Par Gbansé, Douadé Alexis, journaliste
publié aujourd’hui à 8:47 heure d´Abidjan, actualisé à 12:17
Au moment où le déconfinement progressif semble devenu la règle dans plusieurs pays à travers le monde, il nous a semblé important de nous arrêter sur les conclusions de deux études, qui croisées, nous donnent quelques nouvelles pistes qui pourraient permettre de réduire encore plus les risques de contamination au covid-19, dans un espace clos, rassemblant plusieurs personnes.
La première étude intitulée ‘’Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2, as compared with SARS-CoV1, The New England Journal of Medicine, nejm.org May 14, 2020’’ [1] ,réalisée aux États-Unis d’Amérique , compare la stabilité [durée de vie] des particules des virus SARS-CoV-2 et SARS-CoV-1 sur différents types de surfaces et dans l’air. Les chercheurs américains arrivent à la conclusion, concernant l’air, que le virus du covid-19 pouvait rester jusqu’à 3 heures dans l’air avant de retomber au sol, dans un local clos et mal aéré.
La seconde étude que nous utilisons est écrite par SY, Kim YM, Yi S, Lee S, Na BJ, Kim CB, et collègues, et intitulée ‘’Coronavirus Disease Outbreak in Call Center, South Korea’’, publiée dans la revue ‘’Emerging infectious desease’’ [2], à paraître en août prochain. L’étude réalisée en Corée du sud, analyse les conditions de contamination de 94 employés sur les 216, d’un call center [centre d’appel], à Séoul. Selon les conclusions de cette étude, les contaminations des employés du call center étaient dues au fait que l’espace occupé par les bureaux situés au 11e étage d’un immeuble, était mal aéré. Une absence d’aération qui a eu pour conséquences que plusieurs jours durant, des employés avaient été exposés aux particules de virus restées suspendues dans les airs.
Comme déjà indiqué dans la première étude citée ici, les gouttelettes contenant des microparticules restaient suspendues dans l’air sur une période pouvant aller jusqu’à 3 heures.
Lieux mal aérés
Les conclusions croisées de ces deux études nous permettent d’affirmer que dans la période d’après confinement qui s’entrouvre dans le monde, et particulièrement en Côte-d’Ivoire, certains lieux généralement fermés, climatisés ou non, réunissant des dizaines de personnes, doivent être bien aérés et ventilés pour éviter que les particules dans l’air contaminent un grand nombre de personnes.
Nous pensons d´abord à la salle du Conseil des ministres, où plusieurs infections ont sûrement déjà dû se produire. Ensuite pêle-mêle, aux salles de classe, aux salons d’attente des banques, à certains services de l’administration publique, aux Amphithéâtres des Universités, aux halls d’attente des aéroports, aux cars de transport interurbain climatisés, aux bars et restaurants climatisés, mais particulièrement aux nombreux lieux de culte, églises, temples et mosquées, qui pourraient être des lieux de transmission rapide du corona virus.
En se basant sur les deux études, il ne fait aucun doute que les responsables des différents lieux précités pourraient protéger les usagers en se donnant les moyens de bien aérer ces lieux.
Cette mesure s’ajoute bien sûr aux autres mesures que nous connaissons déjà : distance de un mètre au moins entre les personnes, ne pas se serrer les mains, se laver ou se désinfecter les mains, ou encore l’obligation de porter des masques de protection.
Vénérer son Dieu à l’air libre
Les églises et mosquées réunissent des millions de personnes chaque semaine. Une approche encore plus efficace serait l’organisation des cultes en plein air, sous de grandes bâches ou tentes comme on en trouve durant de nombreuses cérémonies en Côte-d’Ivoire (funérailles, baptêmes, mariages etc.)
Ce choix significatif aura l’avantage de réduire de façon drastique les risques de contamination car comme l’indique une récente étude conduite par Stadnytskyi et collègues, ‘’The airborn lifetime of small speech droplets and their potential importance in SARS-CoV-2 transmission [3]’’, les gouttelettes infectées de virus SARS-CoV-2 ne proviennent pas seulement des toux ou des éternuements. Cette étude a démontré que le simple fait de proférer des paroles peut laisser plusieurs gouttelettes et aérosols contenant des particules du covid-19 s’échapper de la bouche.
La mise en œuvre des mesures proposées dans cette contribution devrait aider à ralentir la propagation du covid-19 en temps de déconfinement.
Références:
[1] Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2, as compared with SARS-CoV1, The New England Journal of Medicine, nejm.org on May 14, 2020
[2] SY, Kim YM, Yi S, Lee S, Na BJ, Kim CB, et collègues, Coronavirus Disease Outbreak in Call Center, South Korea, Emerging infectious desease, august 2020, https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/8/20-1274_article
[3] Stadnytskyi et collègues, The airborne lifetime of small speech droplets and their potential importance in SARS-CoV-2 transmission, https://www.pnas.org/content/early/2020/05/12/2006874117
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