Propos recueillis par Alerte Info
Abidjan, 12 avril 2020 – 11h41 TU [Alerte info]- Le premier secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Martial Ahipeaud, a affirmé qu’un ancien responsable du principal syndicat estudiantin pourrait devenir président de la République, expliquant que les ex-fescistes “font partie intégrante de la nouvelle génération’’ à laquelle le chef de l’Etat Alassane souhaite transmettre le pouvoir, dans une interview à ALERTE INFO dimanche.
Au lancement de l’UNAFESCI en novembre 2018, vous indiquiez que l’Union était “apolitique’’ et visait uniquement la “solidarité’’ entre ses membres. Mais on vous voit sur un terrain beaucoup plus politique. Vous avez été reçus par le président du PDCI Henri Konan Bédié en février 2019. Tout récemment, vous avez été reçu par la représentante de l’Union africaine en Côte d’Ivoire…
Merci pour cette opportunité que vous me donnez pour une adresse à vos lecteurs et au-delà, à la Côte d’Ivoire entière. Le monde traverse une situation absolument déroutante et nous sommes en alerte maximale pour que cette lutte contre le Coronavirus soit prise au sérieux dans notre pays. Nous sommes déjà dans une dynamique inquiétante en Côte d’Ivoire avec ces chiffres exponentiels comme ce fut le cas en Italie. Nous sommes très inquiets devant la défaillance du gouvernement de prendre les mesures efficaces, sinon la violation de ses propres directives par les plus hautes autorités de ce pays. Pour vous dire que L’Unafesci reste une ONG qui regroupe les anciens fescistes qui sont repartis dans toutes les organisations politiques et sociales du pays. Par conséquent, nous ne faisons pas de politique. Cependant, nous travaillons pour la réconciliation et la cohésion nationale principalement et enfin la solidarité entre nous. C’est dans ce cadre que les visites de courtoisie, de demande de pardon et surtout d’invitation à la prise en compte des appels du peuple ivoirien à la paix doivent être entendus par tous. Voilà le sens de notre démarche vers les anciens, tout comme les amis du G90 comme Hamed Bakayoko auprès de qui nous étions jusqu’à Séguéla pour l’enterrement de son père.
Vous aviez annoncé une rencontre entre l’UNAFESCI et le chef de l’Etat Alassane Ouattara…
Nous avons été reçus par le secrétaire général de la présidence, le ministre Patrick Achi. Il nous avait promis que le président de la République nous reviendrait incessamment. Certainement les agendas sont chargés. Donc nous attendons.
Quels vos rapports avec vos camarades de l’amicale des anciens de la FESCI pour le RHDP (2A FESCI-RHDP) dirigée au départ par Drigoné Bi Faustin dit Faya mais depuis mars par Adjara Sangaré ?
On n’a pas de problème avec eux. Nous sommes leurs pères.
Damana Pickass, Kamoko Yayoro et le ministre Konaté Sidiki sont-ils membres de l’UNAFESCI ?
Karamoko Yayoro est vice-président de notre Union. Konaté Sidiki a été un des camarades qui a financé l’assemblée générale constitutive. Et nous échangeons constamment lorsque les occasions se présentent. Ses occupations ministérielles ne lui permettent pas vraiment d’être disponible. Pickass est en exil.
On entend souvent que l’UNAFESCI a été récupérée politiquement par Guillaume Soro qui entretiendrait financièrement plusieurs membres et veut utiliser l’union dans la perspective de la présidentielle d’octobre.
Je vais faire comme si cette question ne m’est pas adressée. Comme je ne m’y reconnais pas. Sinon tous les anciens savent que notre composition ne permettrait à aucun d’entre nous de manipuler qui que ce soit. Je crois que les fescistes choisissent leurs combats et les mènent. Personne ne peut prétendre les avoir manipulés ou le faire. Ce serait se tromper sur la nature intrinsèque de ces militants intrépides et vigilants.
Le 26 décembre dernier, après le retour avorté de Guilluame Soro à Abidjan, vous aviez produit un communiqué qui cachait mal votre soutien à l’ancien président de l’Assemblée nationale…
Quand nous sommes allés aux obsèques du papa de notre ami et frère Hamed Bakayoko, nous avons appliqué le principe de la solidarité générationnelle dans le cadre du G90. Cet instrument non encore structuré de solidarité et d’entraide entre les meecistes et les fescistes de la génération du retour au pluralisme. La solidarité n’est pas négociable et ne se fait pas à la tête du client. Cela ne veut pas dire que nous étions des Bakayokoistes. Tout comme des Soroistes. Un des nôtres à des incompréhensions avec son père. Nous ne pouvons que le soutenir tout en rappelant aux uns et aux autres que nous sommes ici dans un cadre familial. La sagesse africaine dit que malgré que la langue est mordue par les dents, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils sont ensemble. Donc, que des solutions devront être trouvées. Voilà notre position. On vient de loin et on ne veut pas retourner en arrière.
Le chef de l’Etat a récemment annoncé qu’il ne se présenterait pas pour un 3e mandat. Il a souhaité passer le relais à une nouvelle génération. Est-ce que cette nouvelle génération pourrait-elle être incarnée par des anciens fescistes comme Guillaume Soro, Charles Blé Goudé ou vous-même Martial Ahipeaud ?
Il faut féliciter l’acte fort du président Ouattara qui, par là, a dérouté partenaires et adversaires. Il a montré son sens de la haute stratégie et cela il faut le saluer. Les anciens fescistes font partie intégrante de la nouvelle génération puisqu’ils sont justes après les ainés qui ont été ceux qui ont travaillés avec le Père Félix Houphouet-Boigny.
Plusieurs sources affirment que, dans les années 1990, les dirigeants de la Fesci ont conclu un pacte, jurant de soutenir celui qui, parmi eux, serait le plus à même d’accéder un jour à la magistrature suprême…
Je ne crois pas à cette affabulation. Cependant, c’est dans notre être de penser qu’un jour, un des nôtres pourrait accéder à la magistrature suprême. Pour le moment, L’Unafesci se bat pour que la majorité des anciens fescistes entrent dans la République. Le bilan est absolument négatif en la matière même si nombreux sont les cadres fescistes présents dans toutes les sphères de la vie sociale, économique, politique et culturelle. Je suis réaliste et pragmatique. Je suis optimiste mais pas naïf.
Serge Alain KOFFI
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