Chiffon Rouge
Une campagne de presse fustige « une cabale » et Hamed Bakayoko dénonce « un complot ». Et la guerre est déclarée.
En effet, le site canadien « Vice Media » a publié, dans ses récentes éditions, une série de trois articles sur cinq intitulée « Comment votre conso de coke fout la merde en Afrique de l’Ouest ».
Dans ces parutions, Hamed Bakayoko, ministre d’État, ministre de la Défense et Premier ministre par intérim, est accusé d’être un « grand dealer de cocaïne » au cœur d’un vaste réseau de trafic de stupéfiants en Côte d’Ivoire.
Le lundi 8 juin 2020 et pour défendre la pureté de sa réputation, Bakayoko a annoncé qu’il allait porter plainte pour diffamation contre les deux auteurs des articles incriminés.
« En Côte d’Ivoire, dans mon pays, ma réputation est faite. Elle est pure et sans tache, n’en déplaise aux aigris et aux conspirateurs », proteste fermement le n°2 du gouvernement.
Dans cette affaire dans laquelle les États-Unis d’Amérique, à travers la DEA, sont très regardants, le ministre d’État n’a certainement d’autre alternative que d’aller jusqu’au bout de la procédure judiciaire pour laver son honneur et sa réputation. À l’inverse du chef de l’État.
Le mercredi 30 août 2017, le bimensuel La lettre du continent rapportait que le fonds de souveraineté, qui était de 25 et 85 milliards de nos francs respectivement sous Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, a explosé sous Alassane Ouattara. Il « s’estimait à 342,6 milliards de nos francs, en hausse de 20 milliards par rapport à 2015 ».
Une campagne de presse avait déploré « la manipulation médiatique ». Et le samedi 2 septembre 2017, réponse du berger à la bergère.
Dans un communiqué de Patrick Achi, secrétaire général de la présidence, le chef de l’État donnait « mandat aux avocats Jean-Pierre Mignard et Jean-Paul Benoît de mettre en œuvre toutes voies de droit et toutes actions utiles en vue de la sanction de tels agissements et de la réparation des préjudices subis du fait de l’atteinte à son image tant sur le plan national qu’international ».
Le lundi 9 avril 2018 et recevant le Conseil national de la presse (CNP, devenu ANP), Alassane Ouattara mettait en garde les journalistes ivoiriens contre la reprise de tels articles tendancieux de la presse étrangère et confirmait avoir porté plainte, en France, contre le bimensuel.
Il menait ses interlocuteurs en bateau. En lieu et place d’assignation judiciaire, « c’est une précision de neuf lignes », sous forme de droit de réponse, que La lettre du continent a reçue et publiée le mardi …12 septembre 2017.
Et le procès sur le fonds de souveraineté n’a jamais eu lieu, faute de plainte brandie simplement comme chiffon rouge. En sera-t-il de même dans la sulfureuse affaire de trafic de cocaïne qui défraie la chronique!? Chacun retient son souffle.
F. M. Bally
Photo: Alassane Ouattara et Hamed Bakayoko.
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