Tribune sur le troisième mandat d’Alassane Ouattara
« Notre État n’a pas besoin seulement d’institutions fortes mais aussi d’hommes de droit intègres, droits et dignes. »
En Côte d’Ivoire, sur la question du troisième mandat d’Alassane Ouattara, il faut en urgence orienter le débat vers la source véritable du problème avant qu’il ne soit trop tard.
Notre démocratie est régie par trois pouvoirs : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. C’est ce troisième pouvoir qui sera l’objet de notre réflexion.
Les pouvoirs exécutifs et législatifs peuvent être partisans, parce soumis à des individus acquis à une cause pour l’accomplissement d’un certain dessein, une vision, idéologie ou objet. Il peut donc arriver que ces deux pouvoirs soient corrompus et qu’ils puissent agir contre la souveraineté du peuple au bénéfice de leurs intérêts personnels.
Lorsque ce constat est consommé, le pouvoir judiciaire doit prendre le relais. Il existe pour rétablir la justice par le droit et faire respecter la loi. Le pouvoir judiciaire doit être au-dessus des considérations partisanes. C’est lui qui doit rappeler le politique à l’ordre afin de rétablir l’ordre sociale.
Mais à quoi assistons-nous depuis des années dans notre pays ? C’est que nos hommes de droits sont tordus, partisans et égoïstes. Au fil des années, ils perdent leur valeur auprès du peuple. De 1998 à 2020, ces hommes de droit ont toujours eu leur part de responsabilité dans les troubles qui émaillent l’histoire de notre jeune démocratie sans jamais être inquiétés.
Pour souvenir proche, en 2000 le conseil constitutionnel de TIA KONÉ montait une constitution consacrée par le « ET » ou le « OU ». Par la suite des candidats déclarés avaient été écartés du processus électoral. Dès cet instant, nous n’avons connu que des troubles entre 2000, 2001, 2002 jusqu’en 2010.
Des années plus tard, TIA KONÉ faisais des révélations choquantes sur l’arbitraire qui avait précédé la constitution de 2000. Il n’a malheureusement jamais été inquiété par la justice.
PAUL YAO N’DRÉ en 2010 avait a son tour invalidés les résultats de certaines régions dans le nord pour irrégularité, au lieu de simplement ordonner la reprise des élections dans ces zones causales. Le résultat nous le connaissons. Nous en sommes sortis avec plus de 3000 morts selon les chiffres officiels.
Des mois plus tard, monsieur PAUL YAO N’DRÉ s’était excusé devant la nation en affirmant avoir été « possédé » par le diable. Lui non plus n’a jamais été appelé à répondre de ses actes devant une cour de justice.
Aujourd’hui, pendant que la Côte d’Ivoire est au bord du gouffre avec un débat national sur le troisième mandat d’Alassane Ouattara, nous sommes surpris que ceux mêmes qui ont participé à la réaction de la constitution de 2016 refusent de donner des explications aux Ivoiriens.
CISSÉ BACONGO, OUARAGA OBOU, le ministre de la justice SANSAN KANBILÉ etc sont tous muets pendant que la tension monte. Jusqu’à quand le resteront-ils encore ?
Il faut que l’on prenne le mal à la racine. Le vrai problème de la Côte d’Ivoire n’est pas la mauvaise foi des politiques, mais plutôt la félonie et la corruption de nos hommes de droit qui perdent toute dignité devant les propositions indécentes du pouvoir. Il faut les convoquer dans le débat dès à présent. Nul ne doit s’en soustraire. La Côte d’Ivoire mérite mieux que leur silence. Nous n’avons plus besoin de compter les morts.
Notre État n’a pas besoin seulement d’institutions fortes mais aussi d’hommes de droit intègres, droits et dignes. Il faut arrêter d’accepter les excuses tardives de ces hommes en robes qui s’excusent après la catastrophe. Aujourd’hui nous devons demander à nos constitutionnalistes de rétablir la souveraineté du peuple qui se sent trahit.
Ahouman Gaël Lakpa,
Auteur-Écrivain :
Poète, Romancier et Dramaturge,
Communication Politique,
Analyste sociopolitique.
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