Déclaration – Conférence de presse de l’Opposition ivoirienne au terme de la révision de la liste électorale et suite à la candidature de m. Alassane Dramane Ouattara pour un troisième mandat
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Mesdames et messieurs les journalistes,
Nous vous remercions d’avoir, aujourd’hui encore, répondu nombreux à notre invitation.
Les partis et groupements politiques de l’opposition ivoirienne organisent cette conférence de presse pour partager avec vous leur analyse et leur position sur les derniers développements de la situation sociopolitique de notre pays. Il s’agit notamment de la déclaration de candidature de M. Alassane Dramane OUATTARA pour un troisième mandat et du processus électoral en cours.
Comme vous le savez, le 06 août 2020, selon la tradition républicaine, le chef de l’Etat, M. Alassane Dramane OUATTARA s’est adressé à la Nation, à la veille de la célébration des 60 ans de l’indépendance de notre pays.
Alors que l’on s’attendait à un discours d’apaisement au cours de son adresse à la Nation, M. Alassane Dramane OUATTARA a, au contraire, eu une attitude et tenu des propos qui ont exacerbé les tensions. La déclaration de sa candidature pour un troisième mandat illégal, au regard de la Constitution, irrite les populations qui manifestent depuis quelques jours dans les rues d’Abidjan et de certaines villes de l’intérieur du pays. Cette situation pourrait déboucher sur une crise d’une gravité exceptionnelle, si M. OUATTARA persiste dans cette voie d’illégalité.
En effet, de l’avis même des experts du RHDP dont M. Cissé Bacongo, Conseiller spécial en charge des affaires juridiques et institutionnelles du Chef de l’Etat et l’un des rédacteurs de la Constitution de 2016, n’a eu de cesse de soutenir, notamment le 25 novembre 2016 sur les antennes de la télévision Africa 24, que M. OUATTARA ne peut briguer un troisième mandat au regard des dispositions de l’article 183 de ladite Constitution.
M. Sansan Kambilé, actuel Garde des sceaux, Ministre de la justice et des libertés, emboitant le pas à M. Cissé Bacongo, a soutenu, le 07 octobre 2016, devant la Commission des affaires générales et institutionnelles de l’Assemblée Nationale « qu’il est juridiquement impossible à M. OUATTARA de se présenter à l’élection présidentielle de 2020 ».
Le 05 mars 2020, prenant le peuple à témoin, M. Alassane Dramane OUATTARA, a pris solennellement l’engagement devant la représentation nationale réunie en Congrès à Yamoussoukro, de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020. Cette déclaration lui a valu, en son temps, des félicitations des dirigeants du monde, particulièrement celles du président Emmanuel MACRON de la France.
En annonçant, contre toute attente, sa candidature pour un troisième mandat à l’élection du Président de la République du 31 octobre 2020, M. Alassane Dramane OUATTARA donne des arguments au peuple de Côte d’Ivoire par l’amer constat :
– qu’il viole, de façon flagrante, la Constitution dont il est sensé être le garant ;
– qu’il manque ainsi à son serment de protéger la Constitution, la loi fondamentale ;
– qu’il n’est plus digne de confiance dès lors qu’il renonce à la parole donnée ;
– qu’il manque de considération pour le peuple de Côte d’Ivoire à qui il a servit un mépris souverain le 06 août 2020, lors de son adresse à la Nation.
Les partis et groupements politiques de l’opposition, tirant les conséquences de ce déni de droit, apportent leur soutien au peuple frustré en lutte pour se dresser contre cette forfaiture de M. OUATTARA.
Relativement au processus électoral en cours, les partis et groupements politiques de l’opposition, après une analyse minutieuse de la liste électorale provisoire remise par la CEI, notent que :
– un nombre impressionnant de ressortissants de pays de la sous-région ont été inscrits sur les listes, confirmant ainsi la déclaration de M. KOBENAN KOUASSI Adjoumani, Porte-parole principal du RHDP Unifié, Parti au pouvoir, qui a dit au cours d’une conférence de presse que le RHDP n’avait pas peur d’inscrire les étrangers pour en faire son bétail électoral ;
– certaines personnes figurant sur cette liste, sont des mineurs nés en août, septembre, octobre, novembre, décembre 2002, février 2003, mars 2008. Un nourrisson de un (1) an (né en mai 2019) de Kouibly, présenté comme une ménagère, a même été inscrit sur la liste électorale ;
– d’autres, nées en 1800, avec une longévité exceptionnelle, sont prises en compte dans la liste électorale de 2020 ! C’est le cas de ce couturier d’Abobo qui est né le 1 er septembre 1850 ;
– Les noms du président Laurent GBAGBO, du président de l’Assemblée Nationale Guillaume SORO et du ministre Charles Blé GOUDE sont retirés de la liste électorale sans raison valable ;
– Voodoo Communication, détient une version du fichier électoral pouvant être « manipulée ». Interpellé par l’opposition sur l’utilisation de cet opérateur, il y a quelques mois, le Président de la CEI avait affirmé que Voodoo Communication ne faisait pas partie des structures retenues par son institution, dans le cadre du processus électoral en cours. Cette affirmation s’est avérée inexacte car Voodoo Communication, dirigée par M. Fabrice SAWEGNON, le candidat du RHDP aux élections municipales du Plateau, en 2018 et communicateur du Président Alassane Dramane OUATTARA continue de manipuler la liste électorale à sa guise.
Au regard de ce qui précède, les Partis et Groupements politiques de l’opposition, conscients de leur responsabilité historique et hautement soucieux de préserver la Côte d’Ivoire d’une autre crise liée aux élections, exigent :
• La démission sans délai du Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI) en raison de son échec patent lors de l’opération de révision de la liste électorale 2020 comportant de nombreux cas de fraude, démontrant ainsi son incapacité à produire une liste électorale fiable de nature à permettre des élections justes, transparentes et crédibles. Il s’est aussi rendu coupable d’un délit d’initié par son choix délibéré d’utiliser un opérateur technique militant avéré du RHDP Unifié dans le cadre du processus électoral, entachant ainsi son impartialité et sa crédibilité ;
• L’élection d’un nouveau Président de la CEI et l’application intégrale de l’arrêt du 15 juillet 2020 de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
(CADHP) en ce qui concerne les choix des représentants des Organisations de la Société Civile et des Partis et Groupements politiques de l’opposition et la reprise des élections des CEI locales avant toute élection;
• L’audit international de la liste électorale issue de l’enrôlement de juin- juillet 2020;
• La réintégration du Président Laurent GBAGBO, du Président de l’Assemblée Nationale Guillaume SORO et du Ministre Charles Blé GOUDE sur la liste électorale ;
• La libération de tous les prisonniers politiques et militaires;
• Le retour sécurisé de tous les exilés sur la terre de leurs ancêtres
● Le retrait par le Président Alassane Dramane Ouattara, qui est au terme de son deuxième mandat, de sa candidature à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, pour se conformer ainsi à la Constitution ivoirienne qui ne permet pas un troisième mandat.
Les Partis et Groupements politiques de l’Opposition ivoirienne appellent leurs militants, militantes, sympathisants, sympathisantes et l’ensemble des populations ivoiriennes à la mobilisation en vue d’obtenir du pouvoir RHDP-Unifié, l’exécution intégrale et sans délai de ce qui précède.
Fait à Abidjan, le 12/08/ 2020
Ont signé
CDRP: Daniel AKA AHIZI
EDS: Pr. Georges Armand OUEGNIN
URD: Daniel BONI CLAVERIE
LIDER: Monique GBEKIA
GPS : Anne Marie BONIFON
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