Par Connectionivoirienne
Un tribunal néerlandais vient de décider du gel des avoirs d’Exem Energy BV, une société appartenant à Sindika Dokolo, l’époux de la milliardaire angolaise Isabel dos Santos, contre qui courent des accusations de corruption et de détournement de fonds.
Le jeudi 17 septembre 2020 la Cour d’appel d’Amsterdam a en effet décidé de geler les actions acquises par Exem [appartenant au couple] en 2006 lorsqu’elle avait pris une participation lucrative de 40% dans une holding commune, Esperaza, au géant de l’énergie de l’État angolais, Sonangol.
Le tribunal a également ordonné la destitution de Mario Silva, un associé clé de dos Santos et représentant d’Exem, du conseil d’administration d’Esperaza. La cour a aussi ordonné le gel des futurs paiements de dividendes, en attendant le résultat de son enquête.
Exem tire des dividendes grâce à sa participation dans le géant portugais de l’énergie, Galp. Bien que les actions de Galp se négocient désormais à environ la moitié de leur valeur de janvier, la participation vaut toujours environ 400 millions de dollars et la société a un solide historique de paiements de dividendes.
En janvier, le Consortium international des journalistes d’investigation avait détaillé les origines de l’acquisition de Galp/Luanda Leaks, une enquête sur la manière dont la fille aînée de l’ancien dirigeant angolais, José Eduardo dos Santos, avait amassé une fortune.
ICIJ avait notamment montré comment la Sonangol avait financé l’achat par Exem d’Esperaza d’une participation dans Galp, pour 99 millions de dollars, acceptant un paiement initial de seulement 15 millions de dollars, le reste étant dû en décembre 2017.
En 2016, madame dos Santos a été nommée à la tête de Sonangol. L’année suivante, elle avait accepté le remboursement par Exem de sa dette en monnaie angolaise. Des mois après avoir été limogée en novembre 2017 de la tête de la société suite de la destitution de son père du pouvoir, son successeur avait retourné l’argent à Exem, arguant que la dette aurait dû être réglée en euros.
Après le changement de régime en Angola, Sonangol s’était attaché les services de plusieurs avocats. Ceux-ci ont en janvier de cette année demandé au tribunal d’Amsterdam de se prononcer sur les anomalies constatées aux Pays-Bas, un paradis fiscal clé pour dos Santos et Dokolo.
«Cela permet à Esperaza de ne plus subir l’ingérence d’Isabel dos Santos mais surtout, c’est un élément de poids pour mettre en évidence le système mis en place par celle qui est devenue la femme la plus riche d’Afrique pour détourner de l’argent de son pays», ont déclaré les avocats dans un communiqué, ajoutant que la décision aurait un impact significatif sur les nombreuses procédures actuellement en cours dans le monde.
Traduit de l’Anglais / icij.org
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