Les militaires surreprésentés au Conseil national de transition
La répartition des sièges du futur Conseil national de transition est critiquée par la classe politique et la société civile.
Sur les 121 membres qui doivent composer le Conseil national de transition (CNT), les forces de défense et de sécurité semblent être les mieux représentés. Les militaires, en plus des 22 sièges obtenus, seront chargés de désigner les autres parlementaires à travers Hassimi Goita, le cerveau du coup d’Etat du 18 août en sa qualité de vice-président de la transition.
Dans les décrets publiés mardi (10.11) dans le journal officiel, la société civile dispose de neuf sièges et le M5-RFP de huit sièges.
Au sein de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) on dénonce un mépris envers les acteurs politiques. C’est ce qu’explique Amadou Aya, secrétaire général adjoint de la Codem :
« Pour nous, le CNT est un organe législatif. En tant que tel, il doit être une représentation de l’ensemble des couches du pays, des Maliens. Nous avons compris que c’est une volonté manifeste des militaires d’avoir la mainmise sur cette institution qui est une institution éminemment politique. 22 sièges pour les militaires contre onze pour les politiques pour plus de 140 partis politiques. Cela relève d’une certaine pirouette que les militaires ont eu à jouer. Mais ça ne passera pas. Ce coup ne passera pas parce que c’est du mépris par rapport à la classe politique. »
Les femmes sous-représentées
Avec quatre sièges, les femmes se sentent également marginalisées. Celles-ci revendiquent au moins 30% des sièges conformément à la loi 052 qui fait la promotion de l’accès des femmes aux fonctions électives et nominatives au Mali.
Coumba Bah est membre du Réseau des femmes leaders africaines pour la transformation de l’Afrique :
« Si nous le voulons, nous pouvons peut-être demander que soit précisé que toutes les nominations devraient au moins respecter la loi 052 pour qu’au final, on se retrouve avec un minimum de 30% dans la composition du CNT qui doit contenir 121 membres. Normalement 36 de ces 121 devaient être des femmes. Mais on avait demandé que pour compenser le manque et la violation grave qu’on a eu au niveau du gouvernement, parce que nous n’avons eu que 16% des postes, qu’au minimum 40% des membres du CNT soient des femmes. »
Pour Abdoulaye Guindo, journaliste-bloggeur au sein de la plateforme Benbere, les militaires du CNSP ne cachent plus leurs ambitions.
« Lorsqu’on regarde le gouvernement, ils se sont taillé la part du lion. Lorsqu’on regarde le nombre de sièges réservés aux militaires qui est largement supérieur au nombre de places réservées à la société civile et aux partis politiques, on remarque la volonté de l’armée de pouvoir recaser tous les putschistes tapis dans l’ombre. Tout porte à croire qu’un militaire sera le président du CNT. »
Les candidats souhaitant postuler pour occuper les sièges du CNT avaient jusqu’à ce jeudi (12.10) pour déposer leur dossier.
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