À deux mois de la présidentielle, Mamadou Touré, ministre et porte-parole adjoint du gouvernement de Côte d’Ivoire, proche d’Alassane Ouattara, se veut rassurant sur le climat politique et dénonce les manipulations de l’opposition.
Une semaine après l’investiture du chef de l’État par son parti et après les émeutes qui ont secoué le pays, le ministre de la Promotion de la jeunesse et de l’Emploi des jeunes, Mamadou Touré, justifie la candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat.
Depuis plusieurs semaines, votre pays connaît des troubles qui ont fait plusieurs morts. N’est-ce pas inquiétant à deux mois de l’élection présidentielle?
Ces troubles restent marginaux et sont le fait de l’opposition, qui s’inscrit dans une logique antidémocratique. Sa stratégie est de créer artificiellement un climat de chaos pour ne pas aller à l’élection. Heureusement, dans l’écrasante majorité des villes et régions du pays, leur mot d’ordre n’est pas suivi.
Ne se dirige-t-on pas cependant vers un scénario semblable à celui qui a conduit à la guerre civile de 2010?
La situation n’a rien à voir avec celle d’il y a dix ans. D’abord, la population a été suffisamment traumatisée par la crise de 2010 pour ne pas vouloir la revivre. Aujourd’hui, nous n’avons plus qu’une seule armée et la police fait son travail correctement. En dix ans, le président Ouattara a remis le pays sur les rails. Nous avons, malgré le Covid, une bonne dynamique économique avec des progrès sur le plan social. Le taux de pauvreté est passé de 55% à 39%. Les velléités de déstabilisation de l’opposition ne peuvent prospérer.
Sauf que cette opposition dit que le pouvoir est de moins en moins démocratique et empêche notamment le déroulement de manifestations…
C’est de la manipulation. Lorsque l’on décide de faire une manifestation sans aucune autorisation préalable et que des jeunes instrumentalisés cassent des commerces, brûlent des pneus, s’attaquent à des citoyens innocents et les tuent, cela n’a rien de démocratique.
Lorsque Guillaume Soro appelle au boycott des élections, au départ du président Ouattara, il s’inscrit dans une logique insurrectionnelle
Deux candidats importants, Guillaume Soro et Laurent Gbagbo, sont empêchés de se présenter au scrutin. Cela n’alimente-t-il pas les frustrations et les violences?
La démocratie c’est aussi l’État de droit, le respect de la loi et des règles. Le code électoral prévoit que toute personne condamnée définitivement ne peut figurer sur la liste électorale. Je m’étonne que Guillaume Soro et Laurent Gbagbo rechignent à s’y conformer.
Lui explique que sa condamnation est le fait d’une justice aux ordres d’un pouvoir devenu « dictatorial »…
Guillaume Soro est un affabulateur, un vendeur d’illusions qui a fui la justice de son pays. Il se prend pour Che Guevara, mais il a soixante ans de retard! Le temps des maquis est terminé. Lorsqu’il appelle au boycott des élections, au départ du président Ouattara, il s’inscrit dans une logique insurrectionnelle. C’est ce qui a guidé toute sa carrière politique. Laurent Gbagbo disait de lui : « Il doit tout aux armes. » Il est en fait l’une des grosses déceptions de notre génération.
Que répondez-vous aux partis d’opposition qui estiment qu’un troisième mandat du président Ouattara serait anticonstitutionnel?
À partir du moment où nous avons une nouvelle Constitution, le président, s’il est élu, en sera à son premier mandat dans cette IIIe République. Le Conseil constitutionnel donnera au moment opportun un avis motivé sur les candidatures des uns et des autres
N’est-ce pas un tour de passe-passe?
Non. Le Conseil constitutionnel, seule instance habilitée à interpréter la Constitution, donnera au moment opportun un avis motivé sur les candidatures des uns et des autres.
Alassane Ouattara a 78 ans. Ne craignez-vous pas le mandat de trop?
Non, il est le seul président en responsabilité à avoir autant œuvré pour la promotion de jeunes cadres. Le Premier ministre n’a que 55 ans, plusieurs ministres sont des quadras. Nous n’avons donc aucune leçon à recevoir. Surtout pas du FPI, qui réclame la candidature de Laurent Gbagbo alors qu’il aurait pu faire monter de jeunes cadres, ou du PDCI avec un Bédié qui aura bientôt 90 ans !
Le climat actuel ne montre-t-il pas un échec de la politique de réconciliation du président?
C’est plutôt un échec de l’opposition. Depuis dix ans, plus de 90% des réfugiés sont rentrés au pays, une loi d’amnistie a rendu la liberté à plus de 800 prisonniers dont Simone Gbagbo. Des milliers de victimes ont été indemnisées. En retour, quels sont les actes posés par l’opposition? Je n’en vois pas. Écoutez les discours de repli identitaire de Simone Gbagbo ou du président Bédié. Regardez les slogans de haine lancés lors des manifestations. Il y a aujourd’hui les forces du chaos qui veulent faire reculer la Côte d’Ivoire et en face celles du progrès qui pensent que le pays doit consolider ses avancées économiques, sociales et politiques avec le président Ouattara.
Par Antoine Malo
Source: Le Journal du Dimanche
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