n’ont pas été généreux avec les militants dans les régions. Toute chose qui a créé un certain désintérêt chez les jeunes qui ne se sont pas bousculés pour aller exprimer leur choix quand bien même ils en ont eu la possibilité dans certaines localités. Alassane Ouattara a promis d’en tirer toutes les conséquences après le point qui lui sera fait.
SD à Abidjan
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