C’est Laurent Gbagbo qui, lorsqu’il arriva à la tête de notre pays, raconta un jour à Gagnoa que le bon chasseur était celui qui ramenait le gibier au village.
Et de préciser que ceux de sa région qui avaient combattu Houphouët-Boigny avaient certes été des chasseurs, mais c’est lui, Gbagbo, qui avait réussi à avoir le pouvoir suprême.
C’était donc lui, le vrai grand chasseur. On peut donc dire aujourd’hui que le nouveau grand chasseur du Front Populaire Ivoirien (FPI) est… Maurice Kakou Guikahué.
Oui, plus fort que Laurent Gbagbo, il a réussi à amener le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), pieds et poings liés au FPI. Oui, nous avons vu Henri Konan Bédié, président du PDCI aller rencontrer Laurent Gbagbo en Belgique, pour le supplier de lui accorder son soutien en vue de son éventuel retour au pouvoir. Et il y a quelques jours, le FPI et le PDCI ont signé une alliance, qui n’est que le premier pas vers l’absorption du PDCI par le FPI.
Bien sûr, ils ont parlé de réconciliation, le mot qui justement est censé réconcilier tous les Ivoiriens.
Mais pour être crédible sur le champ de la réconciliation, chaque camp aurait certainement dû commencer par se réconcilier avec lui-même.
Par exemple les différentes branches du FPI d’une part, et d’autre part Bédié et les membres de son parti qui sont allés au RHDP. C’est là-bas qu’il y a des problèmes, et non au sein de la population ivoirienne. On nous annonce une tournée de réconciliation qui serait menée par le PDCI et le FPI. Qui, dans cette population ivoirienne a des problèmes avec qui, si ce n’est Laurent Gbagbo avec Simone et Affi Nguessan, et Bédié avec Alassane Ouattara et ses anciens suiveurs ?
En 2014, lorsque le président Alassane Ouattara a rendu visite à Bédié à Daoukro, un château d’eau avait été construit à Pèpressou, le village natal d’Henri Konan Bédié dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence (PPU). Une plaque avait été apposée sur la clôture de ce château d’eau. Depuis que M. Bédié est fâché avec M. Ouattara, cette plaque a été enlevée.
De même que celle qui indique l’avenue qui avait été baptisée du nom du président de la République à Daoukro et celle qui porte le nom de Madame Dominique Ouattara sur une place à la gare de la ville. J’ai beaucoup de mal à croire que Monsieur Bédié n’est pas informé de tout cela. Je crois que s’il voulait sérieusement parler de réconciliation entre Ivoiriens, il devrait veiller à ce que ces plaques soient remises à leurs places. Toute la population de Daoukro a vu ce que le président Ouattara a fait pour cette ville lors de sa visite de septembre 2014.
Tout cela a certainement contribué au fameux « appel de Daoukro » dans lequel Bédié appelait ses militants à soutenir la candidature de M. Ouattara en 2015. Il avait même offert un grand terrain au Président de la République et l’avait invité à y construire une résidence. Même si M. Bédié est aujourd’hui fâché, il y a un défaut que les Africains, et particulièrement les habitants de Daoukro, détestent par-dessus tout et qui s’appelle l’ingratitude.
Cela dit, il parait que les féticheurs du PDCI ont vu que toutes les étoiles et tous les astres se sont alignés pour la victoire de ce parti à la présidentielle d’octobre prochain. C’est en tout cas ce que le grand chasseur Guikahué a affirmé dans le Nouveau Réveil du samedi dernier. C’est certainement pour cela que le PDCI qui s’opposait violemment à ce que ses militants établissent leurs cartes d’identité les pousse maintenant à le faire le plus rapidement possible. Tant mieux ! Ils finiront par nommer quelqu’un à la Commission électorale indépendante (CEI) et nous avanceront.
Espérons simplement que la Covid-19 ne nous obligera pas à reporter l’élection présidentielle qui devrait voir la victoire du grand chasseur Guikahué. Car le grand vainqueur de cette alliance PDCI-FPI ne sera personne d’autre que lui. Qui a placé ses pions partout au sein de l’appareil du PDCI ? Qui serait le vice-président du Sphinx de Daoukro si par hasard il était élu président ?
Si Laurent Gbagbo ne revient pas pour participer à la présidentielle, envers qui le FPI divisé mais qui est en train de mettre la main sur le PDCI marquerait-il sa reconnaissance ? Et qui deviendrait le patron du PDCI si le Sphinx perdait ?
Ce serait évidemment le grand chasseur qui ferait alors la jonction entre le PDCI et le FPI. Et le tour aura été joué. Le « serpent » aurait enfin été tué.
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