«Pour le Tiers-monde, la recherche n’est pas un luxe. Elle constitue la première des conditions d’un développement maîtrisé localement…le jour où l’Afrique noire sera capable d’avoir une recherche fondamentale autonome…reprendra totalement confiance en ses propres capacités intellectuelles pour construire un système moderne de recherche, n’y aura-t-il pas des productions originales dont le monde entier profitera?»
Cette réflexion du Professeur Alain RUELLAN, ancien Directeur Général de l’Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération, révèle clairement la place prééminente que devrait occuper la recherche scientifique, dans la politique des gouvernements africains et de ce fait en Côte d’Ivoire. La recherche scientifique, dynamique susceptible d’impulser le développement économique, social et culturel des pays africains, devrait davantage faire partie des axes stratégiques prioritaires de l’État ivoirien, surtout en cette période où la crise sanitaire du COVID-19 secoue le monde entier.
En effet, cette effroyable pandémie a fait plier l’échine à de nombreux États à travers le monde, même les plus solides sur le plan économique et technologique, montrant ainsi la fragilité et les limites de bien de systèmes qualifiés pourtant de performants. Ces milliers de morts enregistrés en Europe, en Asie, en Amérique notamment aux États-Unis (la plus grande puissance mondiale avec le plus grand nombre de décès) du fait de cette pandémie, ainsi que les cas enregistrés chez nous, devraient interpeller les dirigeants de notre pays sur l’urgence du renforcement de notre système sanitaire, et la mise en place de moyens beaucoup plus significatifs dans la recherche scientifique et ce dans tous les domaines, pour venir facilement à bout d’éventuelles crises futures (sanitaires, sociales, environnementales ,etc.) et relever les défis du développement. Certes des efforts ont été faits , mais la recherche scientifique en Côte d’Ivoire, comme d’ailleurs dans de nombreux pays africains, n’a pas encore la place qui lui revient.
Aujourd’hui plus que jamais, Il faut une réelle volonté politique accompagnée de mesures appropriées et concrètes, pour booster et encourager véritablement la recherche scientifique en Côte d’Ivoire :
-Mise en place d’un système national de recherche et d’innovation structuré et performant (les orientations, les priorités, la programmation des investissements et les mécanismes d’évaluation des recherches…) ;
-Équipement et financement conséquent des Instituts, Centres de Recherche et Laboratoires (pour renforcer les capacités et améliorer la qualité de la recherche scientifique) ;
-Redynamisation des éditions du «Prix de la recherche scientifique et de l’innovation technologique» crée en octobre 1995, en vue de récompenser les Chercheurs et Enseignant-Chercheurs les plus méritants, dans différentes disciplines scientifiques (inciter à des recherches originales et novatrices) ;
-Revalorisation de la prime de recherche des Chercheurs et Enseignant-Chercheurs, pour motiver, inciter à la recherche et permettre une plus grande mobilité (l’actuelle prime de recherche étant encore dérisoire et en deçà des exigences et réalités de la recherche scientifique).
En somme, la Côte d’Ivoire, notre cher pays qui aspire à l’émergence, doit nécessairement mettre la recherche scientifique au rang des priorités, elle doit redonner à la science ses lettres de noblesse, pour ne pas être en contradiction avec ses aspirations et ambitions.
Le pays doit désormais, après avoir tiré toutes les leçons de la pandémie du COVID-19, miser encore plus sur la recherche scientifique et compter sur la valeur et la compétence de ses propres ressources humaines (les éminents Chercheurs et Enseignant-Chercheurs des Universités, Instituts et Centres de Recherche de Côte d’Ivoire toutes disciplines confondues), au lieu de continuer à attendre des «solutions importées» et souvent inadaptées à nos réalités.
Qui potest capere capiat!
Dr DJADOU Ané Armel
Enseignant-Chercheur en Communication
à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (UAO)
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