Le récit de la traque de Pascal A N’Guessan
Par Jeune Afrique 16 novembre 2020
Le président du Front populaire ivoirien (FPI) a été interpellé le 6 novembre. Voici, en exclusivité, comment les autorités ont mis fin à la cavale de l’opposant.
Le gouvernement ivoirien, qui l’accusait de « sédition », a tout mis en œuvre pour le localiser, utilisant parfois les moyens destinés à la lutte contre le terrorisme. Une opération a été pilotée par le bureau enquête du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO), dont le commandant est le colonel Inza Fofana, alias « Gruman ».
Cette structure, créée en 2013 sur recommandation du cabinet américain Jefferson Waterman International (JWI), est placée sous la tutelle de la présidence, mais son centre opérationnel se trouve au sein du cabinet du ministre de la Sécurité, Diomandé Vagondo.
La cavale de Pascal A N’Guessan, qui restait constamment en mouvement et changeait régulièrement d’abri, a été suivie en direct par la présidence.
Le 6 novembre, la Direction de l’information et des traces technologiques (DITT) reçoit une alerte.
Après avoir échoué à se faire accueillir dans plusieurs chancelleries, le président du Front populaire ivoirien (FPI) va tenter de rejoindre la résidence de l’ambassadeur d’Afrique du Sud, située à Cocody-Ambassades, dans le centre d’Abidjan. Une souricière est installée dans ce périmètre, mais Pascal A, N’Guessan ne vient pas.
Il est ensuite de nouveau signalé à Anyama, une banlieue au nord de la ville placée sur la route internationale de l’est du pays. Le bureau enquête du CCDO détache plusieurs équipes pour l’arrêter.
Il est finalement repéré et interpellé dans le village d’Abié, dans la sous-préfecture d’Agou (un bastion des pro-Gbagbo), avec Jean Marie Adou Konin, son chargé de mission, et Jérôme Koua Konin, un agent de la police nationale, en service à l’école de police d’Abidjan. Son chauffeur est un capitaine de gendarmerie qui a pris la fuite avec les clés du véhicule.
D’autres gendarmes, également présents sur le site, n’acceptent pas de remettre l’opposant aux agents du CCDO. S’en suit une altercation entre les deux équipes, qui amène le bureau enquête à embarquer Pascal A, N’Guessan de force pour le reconduire à Abidjan.
Mais, quelques kilomètres plus loin, au niveau du corridor d’Azaguié, de nouveaux gendarmes tirent des coups de feu sur les véhicules, qui parviennent à s’échapper.
Un deuxième accrochage, plus sérieux, a ensuite lieu au péage d’Anyama. Une escorte de gendarmes, qui circulent à bord de véhicules de transport de troupes, coupe la route au cortège et exige la remise du prisonnier.
Second refus des hommes du colonel Gruman. Les forces en présence échangent des tirs, avant que les hommes du CCDO ne forcent le passage, et regagnent finalement Abidjan.
La présidence suspecte certains éléments de la gendarmerie d’avoir aidé Pascal A, N’Guessan à prendre la fuite. Interrogé à ce sujet par les autorités, le commandement supérieur de la gendarmerie a démenti, rétorquant qu’aucune opération n’était en cours dans les zones où les accrochages se sont déroulés.
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