Y a-t-il assez de places pour parquer tous les avions pollueurs cloués au sol par le covid-19 ?

C’est la cohue dans les aéroports européens. Non pas dans les terminaux, puisqu’ils sont quasi déserts, les voyageurs se faisant bien rares en ces temps de confinement, mais sur les tarmacs où les avions tentent de trouver de la place pour se parquer. Et attendre le jour où ils pourront reprendre les airs…

Comme tous les modes de transports, le secteur aérien européen est en veille depuis les mesures prises pour tenter de juguler la propagation du Covid-19 sur le Vieux Continent. Pour saisir l’ampleur du phénomène, Eurocontrol, l’Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, nous a indiqué avoir enregistré sur sa zone de compétence 3 352 vols le dimanche 29 mars. En 2019, à la même période soit le dimanche 31 mars, les vols comptabilisés étaient de 27 822. Ce qui correspond à une baisse de 88%, avec 24 470 vols de moins !

Depuis le début de la crise, pratiquement tous les aéroports européens se retrouvent donc avec de très nombreux avions cloués au sol. Jamais, une situation d’une telle ampleur ne s’était produite. Même en 2010, lors de l’ éruption du volcan islandais Eyjafjöll, le ciel européen n’avait pas été impacté par une telle réduction du trafic aérien.

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Pour les compagnies, trouver de la place pour leurs avions au sol va devenir une tâche de plus en plus ardue. Air France, contacté par Euronews, indique que plus d’une centaine d’appareils, sur une flotte de 300, sont ainsi maintenus à l’arrêt dans les aéroports de Roissy CDG, d’Orly, de Vatry et de Toulouse Blagnac.

La compagnie allemande Lufhansa nous a, elle, expliqué que 270 avions exploités en son nom propre, ou par SWISS et Eurowings faisant partie du même groupe, étaient encore en exploitation pour mener des opérations de rapatriement de touristes bloqués à l’étranger.

Mais des centaines d’autres sont déjà immobilisés au sol dans ses principaux hubs en Allemagne comme à Munich, Francfort ou à Berlin-Schönefeld. D’autres appareils de Lufhansa ont été également parqués en France et au Portugal. Concernant ses filiales d’Austrian Airline et de Brussels Airlines, tous les avions de ces deux compagnies ne volent plus, parqués en Autriche, principalement à Schwechat (l’aéroport international de Vienne). Même chose en Belgique.

Easyjet, qui a récemment annoncé la suspension de tous ces vols jusqu’à nouvel ordre, va normalement répartir ses 330 appareils sur les 29 bases dont dispose la compagnie low cost en Europe. Enfin, British Airways a envoyé une grosse partie de sa flotte stationnée sur l’aéroport de Bornemouth.

Ces exemples ne représentent qu’une partie de ce qui se joue actuellement en Europe. De nombreuses vidéos et clichés attestent de la situation dans les aéroports, où les zones de parking et les taxiways (les voies de circulation entre les zones d’arrêt et les pistes de décollage) sont de plus en plus encombrés.
La situation est aussi identique à Dubaï
Le Vieux Continent n’est pas le seul concerné par la réduction des vols due à la pandémie de Covid-19. Aux Etats-Unis aussi, les pistes s’emplissent chaque jour un peu plus d’avions mis au chômage technique. Des aéroports de moindre importance ou des lieux qui ne sont jamais utilisés en temps normal (cf photo ci-dessous) sont donc mis à contribution.

En Asie, Korea Airlines a confirmé à Euronews que plus de 90% de sa flotte, soit 145 avions étaient actuellement hors service, parqués dans les aéroports sud-coréens.

Parquer les avions ailleurs que sur les sites aéroportuaires ?

Le conseil international des aéroports (ACI), qui fédère les sociétés aéroportuaires mondiales, a expliqué dans un document mis en ligne il y a quelques jours que si « tous les avions qui se trouvent au sol sont bien stationnés, les places de parking sont toutefois limitées » dans les aéroports. En prenant contact avec la délégation européenne de l’ACI, cette dernière nous a assuré que « des solutions à long terme existaient pour le stationnement des avions, en dehors des aéroports eux-mêmes ».

Notre interlocuteur a, en outre ajouté, que les aéroports sont également sévèrement touchés par la pandémie en précisant que « environ 80 % des coûts d’un aéroport sont des coûts fixes, et beaucoup ont dû prendre des mesures drastiques pour réduire les coûts et rester ouverts. Certains ont dû fermer complètement ». Le second aéroport français, Paris-Orly, a ainsi baissé le rideau ce mardi soir, fermant ses portes pour une durée indéterminée.
Quels coûts pour les compagnies ?

Maintenir des avions au sol n’est pas gratuit. Des opérations de maintenance doivent bien sûr être effectuées pour que les appareils puissent reprendre le service. Sur ce point, les scénarios tablent sur un retour à la normale vers octobre 2020, même si les projections envisagées font encore état d’un trafic inférieur par rapport à la même période l’année dernière.

Pour les compagnies, les avions non utilisés ne permettent pas de faire entrer de l’argent dans les caisses. Leur situation financière se compliquera jour après jour. Le Covid-19 représente un risque réel pour de nombreuses compagnies aériennes, surtout pour celles qui doivent faire face aux paiements en plusieurs tranches de leur appareils. En France, la nationalisation d’Air France a été évoquée pour permettre à la compagnie de résister à la crise.

Par Vincent Coste
Euronews

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