Lebanco.net
Commentaire
Une élection présidentielle est le rendez-vous d’un homme et du peuple avec son corollaire de programmes de gouvernance à proposer aux concitoyens. Ainsi les Ivoiriens qui, selon le gouvernement, devrait se rendre aux urnes le 31 octobre prochain, attendent d’apprécier les différents programme de gouvernance.
Alassane Ouattara a annoncé à Bongouanou, le 12 septembre dernier, que le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Patrick Achi, est le Coordinateur du comité en charge de la rédaction du programme de gouvernance du RHDP. Ce parti est donc au laboratoire.
Le FPI d’Affi N’guessan, on l’imagine, a son diapositif de gouvernance et sait où il entend conduire les Ivoiriens, sur la base de l’existant. Même avec des faiblesses endogènes et exogènes, Affi N’guessan y croit. Sans tambour ni trompette, l’homme, par un réalisme politique, a réussi depuis sa sortie de prison, la prise de contrôle du FPI d’après crise, et à glaner de sérieux points. Il a redoré le blason du parti à la rose et aux deux doigts et réussi à battre Aka Véronique, jusque-là indéboulonnable député et présidente du conseil régional du Moronou ! Sacré Affi !
Le 12 septembre dernier, Henri Konan Bédié dévoilait sa stratégie de gouvernance depuis la place Jean-Paul II de Yamoussoukro. Du haut de ses 86 ans, il a ajouté un plus à sa stratégie : la désobéissance civile. Houphouët-Boigny dont il se revendique héritier politique, a dû se retourner dans sa tombe.
Quand Bédié ne vend pas la réconciliation nationale pour une Côte d’Ivoire rassemblée, comme si chaque jour, des sortes d’anti-balaka attaquaient d’autres citoyens, c’est de l’huile qu’il verse sur le feu.
Que ce genre d’appel quasi insurrectionnel provienne des pseudo-socialistes en quête de repère idéologique, aurait été bien assimilé mais de Bédié, c’est trop gros. Le PDCI-RDA ne peut et ne saurait être à court d’arguments avec un candidat bien connu sur la sphère politique !
Mais la réalité s’impose aux sempiternels négateurs de l’évidence (pour reprendre son expression) : le candidat de l’ancien parti unique est devant l’évidence du terrain non préparé. Après avoir cogéré le pouvoir d’Etat avec Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié s’y prend tardivement pour le coincer. Il n’a pas suivi la transformation de l’économiste arrivé du FMI en un redoutable adversaire politique dont le flegme surprend ses adversaires. Bédié est à la croisée des chemins et joue la bravade.
A force de rester le doigt brandi sur la lune, il ne s’est pas rendu compte que ses concitoyens ont leur quotidien à gérer, surtout en cette période de rentrée scolaire où les parents s’arrachent les cheveux.
Adduction en eau potable, électricité, éducation nationale, enseignement supérieur et recherche scientifique, aide à l’autonomisation des jeunes diplômés et des femmes : il y a tant à faire mais le vieux n’a pas évolué avec le temps. Depuis le 24 décembre 1999 à nos jours, la Côte d’Ivoire a changé et les Ivoiriens également.
Nos acteurs politiques dont les egos surdimensionnés créent des angoisses à leurs concitoyens, devraient justement les avoir en pitié. La grande majorité des Ivoiriens se débat pour la survie quotidienne. Aujourd’hui, avoir un toit est le rêve de chacun d’entre nous. Tout le monde n’aspire pas à faire de la politique politicienne.
Dans un monde où les questions économiques ont de loin supplanté les idéologies politiques des années 70, où la Chine a pris solidement pied sur le continent africain, la Grande Bretagne fuit l’Union européenne, ne pas se rendre compte que des choses ont évolué est faire preuve de mauvaise foi.
Oui, des choses ont changé. Si Félix Houphouët-Boigny était encore en vie, il n’aurait pas la même politique qu’au début de sa gouvernance. On parle aujourd’hui de start up, d’économie verte, des notions que « le cerveau politique de premier ordre » selon le général de Gaulle, n’aurait pas assimilées.
Les choses changent avec le temps et il serait heureux pour la classe politique ivoirienne de s’adapter. Le suivisme moutonnier est révolu car la jeunesse que l’on tend à manipuler fréquente des universités, des grandes écoles, est abonnée aux groupes de discussion sur Facebook…
Quoiqu’il existe des inconscients utiles pour les sales besognes dont ils ne perçoivent pas la portée pour leur quotidien, la majorité de la jeunesse ivoirienne a bien le souci de se construire. Avec peut-être l’espoir d’avoir la vie de Bédié et de sa famille, si son appel à la désobéissance civile ne conduit pas le pays aux abords de l’abîme.
Adam’s Régis Souaga
Commentaires Facebook