Les terroristes ont rappelé de mauvais souvenirs aux Ivoiriens dans la nuit du 10 au 11 juin. Une attaque d’envergure de la caserne de Kafolo, dans le nord-est du pays, a fait douze morts parmi les militaires. Six autres ont été blessés et seulement un assaillant a été abattu.
Pour un coup de semonce, c’en est vraiment un contre les forces de défense et de sécurité (FDS) ivoiriennes, qui, il y a moins d’un mois, se sont alliées avec celles du Burkina pour nettoyer les localités frontalières des deux pays. En effet, le 14 mai 2020, dans une opération conjointe dénommée Comoé, les armées ivoirienne et burkinabè ont neutralisé plusieurs pseudo-djihadistes, non loin, justement, de cette localité de Kafolo.
Œil pour œil, dent pour dent
Selon les experts des questions sécuritaires au Sahel, ce sont les hommes de la katiba Macina d’Amadou Koufa [un des groupes djihadistes actifs dans la région] qui ont payé un lourd tribut à cette opération de ratissage des frontières ivoiro-burkinabè.
Mais il faut croire que les rescapés de cette offensive conjointe des armées ivoirienne et burkinabè sont revenus avec des renforts pour faire payer à la Côte d’Ivoire cette coopération militaire avec le Burkina. Coup pour coup, œil pour œil, dent pour dent.
Voilà pour les objectifs à court terme. Pour ce qui est du long terme, ces terroristes, qui avaient déjà frappé fort sur les bords de la lagune Ebrié en mars 2016 [lors de l’attentat sur la plage de Grand-Bassam, près d’Abidjan, le premier de l’histoire du pays], indiquent clairement que la côte atlantique n’est pas loin du Sahel.
Du Sahel à la côte atlantique
Ils rêvent d’y implanter une nouvelle katiba, notamment Amadou Koufa, qui, selon certains analystes, aurait dépêché un de ses lieutenants, un certain Hamza dans cette zone des trois frontières entre le Burkina, la Côte d’Ivoire et le Mali en vue de recruter des combattants pour le compte du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
C’est connu, la volonté de la nébuleuse terroriste d’étendre ses tentacules à la côte atlantique est bien réelle. Ainsi, outre l’attaque de Grand-Bassam en mars 2016, elle avait enlevé des touristes français dans le nord du Bénin après avoir assassiné leur guide, en mai 2019. L’attaque de la caserne de Kafolo porte donc à trois ses incursions meurtrières dans des pays de la côte.
C’est dire, donc, que ces zones sont dans le viseur des va-t-en-guerre qui écument le Sahel depuis plus de huit ans. Leur rêve d’un Grand Sahara islamique n’aurait pour limites que l’océan Atlantique. Dans cette logique, l’attaque du nord-est de la Côte d’Ivoire peut s’interpréter à la fois comme une piqûre de rappel et un coup de semonce d’Amadou Koufa au président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara.
Zéphirin Kpoda
Source: Lobservateur.bf
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