Le Financial Times, quotidien anglais de réputation se fait l’écho des tractations entre Ouattara, Macron et Tidjane Thiam.
(Agence Ecofin) – Tidjane Thiam, ancien directeur général du Crédit suisse serait vu par Paris comme une personnalité capable de faire baisser la tension politique en Côte d’Ivoire à l’approche de la présidentielle. C’est ce que soutient The Financial Times, citant des sources proches des autorités françaises.
Le nom de l’ex-directeur du Crédit suisse et actuel administrateur chez Kering, Tidjane Thiam, a été évoqué par le président français, Emmanuel Macron, lors d’une rencontre à l’Elysée le 4 septembre avec le président ivoirien, Alassane Ouattara, pour désamorcer la tension politique à quelques semaines de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, révèle The Financial Times.
Citant trois sources anonymes, le journal britannique dans sa parution du 7 octobre 2020 soutient qu’Emmanuel Macron aurait fait savoir à son homologue ivoirien que Paris verrait favorablement Tidjane Thiam à un poste de haut niveau dans une future administration Ouattara, si celui-ci venait à remporter la présidentielle.
Une proposition qu’aurait rejetée Alassane Ouattara, de même que celle évoquant un report de l’élection présidentielle.
Le chef de l’Etat français aurait par ailleurs tenté de dissuader le président sortant ivoirien de briguer un troisième mandat fortement contesté et jugé inconstitutionnel par l’opposition et une partie de la société civile. L’Elysée étant favorable à un transfert du pouvoir à une jeune génération, tout en craignant que la perspective d’une contestation des résultats ne conduise à des affrontements violents après la crise post-électorale qu’a connue le pays en 2010-2011.
Selon les sources citées par journal britannique, les efforts diplomatiques du président français ont été perçus comme une ingérence à l’ancienne par Alassane Ouattara.
Interrogés par The Financial Times, les services de l’Elysée ont refusé de commenter ces informations. Toutefois, un responsable français a confié au journal que les deux chefs d’Etat ont eu une discussion « franche et transparente » lors du déjeuner. Ajoutant qu’Emmanuel Macron « est en faveur d’une transition démocratique, et il n’y en a pas ».
Alors qu’il bénéficie d’un réseau de partisans qui tente de se structurer depuis des mois – plusieurs groupes sur les réseaux sociaux s’étant constitués pour le soutenir – en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam continue d’entretenir le mystère sur ses véritables ambitions politiques dans le pays.
A l’occasion de la fête nationale de la Côte d’Ivoire, le 7 août dernier, ce membre de la famille de l’ancien président Félix Houphouët Boigny avait adressé un message aux Ivoiriens.
A la suite des manifestations consécutives à l’annonce du président sortant Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat qui s’étaient soldées par une trentaine de morts, M. Thiam a déclaré le 1er septembre sur TV5 que « les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour avoir une élection apaisée, crédible, inclusive et qui se déroule sans incident. Or, en l’absence de ces conditions, on risque de repartir dans un cycle que l’on a trop bien connu, de résultats d’élections qui sont contestés, donc non acceptés et de violences ».
Il a par ailleurs révélé qu’il a à ce moment « deux obsessions ». « La première, c’est de stopper la montée de la violence et la deuxième, c’est de préparer l’avenir. Mais la première est urgente, c’est la plus importante et je consacre tous mes efforts actuellement à éviter la montée de la violence et certains de ces efforts commencent à porter leurs fruits ».
Réputé proche du PDCI d’Henri Konan Bédié, Tidjane Thiam, âgé de 58 ans, n’est pas novice dans la conduite des affaires publiques. Premier citoyen ivoirien diplômé de l’Ecole polytechnique de Paris, il a été directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) de Côte d’Ivoire de 1994 à 1999. Fonction qu’il a combinée avec celle de ministre du Plan et du Développement à partir de 1998.
A ce titre, Tidjane Thiam est l’initiateur de plusieurs grands projets d’infrastructures dans le pays, dont plusieurs ont été inaugurés sous le mandat du président Alassane Ouattara.
Borgia Kobri
Photo: AFP/Getty
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