Conseil politique Rhdp, retour sur une réunion à faux suspense
C’était un rendez-vous attendu, un moment historique pour le néo-parti au pouvoir Rhdp. Privé de candidat après le décès subit de son prétendant au fauteuil, Amadou Gon, Alassane Ouattara, le très vénéré chef avait à cœur de trouver une solution palliative, voire une alternative à la candidature non aboutie de l’ancien Premier ministre. D’où ce conseil politique extraordinaire élargi à d’autres structures qui n’y ont pas habituellement droit. Un seul point était inscrit à l’ordre du jour : analyse de la situation sociopolitique.
Il est 17 h 04 mn lorsque les gyrophares et sirènes déchirent l’air ambiant du palais des congrès du Sofitel Hôtel Ivoire. Alassane Ouattara est accueilli sous les vivats des adorateurs qui ont quelque peu boudé cette fois par ces inconditionnels du chef de l’Etat. Beaucoup de chaises sont restés vides dehors où était installé un écran géant connecté sur la salle de réunion.
Il se précipite dans l’enceinte de l’édifice où l’attendaient déjà, sous les couleurs du parti, les invités à ce conseil. Adama Bictogo plante le décor de sa voix la plus intelligible en mettant l’accent sur une situation inédite face à laquelle les militants n’ont d’autre choix que de recourir à leur ‘’boussole’’, le président Alassane Ouattara. c’est comme si dans son esprit, le Rhdp, le parti présidentiel était désormais orphelin et qu’il faut lui trouver ce tuteur idéal à même d’assurer sa survie.
Très vite, le président du parti, Alassane Ouattara prend la direction du conclave et invite tour à tour les personnes ressources préparées pour les interventions. Au total 8 interventions sont enregistrées après celle de Bictogo. Une fois n’est pas coutume, les personnalités choisies reflètent bien la diversité sociologique de la Côte d’Ivoire. Comme pour contrarier le célèbre groupe Zouglou Yodé et Siro, cette messe n’est pas une foire des Bakayoko et des Coulibaly. Mais des Adépo, des Kouassi, des Tanoh, des Ehui…
Le premier à emboucher l’arlésienne d’un soir est le maire Adopo de la commune de Yakassé Attobrou. Au nom des élus locaux, celui-ci vante d’abord les qualités de grand manager du chef de l’état, celui grâce à qui les mairies de Côte d’Ivoire connaissent un souffle nouveau, le champion du développement sans précédent de la Côte d’Ivoire. Puis le porte-parole des maires de lâcher enfin le morceau : « Il nous faut un candidat qui rassure les Ivoiriens, les militants et l’international. Excellence monsieur le président, ce candidat, c’est vous ! Oui monsieur le président, notre candidat, c’est vous ». la salle, poussée par les groupements et clubs de soutien se lève et entonne dans cette chaleur retrouvée : Ado ! Ado ! Ado ! l’acronyme malgré lui, du chef de l’Etat.
Les autres intervenants ne viendront qu’enfoncer une porte déjà ouverte. Tous à l’unisson, réclament une troisième candidature de leur champion, le seul à leurs yeux, capable d’assurer le développement de la Côte d’Ivoire dans la stabilité. Très fort en thème ces derniers temps, le président du conseil régional du Sud-Comoé, le ministre de la Santé Eugène Aka Aouélé ajoutera : « Ce que le Rhdp a perdu avec le décès d’Amadou Gon est tellement gros qu’il n’y a que vous pour le compenser ». « Aujourd’hui, c’est le peuple qui vous appelle », renchérissent les délégués du parti par la voix de leur porte-parole, Boni Octave de Toumodi.
Les femmes créent la surprise du jour quand en plus des paroles, elles se font plus concrètes en crachant au bassinet. 70 millions de FCFA pour la caution du candidat Ouattara et pour la campagne.
Toute la salle est acquise à une cause commune. L’instant est trop important, digne d’intérêt pour le parti pour faire la moindre place à la raison dans cette constellation d’intellectuels aguerris qui ont perdu toute objectivité. Même les sénateurs dont on a justifié l’avènement par l’expertise acquise au fil des années de vie professionnelle et qui de ce fait nous serviraient de l’objectivité et de la pertinence dans l’élaboration des lois n’ont eu d’autres mots que de s’aligner sur le mot d’ordre de ce soir-là : Ouattara est éligible et doit être le candidat du Rhdp point barre. C’est Bernard Ehui Koutouan qui porte leur parole en ces termes : « Faites un nouveau sacrifice en acceptant d’être le porte-étendard du parti afin de le conduire à la victoire. Parlez comme César ‘’Alea jacta est’’ et nous, vos soldats, nous vous suivrons ».
La messe est dite. Il est 18 h 30 quand le président du parti se saisit à nouveau du micro, ôte son masque anti-covid et de sa diction habituelle annonce qu’il va dire un mot. Silence de cimetière dans la salle. Au moment où plusieurs auditeurs dans la salle prenaient leurs appuis pour crier de joie en recevant la bonne nouvelle, le président tempère et laisse entendre : « Je prends acte des résolutions du conseil politique et de votre demande. (…) Je vous demande de continuer à avoir une pensée pour Agc et de me donner le temps du recueillement avant de vous répondre ». Tout le monde se dégonfle. Ce n’est pas vraiment ce que la salle voulait entendre. Tout de même comme ce sont les mots d’Ado, quelques salves d’applaudissements se font entendre. Des espoirs sont douchés et ça se lit sur les visages au sortir de la salle. Mais le président tente de rassurer en différant son oui ou son non : « Je ne vous ai jamais déçus, je ne vous décevrai pas ».
C’est avec des pas glacés, lourds et confus que certains rentreront à la maison. Une symphonie inachevée mais impossible n’est pas Ouattara qui promet de se prononcer lors d’un discours à la nation. « Je ne peux pas être insensible », a-t-il dit. Affaire à suivre !
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Attiés, Abbeys, Adjoukrous, Abourés, Ebriés,… tenez-vous bien : vous êtes dans le faux depuis des décennies, voire des siècles avec vos « Fêtes de Génération ». En effet, et contrairement à vos convictions ancestrales, une génération peut ne compter qu’UNE SEULE ET UNIQUE personne. Et le RHDP (moins PDCI, moins PIT, moins UDPCI, moins UDCI, moins MFA, bref, le RDR re-maquillé) nous le prouve à merveille : « transmettre le pouvoir à une nouvelle génération » se limitait au seul Amadou Gon Coulibaly. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » disait Lamartine Donc, la fameuse nouvelle génération de Ouattara ne comptait qu’une seule personne ! Le Restaurant est donc dépeuplé, déjà. Ahurissant !