Mamadou Koulibaly sur Twitter: « L’Euro a tué les entrepreneurs français, italiens et espagnols… », selon Charles Gave

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Mamadou Koulibaly sur Twitter
@M_Koulibaly

Charles Gave:  » La capacité d’une nation à rembourser ses dettes dépend des entrepreneurs qui créent de la valeur marchande.

Or l’€, ces 20 dernières années, a tué une majorité d’entrepreneurs Italiens, Français, Espagnols, et ceux qui restent sont sans doute en train d’agoniser. »

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Institut des libertés
@IdLibertes
Il va se passer quelque chose en Italie (et dans l’Europe du Sud). https://institutdeslibertes.org/il-va-se-passer-quelque-chose-en-italie-et-dans-leurope-du-sud/

25 May, 2020

Il va se passer quelque chose en Italie (et dans l’Europe du Sud).

Charles Gave

Que le lecteur veuille bien considérer le graphique suivant.

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En bleu, nous avons la production industrielle en Italie qui de 100 en 2000, au moment de l’arrivée de l’euro est aujourd’hui à 58.6. C’est-à-dire au niveau de1975.

Depuis 2000, l’Italie a donc perdu 41 % de son appareil industriel, tandis que la production industrielle allemande (que je ne montre pas sur le graphique) est montée de 11 % et que la croissance des deux indices de production industrielle a été exactement la même pour l’Allemagne et l’Italie de 1970 à 2000.

La raison de ce désastre ?

Regardez ce qui arrive à la ligne rouge, le taux de change entre l’Italie et l’Allemagne.

Comme les Italiens sont différents des allemands, sans doute plus créatifs mais moins bien organisés et que la gestion de l’état italien laisse à désirer, les entreprises italiennes ne s’en sortaient, et fort bien, que parce que la monnaie Italienne dévaluait constamment contre la monnaie allemande, passant de 100 à 1000 en l’espace de 30 ans.

La variable d’ajustement pour compenser la mauvaise gestion de l’Etat Italien était le taux de change.

Ce mouvement de dévaluation perpétuelle protégeait les entrepreneurs Italiens contre les turpitudes de leurs politiques, de leurs fonctionnaires et de la mafia, qui dans le fond étaient payées en lires tandis qu’eux, les entrepreneurs, étaient payés en DM.

Pour faire simple et caricatural, les entrepreneurs étaient payés en DM et la mafia administrativo -politique-criminelle prélevait sa livre de chair en Lire et comme ce genre de mafia est rarement tres efficace, elle mettait du temps à réajuster ses prix à la hausse pour suivre les dévaluations et toute était parfait dans le meilleur des mondes possible.

C’est ce que montre le deuxième graphique.

De 1978 à 2000, les entrepreneurs italiens (représentés par l’indice des actions de la Bourse de Milan) gagnent deux fois plus que les rentiers locaux (représentés par le rendement total d’une obligation a 10 ans Italienne) et donc le système est satisfaisant, la prise de risque est rémunérée. L ligne rouge représente le ratio au travers du temps de ces deux rentabilités, encore une fois base 100 en 2000..

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A partir de l’arrivée de l’Euro, largement soutenu par la mafia dont j’ai parlé plus haut qui s’était bien sûr acoquinée avec la mafia bruxelloise, renversement de tendance : depuis 2000, il a été trois plus rentable d’être un rentier membre de la mafia qu’un entrepreneur. Prendre des risques en Italie depuis cette date a donc été complètement idiot. Ce qui est logique. Dans le fond, l’Euro a été créée par une mafia unissant des fonctionnaires européens et nationaux pour pouvoir être payés en DM. Après tout, les concepteurs de l’Euro étaient tous des gens qui n’avaient travaillé que dans des structures étatiques et qui souffraient beaucoup de voir des gars beaucoup moins diplômés qu’eux gagner plus qu’eux. Voila l’un des rares problèmes que ces gens ont réussi à régler…

Pour l’instant, rien de nouveau dans votre analyse va me dire le lecteur fidèle.

Ça fait des années que vous nous racontez cela, ce qui est vrai, mais comme le dit toujours l’un de mes amis : ‘’dans la vie, on a le choix entre se répéter ou se contredire’’, et je suis plutôt du genre répéteur.

Mais un phénomène nouveau va sans doute se produire en Italie dans les mois qui viennent que je vais m’essayer à présenter comme la disparition totale des entrepreneurs en Italie et dans l’Europe du Sud.

