Déclaration du Comité de veille Stratégique contre le Covid-19 relative au dé-confinement et ses conséquences.
Dé-confinement et ses conséquences: Allah n’est pas obligé
Le jeudi 14 Mai 2020, le gouvernement ivoirien, comme son homologue français la semaine d’avant, annonce le dé-confinement général en maintenant quelques mesures globales et surtout, en rappelant la litanie du jour à savoir, garder les mesures de distanciation sociale, se laver les mains et porter son masque. Cette décision, qui semble avoir été inspirée par la France comme toutes les autres d’ailleurs à quelques jours près, est tout simplement incompréhensible dans la forme comme le fond.
La décision de dé-confinement en Europe et dans de nombreux pays fait suite à plusieurs constats. Le premier reste que la maladie est désormais mieux connue et il semble indéniable qu’il faut faire avec au risque de complètement détruire les économies. Les mesures palliatives ont pour objectif de faire en sorte que l’activité reprenne en essayant de minimiser au maximum les contaminations et les décès. Dans le cas de L’Afrique, il semble que les prédictions macabres devront être revues en raison de facteurs qui limiteraient les dégâts de la maladie. Les traitements antipaludéens qui ont été administrés aux africains semblent être une des causes de la meilleure résistance des organismes africains. Ces deux facteurs expliqueraient alors les raisons objectives qui fondent la reprise de l’activité en Afrique, principalement en Côte d’Ivoire.
Cependant, une des grandes leçons que nous avons tirées de cette crise est que les solutions doivent tenir compte des contextes nationaux pour être efficaces. Le copier-coller ne devrait en aucun cas être la norme. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, il est évident que la précipitation et le manque de planification de cette reprise va coûter extrêmement cher au pays.
En effet, si nous prenons le timing de la décision et surtout le contexte social et économique du pays, il est clair que cette décision risque d’entraîner des conséquences graves pour le pays à court et moyen terme. Par exemple, la précipitation avec laquelle on a fixé la reprise des cours dans le secondaire et les universités sans préparer un moment de transition pour la prise en charge du contrôle des populations qui iront en masse vers l’intérieur, fait courir le risque d’une deuxième vague de contamination pour ces régions. Cela s’est vite vérifié puisque les centres de contrôle ont été pris d’assaut par les populations désireuses de reprendre leurs activités. Du coup, le gouvernement, qui devrait savoir qu’il n’avait pas les moyens effectifs de faire le contrôle préalable des personnes se déplaçant, fut obligé d’annoncer la fin des contrôles obligatoires. Ainsi, les populations confinées dans le Grand Abidjan depuis quelques semaines, pourront envahir l’intérieur du pays qui, pourtant, avait été déclaré indemne de toute contamination, depuis le 21 Avril 2020. La grande question reste donc de savoir pourquoi le gouvernement ne s’est pas donné un temps de une à deux semaines pour permettre une régulation des départs vers l’intérieur du pays ?
Ceci est d’autant plus important que la reprise des cours dans le secondaire en France ne peut pas être identique à celle de la Côte d’Ivoire. Les statistiques des classes ne sont pas les mêmes. En Côte d’Ivoire, la moyenne dans les classes du primaire au secondaire tourne autour de 75 à 80 élèves pour les plus optimistes. Il faut donc permettre la mise en place de mesures comme les suivantes :
Cibler prioritairement les classes d’examen notamment les CM2, les 3èmes et les Terminales
Fixer un objectif d’un élève par banc et repartir l’ensemble des élèves dans les autres classes de l’école. Pour ce faire, tous les enseignants de chaque école doivent être mobilisés pour donner les cours de rattrapage. Si le nombre de salles le permet, alors prévoir, au moins deux semaines après, le retour dans les classes des autres années avec le même dispositif. En cas d’impossibilité d’avoir tous les élèves dans le même temps dans l’école, alors, un programme d’alternance par classe devra être élaboré. A l’impossible nul n’étant tenu, il reste la troisième option de faire passer les élèves et écoliers en année supérieure tout en prévoyant au moins un mois de cours de rattrapage avant la reprise de l’année scolaire 2020-2021.
