Par Connectionivoirienne
C’était acté, c’est fait. Daniel Kablan Duncan, le député de Grand Bassam n’est plus le vice-président de la République de Côte d’Ivoire. Sa démission est officielle depuis ce lundi 13 juillet 2020. C’est en 2017 qu’il avait été coopté par Alassane Ouattara pour occuper ce poste qu’il venait de créer après une réforme constitutionnelle unilatérale. Il avait alors, lors d’un discours solennel devant les députés vanté un homme travailleur, un homme d’expérience, loyal et compagnon de longue date.
Depuis lors, l’homme, l’air débonnaire et à la stature respectable s’était effacé pour rejoindre ses bureaux luxueux du palais du Plateau. En fait, le poste taillé juste pour les besoins de la cause était vide de contenu et très peu de passages en parlent dans la constitution de 2016. Tout ce que l’on sait, le vice-président supplée le président de la République lorsque celui-ci est en déplacement à l’étranger et remplace le président de la République en cas de décès ou de démission et c’est tout.
Aussi intrigant qu’ennuyeux comme poste, l’ex-premier ministre n’avait pas eu à redire et il s’était adonné à son nouvel emploi. Il est resté là à attendre une hypothétique disparition du président. Elle n’est pas arrivée. Pis, dans le dernier réaménagement de la constitution qu’entreprend Ouattara courant 2019, le processus de désignation du vice-président change. Il n’est plus élu sur le même ticket que le président mais est nommé par celui-ci parmi les personnalités en rapport avec les députés.
Kablan Duncan a accusé le coup sans broncher. Il réalisait pourtant qu’il était visé mais a pris le temps d’analyser. Des couleuvres, il en avait avalé assez. Il fera grise mine à partir de février 2020 quand agacé, il donne une première alerte de sa démission, selon nos sources. Le président de la République n’accède pas à sa demande en ce temps-là car un tel événement aurait sûrement bouleversé bien des plans du chef de l’Etat qui avait sans doute sa petite idée de ce qu’il réservait à son ami de trente ans.
Arrive enfin ce 8 juillet, où excédé Duncan brûle d’impatience de libérer le plancher. Et il est parti pour »raison de convenance personnelle », une expression qui exprime le grand désarroi qui est le sien. Même si dans son communiqué, il prend soin de ménager Alassane Ouattara, magnifiant toute la bonne collaboration qui fut la leur toutes ces années. Mais ça c’est l’élégance Duncan. Au fond de lui, c’est un homme dévasté par l’amertume face à des promesses non tenues. Selon des proches, Ouattara aurait promis à Duncan le poste de candidat du Rhdp. Sans accord formel, il avait cru à cette promesse allant jusqu’à oser la rupture avec Henri Konan Bédié dont il fut le Premier ministre de 1993 jusqu’au coup d’état de 1999. Il avait déclaré »Je suis Rhdp des pieds jusqu’à la tête » comme pour narguer les militants du Pdci et signer son acte d’adhésion entière au Rhdp, parti unifié qui prenait en ce temps là son envol.
Le 12 mars 2020, c’est Kablan Duncan qui est mis devant le fait accompli quand le président Ouattara prononça unilatéralement l’acte de mise à la retraite de son vieil ami pour adouber son véritable dauphin Gon Coulibaly. C’est en ce moment-là qu’il réalise véritablement qu’il ne peut plus rien attendre de son mentor et que s’il veut exister, il ne lui restait plus qu’à se battre de lui-même. Il intègre la leçon mais le mal est déjà fait. Que peut-il encore dans un contexte où il a anéanti ses relations avec le Pdci son parti d’origine et où ses amis du Pdci-Renaissance avec qui il a fait l’aventure du Rhdp ont depuis embouché d’autres sons. Engraissés, jouissant des attributs de la République, ils n’ont plus d’oreilles pour entendre ses récriminations et l’expression de ses déboires. A chacun son destin. Et Duncan s’en va la tête pleine d’interrogations. De regrets sans doute. Mais pour quel destin ?
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