Serge Alain KOFFI
L’ex-Première Dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, a appelé mardi à Abidjan le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara à prendre une loi d’amnistie en faveur de son époux Laurent Gbagbo pour le “rendre éligible’’ à l’élection présidentielle d’octobre, lors d’un point de presse, le premier depuis sa sortie de prison.
“Aujourd’hui, je voudrais appeler le Chef de l’État à prendre un décret d’amnistie pour rendre Laurent Gbagbo éligible. Que Laurent Gbagbo, se présente à l’élection présidentielle ou pas, qu’il soit éligible’’, a déclaré, lors de ce point de presse, à son domicile abidjanais, Simone Gbagbo, libérée elle aussi après une ordonnance d’amnistie de M. Ouattara en août 2018.
Pour soutenir cette demande, elle a expliqué qu’ “en 2010, M. Alassane Ouattara n’était pas éligible’’ mais “pour sauver la paix et l’unité de la nation, (Laurent Gbagbo) est passé outre et a pris une ordonnance spéciale, le rendant éligible pour la’’ présidentielle de cette année qu’il a remporté face au président sortant.
Jeudi matin à Abidjan et dans quelques villes de l’intérieur du pays, des partisans de Laurent Gbagbo ont manifesté pour contester la décision de la Commission électorale indépendante (CEI) de rayer l’ancien président de la liste électorale provisoire. Ce qui pourrait empêcher l’ex-chef de l’État de voter et même d’être candidat à la présidentielle d’octobre.
Les autorités ivoiriennes justifient le retrait du nom de Laurent Gbagbo par sa condamnation par contumace à Abidjan à 20 ans de prison pour l’affaire dite du “braquage de la BCEAO’’ lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Pour Simone Gbagbo, ces “arguments juridiques (sont) très discutables’’.
“Le procès qui a conduit à cette condamnation est lui-même politique et injustifiable. Cela n’est pas honorable et cela n’est pas juste’’, a insisté Mme Gbagbo, qui invite les autorités ivoiriennes à faire droit à la demande de son époux de se voir délivrer un passeport diplomatique et un laisser-passer afin de regagner la Côte d’Ivoire.
Abordant le sujet de la décision de M. Ouattara de briguer un troisième mandat lors de la présidentielle d’octobre, elle a estimé que sa candidature “est anti constitutionnelle’’ et “viole la constitution, en son esprit’’.
En mars, le chef de l’Etat avait dit qu’il ne se représenterait pas au terme de son deuxième mandat, laissant son dauphin, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly défendre les couleurs du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir). Mais le décès de ce dernier le 8 juillet a changé la donne.
Et comme il fallait s’y attendre, les différentes composantes de l’opposition ivoirienne ont unanimement dénoncé cette candidature. De brèves manifestations sporadiques contre la décision de M. Ouattara se multiplient depuis dans l’ensemble du pays.
“Un chef de l’État ne peut pas dire et se dédire, surtout devant sa nation. Le respect de la parole proférée et donnée, le respect des engagements pris, doivent plus que jamais, être observés en politique’’, a commenté Simone Gbagbo, qui dit comprendre « la vague de protestations observée ».
Tout en invitant les forces de l’ordre à « encadrer » les manifestations « plutôt que de les réprimer », elle estime qu’ “il n’est pas juste que (le chef de l’Etat) rende la nation comptable de son incapacité à trouver une personnalité capable’’ de remplacer Amadou Gon Coulibaly.
“Il lui est donc encore possible de reporter ces élections, et de se donner le temps d’investiguer plus au sein du RHDP, pour trouver un candidat de substitution à feu Amadou Gon Coulibaly’’ a-t-elle conclu.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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