Annoncé à grands renforts médiatiques et surtout par les réseaux sociaux plus tôt dans la soirée du 31 août 2020, c’est finalement vers 22 h TU que les représentants du préfet démissionnaire se sont présentés à la Commission électorale indépendante pour le dépôt de son dossier.
Quand ils arrivent sur le perron de la résidence N’Gouan qui abrite la Cei pour la déclaration à la presse, il est 22 h 50.
Première observation, le préfet ne s’est pas présenté lui-même, laissant le soin à ceux qui portent son aspiration le faire en la personne du jeune Sio. Cette fois, le préfet ne posera pas son acte à visage découvert, ce qui dénote de ce que sa candidature relevait plus du buzz que d’une réelle volonté de candidature.
Faire le buzz avec une vraie-fausse candidature, s’attirer les médias, voici comment le préfet communicateur aborde ses premiers pas en politique, en commençant par l’occasion que lui offre la présidentielle.
- Sio et ses amis n’ont pu déposer un dossier complet, notamment la liste des parrainages et le reçu de cautionnement de 50 millions de FCFA qui feront rejeter le dossier de plus d’un, dans cette pléthore de candidatures qui s’est abattue sur le Cei ce lundi soir-là. Les représentants du préfet ont embouché la fameuse boutade d’un certain Youssouf Bakayoko, ancien président de la Cei, ‘’il n’est pas minuit’’ quand ils sont interrogés sur la composition du dossier de 12 pièces en ce qui concerne les candidats indépendants.
Dans sa déclaration, M. Sio a dit au nom du préfet qu’il faut faire la politique autrement en Côte d’Ivoire avec l’avènement d’une nouvelle génération. Cette nouvelle génération est malheureusement ostracisée selon lui, et qu’il appartient à la nouvelle génération elle-même de prendre ses responsabilités.
Voici qui justifie l’entrée en politique du préfet Toh Bi. ‘’Il est clair que quand on dépose sa candidature à l’élection présidentielle, c’est pour rentrer en politique’’, a déclaré l’envoyé du candidat.
‘’(…) Les braves paysans, les fonctionnaires, etc. ont apporté beaucoup à notre pays. Ils veulent offrir encore beaucoup à notre pays. Mais avec une politique saine, une politique qui se fait sans la terreur, une politique qui se fait dans un environnement de confiance, une politique qui se fait dans un climat apaisé et qui crée les conditions d’un climat apaisé. Nous pensons que l’ex-préfet d’Abidjan Vincent Toh Bi Irié est celui qui incarne les aspirations des populations qui espèrent dans ce pays par une politique apaisée’’. Tels sont les propos forts de la déclaration faite au nom du haut cadre administratif. Les éléments de langage sont là. Depuis un temps, le préfet médiatique ne regardait plus dans la même direction que ses supérieurs hiérarchiques, lui, l’homme de terrain qui aura entendu et vu ce que notre société, régentée par un ultralibéralisme compte de laissés-pour-compte.
Le préfet a été auprès des populations sinistrées, auprès des couches défavorisées par temps de pluie comme par temps de soleil. Il a touché du doigt les souffrances, il a vu l’agonie des vieilles personnes et des femmes sans le moindre soutien. Il a apporté ses réponses mais ne s’est pas satisfait pensant que l’on pouvait apporter plus au regard des possibilités de notre pays.
C’est à peu près ce que le préfet après de longues heures de silence a laissé transparaitre à travers une vidéo postée sur sa page facebook, près de 24H après le fameux dépôt de son dossier de candidature.
Le décor choisir, le village, le problème de terre, le problème foncier, l’assainissement, la pauvreté, les origines modestes, les propriétaires terriens Ebriés…des thématiques chères à Toh Bi Irié.
Voir ce haut cadre de l’administration, placé à un poste stratégique que celui de préfet d’Abidjan démissionner, en cette période cruciale que traverse la Côte d’Ivoire, était quand même porteur d’un message. Certains ont voulu y voir un acte qui précède sa nomination au cabinet du premier ministre Hamed Bakayoko, mais le préfet vient d’apporter la réplique. Ce qui l’intéresse n’est pas un poste de directeur de cabinet, il l’a déjà été. Il a été dans la haute administration de notre pays, il veut maintenant la tête de cette administration pour changer les choses selon sa vision du monde. C’est un acte lourd de sens et lourd de conséquences qui peut s’interpréter, de prime abord, comme un désaveu du régime Ouattara. Un régime dans lequel ses sorties sur le terrain et ses tribunes médiatiques avaient commencé à déranger ses supérieurs qui le lui ont fait savoir après moults hésitations et agacement.
La candidature du préfet même si l’on sait qu’elle s’arrêtera au battage médiatique, combinée à la sortie du cardinal Kutwa, l’archevêque d’Abidjan, donc le leader de l’Église catholique en Côte d’Ivoire, sont des signaux, disons des voix dissidentes que le régime devrait analyser avec circonspection.
C’est une sorte de NIET retentissant pour le troisième mandat du chef de l’État Alassane Ouattara. Il ne faut pas se leurrer, ce troisième mandat divise et ne fait pas l’unanimité ainsi que l’a dit également Tidiane Thiam, le banquier ivoirien adulé par les milieux financiers internationaux.
SD à Abidjan
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