Par Omar Samson
Colère, indignation, frustration, tristesse, et rancœurs m’animent en ce moment même. C’est quoi ce putain de système où le nouveau fonctionnaire doit galérer longtemps avant de toucher son salaire ?
J’étais en plein cours d’anglais ce matin même lorsque j’ai appris le décès de notre ex-collègue Angui Godfriend Félix (ex-professeur bivalent d’anglais/EPS au CM Koikro dans la DRENET-FP d’Aboisso, issu de la promotion 2014-2016 de l’ENS) des suites d’une longue maladie.
J’ai pleuré à chaudes larmes devant mes élèves… Le pauvre collègue était tombé malade en se surpassant dans son travail, pour faire plaisir à ce système cruel, indifférent, et froid. Il a souffert, trainé cette maladie depuis longtemps. Il a tapé à toutes les portes. Elles lui sont restées hermétiquement fermées… Devant son frère impuissant, fatigué et résigné, Angui a rendu l’âme hier au Chu de Cocody d’Abidjan … Il est dans l’attente de son rappel prévu certainement en janvier.
Mais pourquoi ?? Pourquoi après tant de souffrances ? Pourquoi au moment où l’on est si près du but ultime ? Pourquoi un fonctionnaire doit-il attendre plus d’un an pour toucher ne serait-ce qu’un salaire ? Nos collègues instituteurs c’est 1, 2, 3 ans et parfois même plus.
Et pourtant il travaille pendant ce temps. Mais, comment vit-il? Comment se nourrit-il? Comment s’habille-t-il ? Comment se déplace-t-il? COMMENT SE SOIGNE-T-IL??? Ce n’est pas leur problème. Ce qui compte à leurs yeux, c’est ton assiduité au travail, ta ponctualité, ton dévouement et ta subordination jusqu’à l’insupportable. Le « comment », ils n’en ont cure…
Angui Godfriend Félix est mort par leur faute. Un très bon gars sans histoires. Il ne serait pas mort s’il percevait son salaire pour le boulot qui l’a rendu malade. Et maintenant qu’il est parti ? À quoi serviront ces millions qu’on lui devait et qui auraient pu lui sauver la vie ?? Pourquoi travaille-t-on alors ?
Je continue de pleurer… D’autres comme lui attendent dans le couloir de la mort, espérant jusqu’au bout que la grâce leur tombe dessus en lieu et place du coup de grâce. Certes, certains ont commencé à être servis de leur part du miel. Mais la très large majorité est encore en attente, « en cours de traitement » ou « adressé au contrôle financier » depuis trop longtemps dans ce gros essaim d’abeilles.
Jusqu’à quand ? Jusqu’au prochain qui passera de vie à trépas ? Pourquoi ? La méchanceté, l’égoïsme et l’indifférence des gens… Trop triste quoi !
Et après des gens viendront avec leurs putains de délire de conscience professionnelle, la probité morale et tout le blablabla qui va avec pour nous saouler. Il s’est saigné avec le peu d’argent qu’il avait et n’ayant plus de moyens il se soignait avec les médicaments chinois jusqu’à ce que sa situation se dégrade, c’est quoi toute cette histoire de merde. Et tenez-vous bien de 2014-jusqu’à ce jour nous avons perdu 5 professeurs qui n’ont même pas pu toucher leurs rappels.
Si nous autres on n’a décidé de ne pas aller à l’aventure comme nos frères qui se font maltraités en Libye et d’autres qui meurent en mer, et que on n’a décidé de servir l’État, il faut que le système, l’État de Ci corrige cette injustice qui ne fait que tuer les fonctionnaires de Côte-d’Ivoire, car trop c’est trop.
En clair, nous sommes tous des MORTS EN SURSIS.
Mes sincères condoléances à sa famille e à tous ces collègues d’ENS de la promotion 2014-2016. Vivement que cette injustice soit réparée.
MON COLLÈGUE AFFECTÉ EN 2011 AU LYCÉE D AGBOVILLE EN A ÉTÉ VICTIME D’OÙ LE PARTAGE.
J’ai remis ce texte qui ne cesse d’être à jour dans cette situation difficile pour les nouveaux fonctionnaires.
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