Ayant côtoyé des entrepreneurs toute ma vie, il me va falloir décrire un peu le profil psychologique de cet animal curieux.

La caractéristique principale de ces personnages c’est l’ingéniosité et la ténacité. Ils vont déployer des trésors d’imagination pour pouvoir continuer à se battre jour après jour jour. Ils sont un peu comme la garde Impériale à Waterloo, « ils meurent (c’est eux qui ont l’une des espérances de vie les plus courtes) mais ne se rendent pas ».

Ce qui veut dire, que quand ils meurent, c’est en masse, tous touchés par le même cataclysme.

Nous avons déjà eu une première vague de décès de 2008 à 2012, quand la production industrielle italienne tomba de 100 à 75, soit -25 %, en quelques mois, condamnés à mort qu’ils furent par la grande crise financière qui tua tous ceux qui étaient endettés.
La deuxième vague vient de se produire, la production industrielle ayant déjà baissée de 32 % sur son plus haut récent, et nous n’avons pas encore les chiffres pour le PIB. Ont dû disparaitre une grande partie des survivants du premier carnage, puisque cette fois ci, c’est leur chiffre d’affaires qui a complétement disparu, alors que leurs fonds propres étaient faibles et les marges tres basses. Et nous allons voir les effets de ce désastre dans les mois qui viennent, sur l’emploi, les rentrées fiscales, la vie culturelle, les familles etc…

Mais ce que les observateurs financiers ne semblent pas comprendre c’est que la capacité d’une nation à rembourser ses dettes dépend presque exclusivement des entrepreneurs qui sont les seuls à créer de la valeur marchande.

Or l’euro, dans les vingt dernières années, a tué une grande majorité des entrepreneurs Italiens (et français et Espagnols) et ceux qui restaient sont sans doute en train d’agoniser.

Il est donc à peu près certain que l’Italie va faire faillite puisque les taux à 10 ans Italiens sont aux alentours de 2 % par an alors le PIB nominal va baisser au minimum de 4 % à 6% cette année. Si vous empruntez à + 2 % et que votre richesse baisse de 4 % en un an (mais en fait de 8 % puisque c’est le secteur privé qui peut rembourser la dette, et lui seul, et il fait à peu près 50 % du PIB), la ruine vous guette…ce n’est qu’une question de temps. La dette Italienne en pourcentage du PIB va monter d’au moins cinquante pour cent à 180 % du PIB dans les cinq ans qui viennent et la même chose va se produire pour la France et l’Espagne, qui sont exactement dans la même situation.

Et donc, nous sommes devant une alternative tres simple :

Ou bien l’Allemagne garantit toutes les dettes de l’Europe du Sud, ce que sa Constitution interdit et qui de toutes façons est trop gros pour elle
Ou bien l’Euro explose et disparait.
Réponse fin Aout, lorsque la Bundesbank rendra son rapport à la Cour Constitutionnelle Allemande. Et quant au nouveau plan Franco-Allemand, c’est bien entendu de la poudre aux yeux et dont tout le monde sait que c’est de la foutaise.

Conclusion

Faites des réserves de billets avant la fin août, on ne sait jamais.

Si l’Euro disparait, tous les billets en Euro risquent de ne pas être « égaux ». Un cinquante euros allemand risque de valoir plus qu’un cinquante euro Grec. Et je vous donne donc ci-dessous et à toute fins utiles le pays qui a émis votre billet en euro, la première lettre vous donnant le pays d’origine et donc où ce billet aura cours légal et pourra être échangé contre la nouvelle monnaie nationale le moment venu.

L – Finlande
N – Autriche
R – Luxembourg
S – Italie
T – Irlande
Y – Grèce
M – Portugal
P – Pays-Bas
U – France
V – Espagne
X – Allemagne
Z – Belgique

Moi, j’aurais tendance à faire mes réserves de billets avec L, A, N, R, P, X. Et à utiliser les billets commençant par S, M, U, V pour me faire des réserves de sucre, de pates, de chocolat, de boites de sardines et de riz. Utilisez donc les mauvais billets pour faire les courses, et gardez les bons dans votre matelas. Comme le dit la plus vieille loi économique, dite Loi de Gresham : La mauvaise monnaie chasse la bonne. Et comme il risque d’y avoir plein de mauvaises monnaies en Europe d’ici peu…

Auteur: Charles Gave
Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l’IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

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