Côte-d’Ivoire: «Pour aller à la réconciliation vraie, il faut d’abord extirper les violences (verbales)», Konan Banny

À moins de deux mois de la prochaine présidentielle, Charles Konan Banny, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle de 2015, est sorti de son long silence. C´était au micro de Denise Eposé de TV5 Afrique.

Nous vous proposons de larges extraits de cette interview de 15mn à voir sous ce lien

« Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les plaies n’ont pas été cicatrisées, on a essayé de cautériser mais nous n’avons pas cicatrisés et il faut très peu de choses pour que tout s’ouvrent à nouveau. Je me demande si notre personnel politique peut se satisfaire de ce qu’on dise qu’elle est le personnel politique le plus inconscient du Monde car la crise a été terrible, la destruction des biens, les morts et moi qui est conduit le processus de la CDVR , j’ai assisté à ce qu’on appelle les audiences publiques. J’ai écouté des ivoiriens qui ont été touchés dans leur chair. Je ne peux pas comprendre qu’on n’ait pas tiré des leçons de cela.

(…)

Il ne doit pas y avoir une justice pour les faibles et une autre pour les forts. Ni une justice aux ordres, elle doit être équitable et je pense que cette justice a été imparfaite puisque nous sortons d’une crise où il y’a eu des morts de partout. On a jugé certains et laissé d’autres…
C’est pour cela , en ce qui me concerne, un an après que la commission fût mise en œuvre, j’ai proposé alors que Laurent Gbagbo était encore à La Haye d’aller le voir et de lui dire qu’il ne pouvait pas se soustraire même s’il n’était pas en liberté du processus de réconciliation qui est en cours et malheureusement, je n’ai pas été entendu et suivi par ceux qui gouvernent .
(…) Pour aller à la réconciliation vraie, il faut commencer par extirper les violences de toutes natures. À commencer par les violences verbales. Et la Côte d’Ivoire ne donne pas un bon exemple.

À cet égard, je n’ai pas du tout apprécié ce qui se passe ces temps-ci avec l’Église catholique et le cardinal. On oublie d’ailleurs que le cardinal ne se lève pas pour dire n’importe quoi. Il ne parle pas en son nom propre, bien-sûr qu’il a dit que c’est à titre personnel mais ne nous voilons pas la face, c’est une pastorale. Il faut que nous réapprenions à nous respecter. On peut ne pas être d’accord mais respecter l’autre. Ce sont ces choses qui vont nous permettre de promouvoir la démocratie, le vivre ensemble et la tolérance. Parce-que sans tout cela nous aurons toujours recours à la Violence.»

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