Déclaration de l’USP
La Côte d’Ivoire traverse une longue crise multiforme, multisectorielle depuis plusieurs décennies.
De 1995 à 2020, cela fait 25 ans que la Côte d’Ivoire est méconnaissable suite aux combats parfois sans compromis entre 3 leaders politiques dominants. Il s’agit des présidents Gbagbo ; Ouattara et Bédié. En effet, Gbagbo s’est allié à Ouattara pour fragiliser le pouvoir de Bédié et faciliter sa chute. Ouattara s’est allié à Bédié pour fragiliser le pouvoir de Gbagbo, l’arrêter et le détenir à la CPI. Aujourd’hui, Bédié s’est rapproché de Gbagbo pour vaincre Ouattara. De toutes ces alliances souvent contre nature, rupture d’alliances suivies de trahison, de courroux et enfin de violence, se détruit aussi la vie de nos pauvres populations divisées parfois sur des bases ethniques, religieuses et régionales.
Au cours de toutes ces années, l’organisation des élections présidentielles aux dates constitutionnelles a été perçue comme gage de la démocratie et de la stabilité de la Côte d’Ivoire. Malheureusement, loin de nous apporter la paix et la stabilité, les élections ivoiriennes conduisent généralement à de vives tensions qui sont le plus souvent suivies de massacres : La guerre post-électorale de 2011 avec des milliers de morts ; les dizaines de morts lors des dernières élections locales, l’annonce de la candidature du président Ouattara pour un 3eme mandat, ayant déjà entrainé des dizaines de morts avant même le début officiel des campagnes ; la décision de la désobéissance civile prise et soutenue par l’ensemble de l’opposition ivoirienne, avec le durcissement du ton et des menaces du régime Ouattara en sont une parfaite illustration.
C’est donc dans un contexte d’un pays profondément divisé ; dans lequel règnent en maitre toutes formes d’injustices telles l’exclusion de certains candidats du fichier électoral dont l’ex président Laurent Gbagbo ; l’ex président de l’assemblée nationale Soro Guillaume, et la déclaration de l’éligibilité du président Ouattara pour un 3eme mandat, contrairement à l’esprit et à la lettre de la constitution ivoirienne ; de rancunes ; de rancœurs ; de haine ou les uns ‘’attendent les autres au tournant’’ que le régime en place s’active pour l’organisation de la présidentielle du 31 Octobre 2020, et cela malgré la protestation de l’opposition, de la société civile, des organisations internationales des droits de l’homme dont la cour africaine des droits de l’homme et des peuples, invitant à l’organisation d’une élection inclusive et crédible.
Pour nous à l’Union Socialiste du Peuple USP, la grave crise que traverse la Côte d’Ivoire, ne peut se résoudre par la simple organisation d’une élection présidentielle si crédible qu’elle soit, ou par le simple remplacement d’un président par un autre ou d’un parti par un autre au pouvoir comme tente de le faire le pouvoir Ouattara, ou comme le croient nos partenaires occidentaux.
Ce n’est ni par le départ immédiat de Ouattara ou par le retour au pouvoir du président Bédié ou Gbagbo que nous trouverons une solution durable à la crise de notre pays.
Cette crise qui n’a que trop duré, a en vérité affecté non seulement le corps, mais aussi l’âme de la Côte d’Ivoire. Sa résolution nécessite l’intervention et l’usage des moyens constitutionnels et politiques exceptionnels, mais aussi le rassemblement de tous les fils et filles de la Côte d’ivoire, y compris la présence effective du président Gbagbo en côte d’ivoire autour de la même table avec les présidents Bédié et Ouattara pour la recherche d’un compromis, en vue de tendre vers un consensus national, par la mise en place d’un gouvernement de transition à la fin du mandat du président Ouattara. Nous demandons en conséquence au Président Ouattara de mettre fin au processus électoral en cours et de se référer aux dispositions pertinentes de notre constitution pour enclencher une transition politique en Côte d’Ivoire.
Ce gouvernement de transition de 2 à 4 ans aura pour tâche entre autres les devoirs traditionnels de tout Etat, de faire l’état des lieux, de revoir et de reformer de façon consensuelle, sans passion, et dans l’intérêt supérieur de la nation, l’ensemble des institutions de notre pays, en vue de le doter de nouvelles institutions conformes à nos besoins et capables de faire face aux défis de l’avenir. A ce sujet, le fait d’avoir les présidents Bédié, Ouattara, Gbagbo et des grands sachants comme les professeurs Bamba Morifere et Francis Wodie tous vivants, doit être perçu comme une chance à saisir par ces présidents eux-mêmes, et par la nation toute entière, particulièrement à un moment ou ces leaders trop dominants tendent vers leur retraite politique, et qu’une nouvelle génération doit être préparée à assumer.
Le gouvernement de transition que notre parti l’Union Socialiste du Peuple (USP) réclame depuis le 1er Mars 2018 doit servir de cadre de rassemblement, de discussions de toutes les forces politiques, sociales en vue de renouveler la fraternité, de réactiver la confiance, et de prendre les mesures nécessaires pour passer le témoin dans la paix, à une nouvelle génération d’hommes politiques en temps opportun.
L’Union Socialiste du Peuple (USP) demande à la classe politique dominante de la Côte d’Ivoire, qui a été à l’origine de graves conflits violents, de saisir enfin cette opportunité pour éponger son passif, à travers cette transition, avant sa retraite, afin de permettre à la Côte d’Ivoire de demain de vivre dans la paix et la fraternité. A cet effet, le chemin à emprunter pour y arriver, se trouve déjà tracé dans notre constitution d’hier, et même dans celle d’aujourd’hui, avec un exécutif composé d’un président de la république, d’un vice-président et d’un premier ministre : 3 postes que peuvent se partager les présidents Bédié, Ouattara et Gbagbo dans ce gouvernement d’union et de réconciliation, s’ils aiment vraiment la Côte d’Ivoire et ses pauvres populations endeuillées par leurs guerres sans fin.
Un bon leader doit être généreux vis-à-vis de sa jeunesse civile et celle des forces de défense et de sécurité, en évitant de leur ôter la vie dans des confrontations violentes qui peuvent pourtant être évitées par le dialogue et le compromis.
Fait à Londres ce samedi 3 octobre 2020
Le Président Henri TOHOU
Président de l’Union Socialiste du Peuple (USP)
Enseignant des Sciences Politiques et du Droit à l’Université
Juriste Consultant à Londres
Ex candidat à la présidentielle 2010 en Côte d’Ivoire
Site web: www.usp-ci.com
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