Emmanuel de Kouassi | Connectionivoirienne
Les élections présidentielles depuis la disparition du père fondateur de la Côte-d’Ivoire moderne, ont été des occasions d’affrontements entre les héritiers d’Houphouët eux-mêmes (le Pdci et le Rdr), et la gauche incarnée par son charismatique chef Laurent Gbagbo.
Nous voici à quelques jours des échéances présidentielles de 2020 tant attendues avec son corollaire de tensions, violences et vrai-faux débats qui puisent l’essentiel de leurs origines dans l’interprétation faite d’une disposition de la nouvelle loi fondamentale en son article183 qui stipule : La législation actuellement en vigueur en Côte d’Ivoire reste applicable, sauf l’intervention de textes nouveaux, en ce qu’elle n’a rien de contraire à la présente Constitution ».
Le parti au pouvoir et l’opposition ont des positions diamétralement opposées sur l’esprit et la lettre de cette disposition de la constitution. A la vérité, il s’agit de dire si oui ou non l’article 35 de la Constitution de juillet 2000 qui stipule que “Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois(…). Il doit déclarer son patrimoine et en justifier l’origine » est applicable au candidat sortant Alassane Ouatarra.
Oui, répond l’opposition quand les Faucons du Rhdp affirment la main sur le cœur que leur champion peut candidater pour un premier mandat dans la troisième république.
Et nous voici plongés dans une crise pré-électorale qui annonce des jours sombres pour notre pays. Cette guerre des nerfs a le mérite de mettre en lumière les scénarios des échéances présidentielles de 2025.
On nous dira certainement qu’il est trop tôt pour évoquer les échéances électorales de 2025 alors même que celle du 31 octobre prochain semble être hypothéquée en raison d’un dialogue de sourd entre le parti au pouvoir(Rhdp) et l’opposition. Que sera la Côte d’ivoire au soir du 31 octobre 2020 semble être là l’unique préoccupation pour l’heure, oubliant par ce fait que l’anticipation nous permet de comprendre et d’éviter les crises à venir.
LE MATCH DES HÉRITIERS
Les choses se précisent pour 2025 en ce qui concerne les échéances électorales notamment les élections présidentielles. Sans la prétention de détenir la vérité ou de détenir les qualités d’un devin ou d’un marabout nous pouvons néanmoins et/ou humblement affirmer sous réserve que le pouvoir vient de Dieu et que c’est lui qui choisit et impose les Hommes quand il veut et comme il veut.
LES POTENTIELS HÉRITIERS
HAMED BAKAYOKO (HAMBACK)
Hamed Bakayoko, né le 8 mars 1965 à Abidjan chef du gouvernement depuis 2020, il est aussi ministre de la Défense depuis 2017 et maire la mythique commune d’Abobo depuis 2018. Fidèle parmi les fidèles d’Alassane Ouattara. Hamback comme l’appelle affectueusement Ouattara lui-même est le fils du père. Il a été de tous les combats. L’homme jouit d’une popularité au sein du Rdr. Depuis le décès de son prédécesseur à la primature, Amadou Gon Coulibaly, c’est lui désormais qui est en première ligne sur tous les dossiers qui engagent la survie du Rdr. Il incarne l’alternance au Rdr et il le sait. Ministre de la sécurité et de l’intérieur puis ministre de la défense, Hamback semble connaître mieux que quiconque au Rdr les codes de la république. Sauf cataclysme, l’homme a un boulevard pour revendiquer la plus grosse part de l’héritage politique de l’actuel locataire du palais du plateau et affronter ses adversaires lors des échéances présidentielles de 2025.
CHARLES BLÉ GOUDÉ (GBAPÊ)
Charles Blé Goudé est né le 1er janvier 1972 à Niagbrahio dans l’ouest de la Côte d’ivoire. Ancien leader de la fesci, Charles blé Goudé est un fidèle parmi les fidèles de Laurent Gbagbo sans être militant ou membre du front populaire ivoirien(Fpi). A la tête de la galaxie patriotique, il se pose en bouclier pour sauver le pouvoir de Laurent Gbagbo pendant la crise politico-militaire de 2002-2011. Lorsque Laurent Gbagbo tombe aux mains des forces favorables à Ouattara en avril 2011, Charles Blé Goudé arrive à sortir d’Abidjan pour se retrouver au Ghana. Le 16 janvier 2013, il est arrêté par les autorités ghanéennes et remis aux autorités ivoiriennes le lendemain pour être extradé. Après plus d’un an de détention à la direction de la sécurité du territoire(Dst), Charles Blé Goudé est transféré à la CPI le samedi 22 mars 2014. Ce proche de l’ex-président Laurent Gbagbo est accusé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale. Il retrouve Laurent Gbagbo qui avait déjà été transféré dans cette prison. Il partage le quotidien de Laurent Gbagbo son mentor pendant ses 5 années de détention. Le 15 janvier 2019 il est acquitté ainsi que son mentor et libéré sous conditions.
Dans une certaine conscience collective, c’est lui l’héritier politique de Laurent Gbagbo et il en est conscient qu’il soutient lui-même: « Je serai là quand Gbagbo dira qu’il est fatigué ».
C’est avec sa propre popularité et celle de son mentor que l’homme ira aux batailles de 2025 au nez et à la barbe des vrais militants du Fpi. Mieux, charles Blé Goudé pourrait être l’héritier de la gauche ivoirienne, s’il arrive à réunir tout le FPI de Gbagbo derrière sa personne.
Ce qui n’est pas le cas actuellement. Et, last but not least n’oublions pas Damana Adia Pickass que Laurent Gbagbo lui-même a une fois désigné comme son successeur au FPI.
KOUADIO KONAN BERTIN (KKB)
Kouadio Konan Bertin, dit « KKB », né le 28 décembre 1968 à Lakota dans l’ouest de la Côte d’ivoire de père Baoulé et de mère Dida. Ancien président des jeunes du Pdci-RDA. Ancien député et candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre prochain. Il continue de se réclamer comme un des dignes héritiers d’houphouët Boigny. L’homme avait un boulevard pour être l’héritier du sphinx de Daoukro. Bertin comme l’appelle Bédié lui-même est l’enfant de la famille. Mais Bertin vient une fois encore de désobéir à papa Bédié après que ce dernier a dit lui pardonner son indiscipline du passé. KKB oublie que le Pdci est un parti de droite et conservateur qui fait du respect du « Chef » une valeur cardinale. À droite mais surtout sous nos cieux, il y a des valeurs et des principes à ne pas violer et/ou bafouer. La droite n’est pas la gauche où un militant peut se permettre d’appeler Laurent Gbagbo « camarade ». En défiant la candidature de Bédié qui en réalité est la candidature de son dernier combat, Kkb ne peut se permettre de revendiquer une part de l’héritage politique de ce dernier. Il a franchi la ligne rouge et je vois les Jean-Louis Billon, Thierry Tanoh et autres se frotter les mains.
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