Lebanco.net – par Oyhou Antoine (stagiaire)
Près de trois mois après l’arrêt des cours consécutif à la pandémie de la Covid 19, les universités et grandes écoles d’Abidjan ont rouvert leurs amphithéâtres et salles de cours, le mardi 2 juin dernier. Cependant, si la volonté d’aller en cours existe bel et bien, se déplacer d’une commune à l’autre, reste par contre très difficile. Première semaine de la réouverture des établissements d’Abidjan, les difficultés de locomotion que vivent au quotidien nombre d’étudiants, pour retrouver leurs cadres de formation, apparaissent plutôt comme la fausse note d’une reprise pourtant enthousiaste des cours.
Les émotions sont profondes. On se cogne «Le coude contre le coude », c’est le nouveau geste de salutation. Les relations entre étudiants, interrompues depuis près de trois mois, pour cause de la pandémie de la Covid-19 se renouent. La joie abondante de la reprise se lie ainsi dans les yeux et sur les visages mêmes derrière les masques. Cependant, il n’est pas question d’aller au-delà des émotions car des consignes ont été données. Selon une note signée du professeur Abou Karamoko, président de l’université Félix Houphouet Boigny , «La reprise est entièrement en accord avec les décisions du Conseil national de sécurité et pour la protection de chacun et de tous contre la Covid-19»
Nnous sommes à la Faculté de Physique-Chimie, à 10h18min, les amphithéâtres sont encore verrouillés. Quelques étudiants présents préparent les futurs examens. Romuald, venu étudier ses leçons est en 2ème année. «Nous n’avons plus de cours magistraux, nos amphis sont fermés parce que nous sommes dans une période de préparation des compositions prévues le 15 juin 2020. Je suis donc venu pour faire des révisions. Les professeurs sont présents, dans leurs bureaux mais de façon générale le campus est carrément vide. Avant la situation de la crise sanitaire, il y avait plusieurs étudiants présents au cours. Aujourd’hui mardi, jour de la reprise, Vous même voyez, il y a trois à quatre personnes dans quelques départements.», explique-t-il.
Le transport, un handicap quotidien
Sur le parking de la gare de la Société de transport Abidjanais sise au terminus 40 (commune de Yopougon), étudiants et travailleurs, dans une longue file d’attente, jetaient de temps en temps des coups d’oil, dans l’espoir de voir venir «monbus», de la société des transports abidjanais (Sotra). Au quai de la ligne 85 reliant la commune de Yopougon au campus de Cocody, des étudiants pressés de rejoindre Cocody, croupissaient des heures, sous le poids de la patience. Présent au quai depuis 7h (GMT), K. Rosine, en 2ème année de la faculté de géographie est finalement arrivée au campus après de longues heures d’attente. «Au quai, il y avait du monde. Je n’avais pas vite eu le bus qui ne prend que 45 personnes. Déjà avant 7h, j’étais à l’arrêt, c’est pratiquement à 10h30 que j’ai eu un 85. Je suis arrivée au campus vers 11h 45, pratiquement vers midi. Les mardis nous avons cours à 7h 30. Demain si je veux vite être au campus je vais m’arranger pour prendre le bus de 5h.», a-t-elle expliqué.
Son condisciple B. Franck, de la même faculté a rendu compte de leur première journée. «Particulièrement dans notre salle de travaux dirigés, le professeur est venu. Il nous a donné un exercice à rendre la semaine prochaine. Actuellement les amphis ne sont pas ouverts, puisqu’il y a encore des travaux d’aménagement en exécution. Précisément, ceux ayant trait à l’application des mesures barrières. Certaines facultés, telle, celle d’Allemand ne veulent pas prendre de risques. Les programmations sont affichées, mais, les cours en amphi n’ont véritablement pas repris.», rapporte-t-il.
Mercredi 3 juin 2020. Sous un arbre en bordure du boulevard Valéry Giscard Destaing, non loin du 43ème BIMA, dans la commune de Port-Bouet, trois jeunes étudiantes, échangent, le nez et la bouches vêtus du masque. Samira doit se rendre à l’université Nangui Abrogoua d’Abobo. Après plus de 2h d’attente, aucune arrivée de «monbus», pour lui permettre de rejoindre l’université en transitant par la commune d’Adjamé. Des véhicules de transport commun qui passent sont chargés, il n’y a plus de place, le quota de passagers fixé par le gouvernement est atteint. La veille, Nadège avait été à l’heure en cours. Lesquels avaient commencé à 8h, dans une école de formation professionnelle, située dans la commune du Plateau. Ce matin, elle est beaucoup en retard. Il est 9h 30 min. Quant à Cynthia elle a pour destination, la commune de Cocody où est localisé son établissement.
Selon le strict respect des mesures barrières
Dans la matinée du jeudi 3 juin 2020, la reprise effective des cours montre des signes, dans un établissement privé, une université polytechnique sise à Cocody Riviera Palmeraie. Des mesures d’adaptation à la situation de crise ont été prises par l’administration dudit établissement. Dont l’entrée est strictement organisée. Port de masques obligatoire, lavage des mains, distanciation physique d’un mètre et prise de la température, sont assurés par une éducatrice, avant que les étudiants ne franchissent le portail. «Les consignes ont été claires» souligne une éducatrice, un thermomètre à la main, rappelant les mesures barrières, en donnant des conseils.
Dans l’enceinte des locaux, des aménagements répondant aux respects des gestes barrières sont également appliqués. Des tables bancs distanciés les uns des autres, des groupes classe déjà formés. Les mêmes emplois du temps conservés, les cours commencent à 8h et se terminent à 17h. G. Emmanuella est en année de Brevet de technicien supérieur ( BTS), en Hygiène sécurité au travail ( HSC), une filière de l’administration du travail. « Notre classe a été scindée en deux groupes. Pour une séance de 2h de cours, chaque groupe bénéficie d’une heure. C’est-à-dire l’enseignant prend le premier groupe en une heure, et après le second groupe a également une heure. Les sorties de l’établissement sont interdites avant la fermeture de l’école . Pendant les pauses intermédiaires, les distances d’un mètre sont contrôlées entre nous étudiants.», a-t-elle confié.
Au-delà de la joie qui anime la reprise des cours, la problématique du transport à destination des établissements, est assurément une difficulté majeure, que devront surmonter, étudiants et autorités du pays.
Oyhou Antoine ( Stagiaire)
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