STRATÉGIE D’ENFERMEMENT. Entre Alassane Ouattara et les partenaires extérieurs, c’est le jeu du chat et de la souris.
Si tout le monde est d’accord pour l’organisation de la présidentielle, les pierres d’achoppement concernent l’agenda et le modus operandi.
Partout, le chef de l’État ivoirien jure que le scrutin aura bel et bien lieu le samedi 31 octobre 2020. Malgré les protestations de l’Opposition qu’il raille, il promet une élection transparente et pacifique.
Mais de l’ONU à l’Union européenne en passant par les États-Unis d’Amérique, les partenaires extérieurs n’ont cessé de doucher son enthousiasme. Ils freinent des quatre fers. Face au climat politique délétère consécutif à un processus électoral biaisé, ils s’activent pour un report en douceur du scrutin.
Aussi, l’unanimité est parfaite dans leur déclaration. Tous exigent « une présidentielle inclusive, transparente, impartiale et équitable ».
C’est sur cette lancée et dans ce jeu de rôle que la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples s’est inscrite. Bénéficiant du paratonnerre de la représentation de l’UE à Abidjan, qui impose implicitement au pouvoir ivoirien « un respect de la justice internationale » et de ses décisions, elle a asséné deux uppercuts aux autorités: à ses yeux, les candidatures de Laurent Gbagbo et Soro Guillaume ne relèvent pas de la provocation comme l’a soutenu Ouattara mais sont un libre exercice de leur droit violé. Aussi, a-t-elle demandé la levée immédiate de tous les obstacles les empêchant d’exercer leurs droits civiques.
C’est une stratégie d’enfermement pour prendre Ouattara au piège. Au pied du mur, il sait qu’il n’a pas les coudées franches et que toute confrontation suicidaire.
Sans financement extérieur, le pays, durement endetté, ne peut organiser la présidentielle: L’UE appuie avec 4.5 millions d’euros, soit 2.951.806.500FCFA, les Nations-Unies assistent à hauteur de 8,1 milliards de nos francs dont une bonne partie relève du PNUD et la France décaisse 131 millions de nos francs.
Et la sagesse africaine enseigne que la main qui donne est toujours en haut de celle qui reçoit.
F. M. Bally
Photo: Alassane Ouattara et Antonio Guterres, au siège de l’ONU.
Commentaires Facebook