L’expression est de Henri Konan Bédié à l’issue de son tête-à-tête avec Alassane Ouattara à l’hôtel du golf, mercredi 11 novembre : « Nous avons brisé le mur de glace, du silence ».
Les deux hommes ne s’étaient plus revus depuis un peu plus de deux ans et le cours de l’histoire les a placés dans des positions antithétiques après une idylle de 13 ans (2005-2018).
Pour la Côte d’ivoire et pour la sécurité des populations ivoiriennes, cette rencontre vaut un pesant d’or.
Faut-il le rappeler, le contexte sociopolitique dans lequel intervient cette entrevue n’est pas des plus reluisants. L’élection du 31 octobre est passée laissant un tableau sombre du tissu social ivoirien. Huit mille nouveaux réfugiés dans les pays voisins, 85 morts selon un bilan du gouvernement, plus de 100, selon d’autres sources. Et ce n’est peut-être pas fini tant certaines populations pestent encore contre le 3e mandat d’Alassane Ouattara obtenu dans des circonstances abracadabrantesques, selon plusieurs rapports d’observateurs indépendants.
C’est une constance en Côte d’ivoire. Les douleurs et meurtrissures des ivoiriens causées par des élections mal organisées ont toujours trouvé leur solution dans des compromis politiques et entre politiques au détriment des victimes. Il en a été ainsi en 1995 après des élections boycottées activement par le front républicain constitué en ce temps-là, du Fpi et du Rdr. En 2000, Laurent Gbagbo est élu dans des conditions calamiteuses, selon son propre terme. Il prête serment sur des dizaines de corps fumants mais retrouvera quelques jours plus tard le général Robert Guéi à Yamoussoukro et les deux hommes ont fait la paix. En 2010, des organisations dénombrent 3000 morts après une crise postélectorale. Le vainqueur Alassane Ouattara décide de régler cette affaire par la voie judiciaire mais le compromis politique s’est finalement imposé à lui, en faisant quelques concessions majeures par la libération de prisonniers et le retour des exilés. On peut poursuivre ce raisonnement.
Aujourd’hui on en est à parler de dialogue entre Bédié et Ouattara. Les observateurs de la scène politique s’en délectent déjà. Ce dialogue qui se met en place aujourd’hui avait été pourtant préconisé comme panacée par la plupart des organisations politiques, sociales et internationales qui comptent. Le président Ouattara qui avait une autre idée derrière la tête y avait opposé une fin de non-recevoir en ironisant sur cette offre de dialogue lors d’un meeting de campagne, avant de raviser quelques jours après le vote. Mais trop tard, les opposants Affi et Bédié qui venaient de créer leur CNT, à l’image des Maliens, avaient vite fait de lui opposer une fin de non-recevoir.
Évidemment, il ne pouvait en être autrement dans cette lutte pour le pouvoir. Ouattara a bien flairé le coup. Il savait pertinemment que ses opposants s’étaient ligués contre son 3e mandat et ne pouvant les satisfaire, tout dialogue avec ses opposants devenait dès lors, impossible. Les opposants eux aussi, sur de leur coup, avec un Soro en France qui appelait l’armée à faire un coup-d’état pour le pour leur compte, n’étaient pas eux aussi prêts à participer à un quelconque dialogue, sauf à leurs conditions évidemment.
Or, il aurait fallu commencer par le dialogue, au pays d’Houphouët qui en a fait une seconde religion. Cela aurait permis d’éviter tant de morts, tant de prisonniers et tant d’exilés. Par coutume, la pratique politique a démontré que la gouvernance en Côte d’ivoire peut se défaire de la loi et se faire à coups d’accords politiques. Les accords de Linas Marcoussis en 2003 avaient ainsi régulé la vie politique au détriment des lois nationales après le coup d’état manqué de 2002 jusqu’aux élections générales de 2010. Ceci pour dire que dans le contexte de crise préélectorale qui prévalait déjà peu avant la tenue de l’élection du 31 octobre, nécessitait un accord entre les couches sociopolitiques du pays afin de prévenir la situation funeste actuelle. Un report de l’élection en vue d’une meilleure préparation n’aurait pas été vu comme un déni de la loi si tel était la volonté commune des ivoiriens.
Mais on ne refera pas l’histoire. Nous voici dans l’hypocrisie ivoirienne, la manipulation des masses pour se donner bonne conscience. Faire valoir qu’on est adeptes du dialogue alors qu’à la vérité nous en sommes les principaux négateurs. Après 85 morts, comment les pauvres populations blessées dans leur chair, livrées à des hordes d’assassins sans défense dans un pays qui compte des brigades de gendarmerie et des légions militaires, peuvent-elles pardonner aux politiques qui viennent de reprendre leur jeu favori ? Peuvent-ils accepter aujourd’hui ce qu’ils n’ont pas accepté hier même avec l’insistance des organisations sous régionales, africaines et internationales ? À quels résultats probants peut vraiment conduire ce nouveau dialogue dont les contours sont difficilement cernables et pour lequel chacun voudra faire monter les enchères se mettant dans la posture du meilleur avocat du peuple ? Bédié et Ouattara peuvent-ils lâcher du lest, après avoir chacun expérimenté la capacité de nuisance de son adversaire ?
Une chose est sûre, le peuple ivoirien dans son ensemble en a assez des tribulations d’une classe politique qui au lieu de lui ouvrir des sentiers de l’espérance le contraint plutôt au déchirement et au délitement. Pour sûr, si des leçons ne sont pas définitivement tirées, il ne faudrait pas s’étonner si dans sa lassitude, le peuple voudra sonner la révolte afin qu’advienne cette nouvelle classe politique tant réclamée.
C’est pourquoi il ne faut pas ruser avec ce nouveau round de dialogue inter-ivoirien. Il faut mettre sur la table toutes les questions y compris celles qui fâchent. De sorte que, seule la confrontation des idées puisse accoucher d’un nouveau pacte de confiance qui mette fin à trente années de coups donnés et de vengeances.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Cette copie théâtrale de « Gbi-de-Fer » de DRAMANE devrait avoir lieu avant les élections Présidentielles. …… Je ne comprends pas pourquoi DRAMANE cherche á faire une paix IMPOSSIBLE avec HKB…… je crois que KKB est l’opposant le mieux placé en Cote d’Ivoire , avec qui DRAMANE doit réconcilier les Ivoiriens. ,,,,,,,,,,,,,,, @SRIKA a TOUJOURS dit qu’une élection arrangée et taillée sur mesure dans notre pays produit les mêmes fruits ACIDES depuis 27 ans….