Pour certains, il aurait rompu le silence. Pour d’autres, il n’a jamais gardé le silence. Francis WODIE, Agrégé de droit public, candidat trois fois malheureux aux élections présidentielles ivoiriennes pour le compte du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT) en 1995 (3,84%), 2000 (5,7%) et 2010 (0,29%), semble être à la croisée des chemins. Cet homme politique de l’opposition, dont la toge universitaire semble engloutie dans le costume du politicien, crie au violeur alors qu’il viole la Constitution ivoirienne.
Nommé Président du Conseil constitutionnel de 2011 à 2015 par le Président Alassane OUATTARA, il démissionna juste avant les élections présidentielles d’octobre 2015. Or, en acceptant d’occuper un poste, on accepte les droits et obligations qui s’y rattachent. Mais voilà que cet agrégé de droit public et homme politique de son Etat, qui veut en découdre avec le Président Alassane OUATTARA, ne parvient plus à se retenir à tel point qu’il viole la Constitution en méconnaissant son obligation de réserve. D’où le violeur qui crie au viol de la Constitution par Alassane OUATTARA et par le Conseil constitutionnel qu’il pourfend pour, selon lui, n’avoir pas respecté la Constitution. En effet, dans un article de presse signé de ses nom et prénoms avec ses titres académique, professionnel et politique et publié le 27 août 2020, il accusait le Président de la République de violer la Constitution et l’invitait à « temporiser le processus électoral, initier un dialogue inclusif sur le code électoral. Une réflexion sur une nouvelle Constitution… ». De même, le 16 septembre écoulé, le Pr. Francis WODIE récidive en critiquant le Conseil constitutionnel de « charcutage du droit constitutionnel » et de « barbarisme juridique médiéval au service d’un groupement politique ». Ces deux articles portent la même signature de leur auteur commun.
Quelle rage ? pourquoi, celui qui dit connaitre le droit constitutionnel et qui prétend vouloir en assurer le respect, viole-t-il volontairement la Constitution dans le silence total ? Si le viol fait mal, pourquoi en commettre? Est-ce par esprit jouissif du mal ou par possession du diable ?
Cela semble anodin et pourrait paraitre banal de lire l’homme politique, le Pr. Francis WODIE, dans la mesure où tous écrivons et donnons notre opinion sur l’actualité juridique et politique. Mais, la violation de la Constitution par le fondateur du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), résulte de ce que Francis WODIE ancien Président du Conseil constitutionnel, a, avant son entrée en fonction, conformément à l’article 129 de la Constitution, prêté serment sur la Constitution devant le Président de la République, en ces termes : « Je m’engage à bien et fidèlement remplir ma fonction, à l’exercer en toute indépendance et en toute impartialité dans le respect de la Constitution, à garder le secret des délibérations et des votes, même après la cessation de mes fonctions, à ne prendre aucune position publique dans les domaines juridique, politique, économique ou social, à ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions relevant de la compétence du Conseil constitutionnel ».
Alors, pourquoi le Pr. Francis WODIE, ancien Président du Conseil Constitutionnel, tire-t-il plaisir à violer la Constitution ? Le silence observé l’encourage-t-il à le faire ? Pour ma part, j’observe que le respect de la loi par soi-même est autant nécessaire que son respect par autrui. Je note par ailleurs, que le Pr. Francis WODIE est le seul ancien membre du Conseil constitutionnel en Côte d’Ivoire, à ne pas respecter cette obligation de réserve. Curieux n’est-ce pas ?
Cet homme politique le Pr. Francis WODIE oublie qu’en 1995, alors que l’ex Président Henri Konan BEDIE avait fait rejeter toutes les candidatures sauf la sienne, il prit part aux élections présidentielles du 22 octobre 1995 malgré le boycott actif du Front républicain, composé du FPI et du RDR. L’histoire retiendra qu’il fut le seul homme politique à légitimer le Président BEDIE (96,16% contre 3,84). Et pourtant, Laurent GBAGBO et Alassane OUATTARA étaient des poids lourds ! Donc silence, le Professeur viole la Constitution.
Dr. GUIBESSONGUI N’Datien Séverin
Docteur en Droit
Avocat à la Cour
Député à l’Assemblée nationale
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