Dans la gestion du covid-19, la France et la Côte d’Ivoire sont décidément sur la même longueur d’onde.
Dans son discours à la nation le lundi 13 avril 2020, Emmanuel Macron a annoncé la reprise progressive des cours en France pour le lundi 11 mai.
Les débats franco-français font maintenant rage sur les dispositions à prendre (désinfection, port du masque…) pour tenir ce pari.
Cela n’est pas la préoccupation des autorités ivoiriennes.
Leur souci, la reprise des cours que le Conseil des ministres du mercredi 15 mercredi avril a bien entendu. Et elle aura aussi lieu, en Côte d’Ivoire, le lundi 18 mai, soit une semaine plus tard.
Ainsi, entre l’ancienne métropole et l’ex-colonie, le cordon ombilical est loin d’être rompu. Comme les Ivoiriens le disaient, c’est « Ton pied, mon pied ». Et l’exécution des mesures contre le coronavirus est venue encore soulever le couvercle de la relation du cheval et du cavalier.
Ainsi, les deux pays ont défendu, bec et ongle, que les équipements de protection devaient être réservés au personnel hospitalier et aux malades; le reste de la population devant uniquement respecter les gestes barrières. Mais il a fallu que la France, le 7 avril, effectue un virage à 180° pour que la Côte d’Ivoire fasse aussitôt volte-face: le port du masque est obligatoire.
Il en fut de même pour l’utilisation de la chloroquine que défendait Dr Didier Raoult dans le protocole thérapeutique des malades. La Côte d’Ivoire a attendu le feu vert de la France, le 23 mars, pour enfin se déterminer, par arrêté ministériel, à appliquer cette molécule aux malades.
En moins de deux mois, le Covid-19 est venu traduire l’indépendance en pointillé de nombre d’États africains. Au grand dam d’un groupe d’intellectuels du monde (Africains, Français, États-uniens, Brésiliens…) conduits par le Nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature en 1986.
Leur cri de cœur, qui maquille leur dégoût, rappelle la bataille toujours actuelle des Bernard Dadié, Frantz Fanon, Cheikh Hamidou Kane, Aimé Césaire et autres Ahmadou Kourouma, Mongo Beti… contre la colonisation blanche bien toujours présente.
« Il s’agit pour l’Afrique, protestent ces intellectuels, de retrouver la liberté intellectuelle et la capacité de créer sans lesquelles aucune souveraineté n’est envisageable. De rompre avec la sous-traitance de nos prérogatives souveraines, de renouer avec les configurations locales, de sortir de l’imitation stérile, d’adapter la science, la technique et les programmes de recherche à nos contextes historiques et sociaux, de penser nos institutions en fonction de nos communes singularités et de ce que nous avons de penser la gouvernance inclusive, le développement endogène, de créer de la valeur en Afrique afin de diminuer notre dépendance systématique. (…) Nous n’avons pas le choix: nous devons changer de cap. Il est plus que temps ». Prêchent-ils dans le désert soixante ans après des indépendances africaines factices!?
F. M. Bally
Commentaires Facebook