Par Hervé Coulibaly | Connectionivoirienne
Le 28 mai 2020 la chambre d’appel de la CPI a prononcé la levée des restrictions aux déplacements qui étaient imposées à l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et à son ex-ministre Charles Blé Goudé de leur acquittement historique prononcée le 1er février 2019.
Mais à y regarder de près cette liberté d’aller et venir accordée aux deux Ivoiriens pourrait rapidement ressembler à un cadeau empoisonné, car d’un, accordée en pleine crise du coronavirus qui a vu plusieurs états de la planète fermer leurs frontières.
En plus de de la fermeture des frontières, les deux anciens bagnards de la CPI qui résident pour l’un en Belgique et pour l’autre au Pays-Bas, restent chacun frappés par respectivement 20 ans de prison dans leur pays d’origine, la Côte-d’Ivoire. Un deuxième problème.
A l’analyse, même en possession de leur liberté de mouvements, Gbagbo et Blé Goudé ne pourront pour l’immédiat aucunement oser se rendre dans leur pays d’origine, où ils risquent dès leur atterrissage de se faire conduire dans l’une des prisons du pays pour purger leurs peines respectives de 20 ans.
Dès lors se pose la question du où iront-ils ? Quel État est prêt à les recevoir en ces temps de covid-19, alors que la procédure contre eux est de façon formelle toujours encore pendante en Appel ?
Quelle compagnie aérienne serait prête à les transporter en Côte-d’Ivoire si les autorités actuelles s’opposaient à leur retour.
Nous nous rappelons que l’ancien Premier Ministre ivoirien, Soro Guillaume, ancien président de l’Assemblée nationale, avait été obligé de faire demi-tour en Europe en décembre dernier après que les autorités de la Côte-d’Ivoire, eurent émis un mandat d’arrêt international contre lui.
Un autre problème auxquels les deux ex-détenus de la CPI pourraient faire face, est celui au regard de leurs titres de séjour. Il est en effet connu que Blé Goudé et Laurent Gbagbo ne possèdent que des passeports de la République de Côte-d’Ivoire. Ils sont en effet des Ivoiriens de façon exclusive. Si Laurent Gbagbo peut faire prévaloir la présence de son fils et de sa seconde épouse en Belgique, la situation est plus complexe pour Blé Goudé qui possède un titre de séjour temporaire accordé par le Royaume des Pays-Bas. Que se passerait-il si ce titre de séjour obtenu avec le concours de la même CPI venait à expirer ?
Que se passerait-il si les passeports en leur possession venaient à expiration ? Seraient-ils renouvelés par la Côte-d’Ivoire ?
L’euphorie légitime qui a suivi l’annonce de la levée des restrictions hier pourrait donc rapidement faire place à la désillusion, pour un temps au moins. D’où l’impression de cadeau empoisonné, car désoramis livrés à eux-mêmes en temps de pandémie mondiale, sans la protection de la CPI.
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