Pour les élèves et étudiants qui doivent reprendre parce qu’ils sont en année d’examen, il importe que le gouvernement mette à leur disposition des cartes de transport gratuit pour ceux qui sont à Abidjan pour alléger les charges des parents. Qui plus est, des contrôles continus complémentaires pourront servir de moyen d’évaluation afin qu’ils puissent passer en classe ou année supérieure.
L’allègement du curriculum pour permettre aux enseignants de se focaliser sur les thématiques les plus importantes est une exigence prioritaire. Cela suppose par conséquent que le personnel enseignant soit obligatoirement associé à toute cette procédure au risque de ne pas pouvoir obtenir les résultats planifiés.
Toute cette activité de planification, y compris la mise en place des dispositions nouvelles comme le lavage des mains et la distribution des masques aux écoliers présuppose un report à au moins début Juin la date du début de la session de rattrapage. Celle-ci devrait avoir un timing et un contenu harmonisé et homologué par le ministère pour permettre à l’ensemble des acteurs de l’école de faire les choses selon les règles centrales arrêtées.
Faire un nouveau calendrier qui fixera l’objectif ultime du début de l’année scolaire et universitaire 2020-2021 avec un contenu et un chronogramme précis.
Pour les entreprises et commerçants qui ont été frappés de plein fouet par cette crise, il importe de prendre les mesures concrètes suivantes :
Coordonner une identification objective des entreprises frappées ainsi que l’étendu des pertes, en collaboration étroite avec la Direction Générale des Impôts pour que celles-ci bénéficient vraiment des fonds dégagés par le Gouvernement.
Une communication moins opaque sur les fonds et leurs gestion bien que des Cabinets internationaux aient été commis à la tâche de contrôle.
Tirer les leçons au plan économique de cette crise pour planifier la réponse à moyen et long terme, secteur par secteur et ce, maintenant.
Les dernières heures que nous avons vécu depuis l’annonce par le Président Alassane Ouattara nous impose de revoir nos copies et de rester vigilant. Le gouvernement, ainsi que toutes les organisations sociales, politiques et économiques du pays, ne doit pas baisser la garde. Bien au contraire, c’est maintenant que le plus gros travail commence. Car en définitive, il faut privilégier la prévention. La deuxième Vague de contamination étant encore plus virulente que la première, il est crucial d’amener les populations à comprendre que le dé-confinement n’est pas une amnistie ou un vaccin contre le Covid-19. Et ce qui importe, reste de comprendre que rien ne devra désormais plus être comme avant et se préparer en connaissance de cause.
Nous sommes, à ce niveau donc, arrivés à un moment où chacun doit prendre ses responsabilités. La stratégie du Gouvernement nous met dans une position de responsabilité individuelle et collective. Individuelle parce que désormais chaque ivoirien ou habitant de ce pays doit savoir que la sécurité des autres dépends du respect par soi-même des mesures de prévention. Mais aussi, parce que, dans une société organisée, la survie dépends de l’intelligence collective qui anticipe les choses, prépare les individus à faire face aux adversités les plus inattendues et enfin, permet à a collectivité de développer des liens qui en feront une Nation.
Dans le cas de L’Afrique, si les prédictions de carnage n’ont pas été la résultante de l’exportation du virus des centres de contamination vers notre continent avec le sournois désir de voir les Africains mourir par millions, de nombreuses études admettent que cela est aussi le fait de l’utilisation des antipaludéens qui ont ainsi créés un socle non fertile pour le virus. Toutes ces données ne doivent pas nous empêcher de comprendre que nos réalités sont différentes et que nous devons continuer à être vigilant en faisant nôtres les mesures suivantes :
En dé-confinant, respectons strictement les mesures barrières
En dé-confinant, assurons-nous de faire les tests
En dé-confinant, portons toujours nos masques obligatoires
En dé-confinant, n’oublions pas de prendre la température frontale à l’entrée de lieux publics, transports et autres.
En dé-confinant, continuons la surveillance épidémiologique
Enfin, en dé-confinant, n’oublions surtout de dire à chacun qu’il est responsable de sa propre santé et de celle des autres parce qu’ «Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas»
Et c’est bien parce que Dieu nous a donné le Libre arbitre que nous devons l’exercer en tout temps pour faire des choix qui arrangent, non pas notre individu seulement, mais l’ensemble de la société.
Fait à Abidjan, Le 17 Mai 2020
Pour le CVS-Covid 2019
La Direction Exécutive
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