La Côte d’Ivoire vit une année 2020 mouvementée. Le pays se retrouve entre le marteau et l’enclume.
D’un côté, il y a les URGENCES pour un État qui cohabite dangereusement avec le vide constitutionnel: il n’y a ni Vice-président de la République après la démission de Daniel Kablan Duncan, actée le 8 juillet 2020, ni Premier ministre après le décès, ce même jour, d’Amadou Gon Coulibaly.
Alassane Ouattara n’a donc pas d’intérimaires au sens de l’article 62 nouveau de la loi constitutionnelle n°2020-948 du 19 mars 2020 modifiant la loi n°2016-886 du 8 novembre 2016 portant Constitution de la Côte d’Ivoire.
Il est ainsi libellé: « En cas de vacance de la Présidence de la République par décès, démission ou empêchement absolu du président de la République, le Vice-président devient président de la République. (…)
En cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du Vice-président de la République alors que survient la vacance de la présidence de la République, les fonctions de président de la République sont exercées par le Premier ministre. Il achève le mandat du président de la République élu ».
Le pays joue ainsi avec le feu. Il suffit d’un événement imprévu pour que le chaos devienne maître.
De l’autre, les PRIORITÉS assaillent le pays. Le samedi 31 octobre 2020 accueille le premier tour de la présidentielle.
Selon un arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) en date du 15 juillet 2020, la Commission électorale indépendante (CEI) doit, avant cette échéance, reprendre l’élection des présidents des Commissions électorales locales (CEL) et la désignation des représentants de l’Opposition et de la société civile en son sein.
Mais entretemps, les candidatures sont reçues du 16 juillet au 31 août à la CEI. Et les partis s’activent pour ne pas être forclos, surtout que parallèlement, la réforme constitutionnelle a introduit un piège: le parrainage.
Les candidats doivent être soutenus dans dix-sept régions et districts autonomes par des électeurs représentant au moins 1% de l’électorat de la région ou du district concerné.
Dans les films western, « qui tire le premier est un homme mort ». C’est en ce moment le cas du RHDP. Il s’est précipité pour adouber, le 12 mars 2020 et malgré des grincements de dents, son candidat, Amadou Gon Coulibaly, qui a, malheureusement, tiré sa révérence.
Et le parti est à la croisée des chemins. Et après le départ pour l’au-delà apparemment de ce seul homme de grande confiance, capable de protéger les arrières, Ouattara examine sérieusement son entrée en lice, en jetant aux orties la constitution et sa promesse de renouvellement politique.
Des populations sont sollicitées, comme au bon vieux temps de Félix Houphouët-Boigny, pour cette campagne et des responsables du Parti sont à l’abordage pour distiller, avec des éléments de langage convenus, la peur de lendemains incertains sans …Ouattara.
C’est une question de vie ou de mort. La réalité semble être ailleurs, comme l’a soufflé, sur RFI, le journaliste Venance Konan: le syndrome Eduardo Dos Santos. Tous sont sur la défensive et redoutent de vivre le sort réservé à l’ancien président angolais.
En effet, les enfants, parents et gendres de ce dernier, parti librement du pouvoir après 38 années d’exercice (septembre 1979 – septembre 2017), sont poursuivis dans des opérations « mains propres » enclenchées pour faire la lumière sur le vaste corona-détournement de deniers publics.
Et, après l’agape, cette épée de Damoclès donne l’insomnie.
F. M. Bally
Commentaires Facebook