Christian Charles KOSSONOU
A Bonoua (Est d’Abidjan), où l’atmosphère était sous haute tension pendant la campagne du scrutin présidentiel du 31 octobre, le manque de forces de l’ordre dans certains centres de vote a poussé des agents électoraux à fermer dans la mi-journée, contrairement à la loi électorale qui dispose que les bureaux de vote doivent rester ouverts pour une durée de 10 heures.
Au collège Christ-Roi, bâti sur un étage de deux niveaux, avec une dizaine de salles de classe et un portail principal peint en marron, aucun n’électeur n’est en vu ce samedi à 12H 50, en dehors des agents électoraux qui abhorrent des chasubles aux couleurs du drapeau national (Orange-Blanc-Vert).
« Nous ne sommes pas en sécurité (car) il y a un seul agent des forces de l’ordre. Et on ne peut pas sacrifier nos vies pour trois électeurs », s’est indigné le président du bureau de vote N°4, Dosso Drissa, apeuré par la situation. « On s’apprête à aller déposer (les premiers votes) à la Commission électorale indépendante (CEI) », a-t-il fait savoir, la voix tremblotante.
Dans un autre bureau de vote de Chris-Roi, une femme, la trentaine révolue, avec une forte corpulence, manifeste quant à elle sa peur, tout en étant sur ses gardes. « Mon frère, nous ne sommes pas en sécurité. Mais nous ne voulons pas (en parler), parce que nous sommes des fonctionnaires », a-t-elle relevé, la peur au ventre.
A quelques encablures de là, à l’école Impérie, située dans un bas-fond, à environ 500 m de l’artère principale de ville, le décor est pareil, à une différence près: les forces de l’ordre ont déserté ce lieu de vote, selon le récit des agents électoraux.
« Les soldats nous ont dit que la situation est train de se détériorer en ville, donc ils ont été appelés en renfort », a révélé un autre président de bureau de vote, sous le couvert de l’anonymat, la tristesse dans la voix.
« Nous rentrons à la maison parce que (les forces de l’ordre) ont refusé d’assurer notre sécurité. Ils sont venus à moto nous dire qu’ils vont sécuriser un autre coin », a déploré Danda Koné, représentante du candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, pouvoir).
Face à cette situation, Impérie et Chris-Roi ont respectivement fermé à 14H 10 et 14 H 30 minutes.
Dans les centres de vote dénommés « Bonoua 1 et 3 », les portails sont carrément fermés. Aucune opération de vote ne s’y déroule.
Un responsable de la CEI locale explique que cette situation n’est pas de leur ressort. « Depuis vendredi nuit, à partir de 22 H, les jeunes ont barré les voies. La voie était coupée. On ne pouvait pas convoyer les matériels (électoraux). On a appelé notre superviseur pour l’informer, mais on n’a pas encore trouvé une suite favorable », a-t-il tenu à expliquer.
Interrogé sur la question de l’absence de forces de l’ordre dans certains centres de vote et la fermeture des bureaux dans la mi-journée, contrairement aux dispositions légales, les responsables de la Gendarmerie nationale de Bonoua ont refusé de se prononcer sur la question.
Dans cette localité située à 50 km à l’Est d’Abidjan, des violences communautaires ont fait au moins un mort, suite à l’appel à la désobéissance civile lancé par l’opposition ivoirienne « pour faire barrage à la candidature illégale » du président Alassane Ouattara à un troisième mandat.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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